L’arrivée des IA génératives a bouleversé nos manières de travailler et de créer.
Comme à chaque fois qu’une nouvelle grande technologie apparaît, le monde du travail se transforme et s’adapte, faisant craindre à certains la disparition de leur métier. Pour les entrepreneurs, solopreneurs et consultants, ce changement peut chambouler totalement un modèle d’affaires, sans compter ses revenus.
Loin d’être effrayée par l’arrivée de l’IA dans son domaine, Manon Verbeke, designer graphique indépendante depuis 2013, a choisi au contraire de l’intégrer pleinement dans son travail de création.
Aujourd’hui, nous explorons ensemble les différentes facettes de cette technologie révolutionnaire et comment elle peut transformer le domaine du design graphique pour le mieux.
Dans cet épisode, on discute notamment de :
- Comment Manon Verbeke a décidé de faire de l’IA son alliée et tirer parti de sa capacité en design graphique.
- Son choix d’outil IA pour la création graphique et ses avantages par rapport à d’autres.
- Ce qu’il faut comprendre du design visuel pour bien utiliser les outils d’IA.
- Les caractéristiques d’une bonne image générée par IA.
- L’avantage concurrentiel d’utiliser l’IA dans son identité de marque pour les indépendants et petites entreprises.
À propos de Manon Verbeke
Manon Verbeke est designer indépendante et créatrice de contenu depuis 2013. Elle aide les solopreneur·es à déployer leur identité visuelle, avec ses prestations et ses formations. Elle travaille avec des outils comme Canva ou les IA génératives. Un peu nerd, pas mal amoureuse d’automatisation, et maman de 2, avec elle le design devient simple ET bénéfique pour les affaires.
Son objectif ? Rendre mémorables les solopreneur·es d’exception grâce à des identités & des visuels uniques.
Cet épisode est une invitation à réfléchir à l’impact de l’IA sur notre manière de créer et de concevoir. Souvent vu comme un outil de productivité, Manon nous dévoile une autre facette de l’IA et comment elle peut aider les entrepreneures à se démarquer visuellement tout en soutenant leur identité de marque.
Mentionné dans cet épisode :
- Le site web de Manon Verbeke pour découvrir ses services
- Les liens pour la retrouver sur Instagram et LinkedIn
- Abonne-toi à L’Ambition au Féminin sur Apple Podcasts ou Spotify.
Ne manque aucun épisode de L’Ambition au Féminin!
Inscris-toi pour recevoir un rappel par courriel à chaque nouvel épisode.
Transcription de l’épisode 177
Ep. 177 : IA générative et design graphique avec Manon Verbeke
Tatiana St-Louis [00:00:00]:
Vous écoutez l’Ambition au Féminin épisode 177 et aujourd’hui on parle d’intelligence artificielle générative et de design graphique avec Manon Verbeke.
Tatiana St-Louis [00:00:12]:
Mon nom est Tatiana St-Louis et j’anime l’Ambition au Féminin, un podcast pour toutes les femmes pleines de vision, de talent et de drive qui désirent redéfinir le succès selon LEURS termes et LEURS conditions. Chaque semaine, j’explore seule ou en présence d’invités les thèmes entourant la réussite professionnelle et personnelle. Mindset, productivité, leadership, branding personnel… C’est LE rendez-vous pour réfléchir à la façon dont TU veux vivre ton plein potentiel et laisser ton empreinte dans le monde.
Tatiana St-Louis [00:00:41]:
Bonjour les ambitieuses, comment vous allez aujourd’hui? J’espère que je vous trouve en grande forme. Bienvenue dans un nouvel épisode de l’Ambition au Féminin. L’été bat son plein, on a envie de jouer dehors, mais on continue nos rendez-vous hebdomadaires. On avait l’idée de prendre une pause pour le podcast, mais on dirait qu’à chaque fois, on a une nouvelle conversation intéressante avec un nouvel invité ou avec une nouvelle réflexion à partager, puis on continue jusqu’à ce qu’on ait besoin de prendre une pause, mais pour le moment, on est ensemble et je suis contente de vous retrouver.
