Qu’est que je veux devenir plus tard? Je ne sais pas. Je ne l’ai jamais su. À trente ans, je peux enfin dire que je m’en fous! Je veux être plusieurs choses à la fois et grâce à mon parcours scolaire et professionnel atypique, je le peux.
Ne pas savoir ce que je voulais faire…
Je voulais devenir artiste peintre, puis dessinatrice de mode, puis comédienne. Improvisation, théâtre, animation du spectacle de fin d’année, tout ce qui touchait au théâtre, j’y étais. J’ai aussi voulu devenir chanteuse d’opéra, ayant 11 ans de chant classique en poche. Malheureusement, il n’existait pas de programme musique-théâtre-études au cégep (ils l’ont créé à la fin de mon cursus, je l’ai encore au travers de la gorge). J’ai fait le programme de communication et théâtre, j’ai adoré! Malheureusement, le manque de confiance m’a fait craquer. Un manque de confiance nourri par un amour toxique. Même si les arts me faisaient vibrer, je me suis plutôt dirigée vers l’enseignement du français. Trouvez le lien.
Vouloir tout savoir
Bref, je ne savais pas sur quel pied danser. Je regardais tous les programmes qui s’offraient à moi et je voulais tous les faire. Je suis curieuse, touche-à-tout : un jour j’avais envie d’étudier l’édition, l’autre jour je voulais me spécialiser en orthophonie. Surtout, je me demandais si je devais faire un programme qui m’offrait l’assurance d’avoir un emploi une fois diplômée, ou si j’y allais pour un programme qui m’intéressait vraiment. Le problème? Je ne voulais pas me cantonner au bac en enseignement et n’avoir que l’enseignement comme objectif de carrière. Je n’avais pas envie de faire des cours de pédagogie ni de suivre un cursus strict à temps plein. J’y suis donc allée pour une combinaison qui ressemblait au bac en enseignement du français, sans la pédagogie : linguistique et littérature.
Pelleter des nuages
J’ai adoré la linguistique avec son analyse scientifique du langage, l’histoire du français, les cours diversifiés en anthropologie, en traduction ou en édition. Je touchais à tout. Tantôt je voulais devenir historienne, tantôt anthropologue, tantôt éditrice. Puis la littérature m’a redonné l’amour des mots. Avec mes cours de poésie et de création littéraire, j’ai perfectionné mon écriture, j’ai découvert la renaissance et son écriture philosophique, la poésie et sa perfection technique. Rien n’arrive pour rien. Mon ancienne vie d’artiste avait fait place à une nouvelle passion, les langues.
J’ai ensuite fait une mineure en études classiques, profil langues. J’y ai appris le latin et le grec ancien. C’est là que ma compréhension du français a explosé. Je saisissais enfin les subtilités d’une langue qui semble illogique pour certains, mais qui est surtout riche et porteuse d’histoires. Ma maîtrise en didactique, quant à elle, est venue solidifier le tout. Mon bac, ma mineure, tout prenait du sens.
Vouloir tout faire
Toutefois, j’ai eu des regrets. Des remises en question : j’aurais dû faire le bac en enseignement. Ou le bac en orthophonie. Ou le bac en orthopédagogie. Peut-être en traduction finalement? Ou en communication…
Mais qui ne se remet pas en question? Une fois les études finies, c’est peut-être normal finalement de se demander si ces trois, quatre, sept années en ont valu la peine?
Communication, théâtre, journalisme, phonétiques, anthropologie linguistique, linguistique historique, édition, traduction, rédaction, création littéraire, essais et poésie, grec ancien et latin, didactique, enseignement d’une langue seconde… tous ces cours ont ouvert la voie à une multitude de possibilités. Ce parcours varié impressionnait, intriguait. Il a développé ma logique, ma réflexion, ma compréhension du langage et des difficultés qui y sont reliées. Aujourd’hui, je vois tout le bagage que je porte, grâce à ce parcours et je me dis enfin : j’avais raison. C’était exactement ce qu’il me fallait, malgré les difficultés que peut amener un parcours en pelletage de nuages.
Je me reconnais beaucoup dans ta réflexion! Inscription au DEC/BAC en informatique… lâché après une demi-session. Deux sessions houleuses en sciences humaines, avec puis sans maths. Un DEC en Arts et lettres, puis un bacc en Études littéraires parsemé de grèves (merci, l’UQAM!) qui m’ont fait grandir en tant que citoyenne.
Souhaitant demeurer près des livres, mais aussi payer mes factures, je me suis inscrite à la maîtrise en Sciences de l’information pour devenir bibliothécaire. Dès la première session, je réoriente ma spécialisation: c’est plutôt la gestion électronique des documents qui m’interpelle. Eh ben!
Je termine les études, je travaille 5 ans dans une grande entreprise. Je fais bien mon travail et je paie mes factures, oui, mais je ne m’épanouis pas.
L’été dernier, je démissionne et je m’inscris au certificat de Rédaction professionnelle.
Ma passion, c’est l’écriture, les mots, les textes. Je me sens enfin à ma place, sur mon X, épanouie.
En même temps, mes études et mon expérience professionnelle m’ont inculqué esprit d’analyse, techniques de travail efficaces, esprit de synthèse, souci de clarté et de vulgarisation, souci du client, moyens variés de communication, compréhension d’enjeux, assurance, autonomie, discipline…
Bref, je ne regrette rien et je conclus comme toi: « Aujourd’hui, je vois tout le bagage que je porte, grâce à ce parcours et je me dis enfin : j’avais raison. » 🙂