Dans les médias sociaux, le discours sur les personnes ayant un TSA (Trouble du spectre autistique), est souvent péjoratif. On y aborde surtout les difficultés que ces personnes vivent au quotidien. Toutefois, si la condition que vit une personne autiste doit être prise en compte, il en va de même pour ses capacités et son potentiel. C’est le cas pour toute personne en recherche d’emploi et d’autonomie.
Si au Québec, on encourage « l’acceptation de la différence », ainsi que la visibilité des personnes handicapées, il y a encore du chemin à faire. Des organismes d’encadrement existent, mais il faut aussi d’une autre part, améliorer la compréhension de la neurodiversité au public. En parcourant le blogue d’Aime ta Marque, ma fibre militante a été éveillée mais également mon envie de partager ma réalité de femme autiste qui tente de faire sa place dans un monde ou la plupart des gens ne savent pas ce que cela implique.
Les autismes et la neurodiversité
Si l’on veut favoriser une bonne visibilité des personnes autistes dans le milieu du travail, il est important de comprendre le concept de neurodiversité. Il s’agit de la reconnaissance de la variété des fonctionnements neurologiques de l’ensemble de la population : « Cette approche cherche à démédicaliser les pathologies dites mentales en célébrant la diversité des modes de pensée » (Brigitte Chamak, 2015).
Il n’existe en effet pas une seule définition de l’autisme, qui se décline en plusieurs catégories. En revanche, il suffit de regarder sur internet deux sites différents portant sur l’autisme pour voir que les spécialistes ne s’entendent pas toujours sur les traits autistiques. Il faut insister que chaque personne autiste a une histoire de vie, ainsi que des traits qui lui sont propres. Il faut le dire et le redire : Il y a autant d’autismes que d’autistes.
Je trouve personnellement que l’on insiste beaucoup à décrire les symptômes (difficultés sociales, intérêts restreints) plutôt que le fonctionnement autistique. Dans l’essai intitulé L’autisme expliqué aux non-autistes (Harrison et Saint-Charles, 2017), on explique que le cerveau autiste est « manuel », c’est-à-dire que chaque information est traitée individuellement et consciemment. Le cerveau neurotypique fonctionnerait « à l’automatique », les informations peuvent rentrer de manière fluide, consciemment ou non.
Un cerveau manuel peut demander beaucoup d’efforts, mais ce fonctionnement n’occasionne pas uniquement des difficultés. Il faut le voir comme une variante. Avec un cerveau manuel, certains traits associés tels que l’attention aux détails illustrent bien les capacités possibles.
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Autisme et emploi : l’errance
Il reste que l’on rapporte souvent que plusieurs personnes autistes ont des difficultés à trouver et à maintenir un emploi. Faute d’encadrement convenable, il arrive que certaines d’entre elles aient du mal à choisir un métier ou un champ d’études qui leur convient. Elles se retrouvent alors dans une errance sur le plan professionnel.
Pour ma part, je me suis demandé longtemps pourquoi je ne gardais jamais un emploi plus de trois mois et pourquoi j’avais autant de difficultés à accomplir quelques tâches, alors que je pouvais être très compétente dans certaines d’entre elles.
De plus en plus de personnes autistes reçoivent un diagnostic tardif (j’ai reçu le mien à 24 ans). Conséquemment, c’est souvent à partir de ce diagnostic que celles-ci ont une meilleure compréhension de leur condition et peuvent alors faire les démarches pour bénéficier d’un encadrement. Malheureusement, l’errance diagnostique est aussi un fait; beaucoup de personnes (surtout les femmes) se retrouvent avec un diagnostic de trouble de l’humeur ou de la personnalité alors qu’elles sont autistes.
L’encadrement de la recherche d’emploi
Au Québec, il existe quelques groupes et organismes ayant pour objectif d’intégrer les personnes autistes sur le marché du travail. Autisme sans Limites et le Projet d’intégration Autismopolis proposent notamment des activités de groupe, ainsi qu’un encadrement de préparation à l’emploi ou de retour aux études.
Travailler à son propre compte est une solution possible. On peut décider de notre horaire, notre temps d’implication ainsi que de l’environnement dans lequel nous désirons travailler. La personne qui fait du travail autonome peut également choisir sa clientèle, ce qui est un gros avantage. En contrepartie, cela demande beaucoup de planification et d’initiative. Bien que le travail autonome ne soit pas couvert par la CSST, il est possible d’obtenir une protection personnelle. Le site de la Fédération Québécoise de l’Autisme possède une plateforme pour les travailleurs autonomes autistes afin d’améliorer leur visibilité. Le site contient d’ailleurs une liste de ressources selon la région, ainsi que de la documentation sur l’autisme.
D’autres organismes tels qu’Action Main d’œuvre, ou Prêts, disponibles et capables étendent leurs services pour les personnes présentant des limitations physiques ou cognitives, avec une représentation importante des personnes autistes.
En somme, bien que plusieurs groupes et organismes ont pour objectif d’améliorer l’intégration des personnes autistes dans la société, l’approche de l’autisme est malheureusement trop souvent réduite à un « trouble » plutôt qu’à une variante, ce qui peut nuire à leur visibilité. Même si ces personnes peuvent bénéficier d’un encadrement en raison de leur condition, il est nécessaire de montrer l’autisme comme une partie de la diversité humaine et de favoriser la tolérance et le respect à leur égard.
Quel bel article! À quand un portrait d’une professionnelle TSA ?
Super bonne idée, Anne-Laurie! Définitivement quelque chose à explorer!