Tatiana St-Louis [00:01:24]:
Aujourd’hui, une conversation hyper intéressante sur un sujet que je ne connais pas beaucoup et pour lequel j’ai eu la chance d’en apprendre davantage durant cette conversation. J’ai reçu Manon Verbeke qui est designer indépendante et créatrice de contenus depuis 2013 et elle a une expertise très particulière à utiliser l’intelligence artificielle, plus spécifiquement Midjourney, pour aider ses clients dans leur univers visuel. Donc elle aide les solopreneurs plus particulièrement à déployer leur identité visuelle avec ses prestations et ses formations et elle travaille avec des outils comme Canva, les IA génératives et, de son propre aveu, elle est un peu nerd et pas mal amoureuse d’automation – comme moi by the way, je pense qu’on se rejoint pour notre amour de Notion – et elle est aussi maman de deux. Avec elle, le design devient simple et bénéfique pour les affaires, et son objectif c’est toujours de rendre mémorable les solopreneurs d’exception grâce à des identités et des visuels uniques. On a une belle conversation où on va toucher autant à notre réflexion sur la création, sur l’art et les enjeux autour de l’IA générative, mais aussi les opportunités qui existent pour des solopreneurs, pour des personnes qui ont pas nécessairement des énormes budgets de publicité, puis comment adapter ou utiliser justement les output qu’on peut créer avec l’intelligence artificielle pour nos réseaux sociaux, pour notre visibilité web et pour aussi le faire dans une conscience d’inclusivité, de féminisme et ouvrir des nouvelles possibilités de représentation grâce à ces outils là. Donc sans plus attendre, je vous laisse avec notre conversation. Bonne écoute.
Tatiana St-Louis [00:03:16]:
Salut Manon, bienvenue sur l’Ambition au Féminin. Comment vas-tu aujourd’hui?
Manon Verbeke [00:03:21]:
Salut, je vais bien et toi?
Tatiana St-Louis [00:03:24]:
Je vais super bien. Aujourd’hui, on célèbre… Juste après l’épisode, je m’en vais à la garderie de ma fille parce qu’elle commence l’école en septembre, puis on lui fait une petite fête aujourd’hui, donc ça va être une belle petite matinée.
Manon Verbeke [00:03:33]:
C’est hyper chou.
Tatiana St-Louis [00:03:33]:
Je sais ! Elle a mis sa belle robe, puis là, elle est prête. Je suis comme de bonne humeur aujourd’hui, puis je suis contente de te recevoir sur le podcast. Donc je fais toujours une question brise-glace pour commencer, puis en savoir un peu plus sur toi. J’avais envie de te demander pour toi le mot ambition, qu’est-ce que ça fait résonner chez toi? Comment tu le définis? Qu’est-ce que ça veut dire?
Manon Verbeke [00:04:09]:
J’ai envie de dire que ce que ça m’appelle, c’est ce que j’entends souvent dans les milieux de l’entrepreneuriat, c’est des grands chiffres, c’est des grands objectifs de vie, c’est par exemple atteindre cent mille, atteindre le million ou bosser que x heures par semaine, moi je le mets plutôt en alignement avec ce dont j’ai besoin, ce qui est écologique pour moi à un moment t. Et du coup, mon ambition, c’est plus d’aller tendre au maximum vers ça. Et en fait, ce « ça », il est redéfini tout le temps.
Tatiana St-Louis [00:04:42]:
Est-ce que tu dirais que c’est plus proche de la notion d’objectif?
Manon Verbeke [00:04:46]:
Ouais oui oui parce qu’en fait du coup moi j’ai pas d’ambition au sens tu vois être forbes 40 under 40 ou ce genre de choses. Mon ambition, c’est de réussir à être la plus heureuse au quotidien dans mon travail, dans les petites choses, dans les petits moments de la vie… Tu vois, elle est là mon ambition, c’est d’être au mieux dans chaque jour.
Tatiana St-Louis [00:05:13]:
Ouais, merci. J’aime poser cette question parce que je trouve que le terme ambition – du moins, quand j’avais commencé mon entreprise en 2016, c’était un terme encore très négatif – puis beaucoup de femmes préféraient dire qu’elles n’étaient pas ambitieuses ou que l’ambition, c’est comme un peu considéré comme un gros mot, parce que justement, ça a cette notion extractive, hyper dans la productivité, puis dans l’accumulation de richesse, puis des choses comme ça. J’aime demander aux gens comment elles le définissent pour qu’on puisse enrichir cette définition. Parce que je pense qu’on l’a peut-être réduit à des concepts qui sont très masculins, capitalistes, patriarcaux. Et puis voilà.
Manon Verbeke [00:05:59]:
Peut-être, oui. Mais effectivement je me sens un peu un petit peu éloignée de ce terme. J’estime être ambitieuse parce que je ne m’arrête pas, j’ai des objectifs qui sont ambitieux, mais ils sont effectivement assez éloignés des objectifs masculins comme tu le dis capitalistiques.
Tatiana St-Louis [00:06:17]:
Intéressant. Aujourd’hui on va parler de intelligence artificielle et de design. Je trouve ça intéressant parce que je réfléchis beaucoup au métier créatif versus à l’automatisation, mais aussi je pense qu’il y a un lien aussi avec le type de rémunération qu’on peut demander pour notre créativité. Il y a comme plein de strates de réflexion autour de l’utilisation des machines pour nous aider à créer. J’étais vraiment curieuse de connaître ta perspective, ton utilisation parce que tu l’as comme prestation de travailler avec l’intelligence artificielle. Peut-être peux-tu nous dire un peu juste pour commencer comment toi tu l’utilises? C’est quoi ton histoire avec l’intelligence artificielle? Puis comment c’est rentré dans ton fonctionnement?
Manon Verbeke [00:07:12]:
Mon premier point de contact avec l’intelligence artificielle, c’est un peu parce que je suis touche à tout et que je suis un peu geek, j’ai tendance à tester tout le temps les nouveaux logiciels, les nouvelles choses qui sortent, à être pas mal dans l’expérimentation dès lors que je me laisse du temps – il y a aussi ça qui est nécessaire – et j’ai vraiment mis mon nez dedans très fort quand j’ai vu arriver mon congé maternité et que j’ai senti que j’avais l’intention, j’avais l’ambition de passer sur de la formation en ligne à horizon plus un an. Mais l’arrivée de mon congé maternité m’a un peu accéléré ça et j’ai identifié que lancer une formation pourrait être un levier de sécurité financière et donc j’étais pile au bon moment pour pouvoir mettre un grand coup de recherche sur comment Midjourney pouvait aider les indépendants sur le web. Et donc j’ai fait ça et ça a été mon premier outil, mon premier vrai contact sérieux avec les IA génératives. En parallèle, moi, j’ai utilisé ChatGPT, mais un peu en dilettante, comme n’importe quel autre indépendant, je pense, je n’ai pas creusé et je ne me suis pas formée intensément. Et aujourd’hui, l’IA générative visuelle, en tout cas, je me sers énormément de Midjourney au quotidien dans mon travail de direction artistique avec les indépendants parce que tout simplement, quand on est un indépendant, on a souvent besoin d’illustrer les choses, de se créer un univers et on manque de contenu en fait et donc on se retrouve soit dans l’excès, dans un sens à devoir publier des visuels qui sont génériques et qui viennent de banques d’images, donc tout le monde les a ces visuels d’une photo d’un ordinateur vue de dessus sur un bureau ou un stylo. Enfin, vous voyez ce genre de visuel très Pinterest, très Instagram.
Manon Verbeke [00:09:12]:
Et l’excès inverse, c’est du coup, comme on n’a pas de visuel et qu’on n’a pas forcément un champ sémantique propre, on va mettre des selfies, des photos de nous qui vont venir asseoir notre personal branding mais pas une marque plus généralement. Et donc travailler avec l’IA me permet d’outiller facilement et de manière créative tous mes indépendants avec qui je travaille. Maintenant, c’est quasiment deux projets sur trois on va dire où je fais le choix de l’IA dans la génération de visuels.
Tatiana St-Louis [00:09:44]:
C’est vraiment intéressant puis je l’avais pas pensé comme ça, mais c’est vrai que les réseaux sociaux depuis quelques années, ils ont vraiment fait une tangente vers le contenu visuel. Puis je pense juste au fait d’être sur LinkedIn – pis moi je suis sur LinkedIn justement depuis 2015-2016 de façon assez active – et j’ai toujours aimé LinkedIn parce que pour moi, c’était un lieu où je pouvais juste publier du texte jusqu’à à peu près un ou deux, peut-être une année, une année ou deux, là soudainement il faut absolument qu’il y ait une photo qui accompagne pour plaire à l’algorithme. Puis j’avoue que ça m’a vraiment refroidie par rapport à la plateforme. Parce que comme tu dis, ça demande la recherche, tu sais, faire un photoshoot, ça coûte de l’argent, c’est pas nécessairement un budget qu’on veut mettre à chaque année. Mais souvent, je me pose la question comment justement les gens ils font pour prendre le temps de générer autant d’images. Fait que c’est intéressant que tu sois venue avec cette solution.
Manon Verbeke [00:10:47]:
Ouais il y a vraiment cette… Il y a les gens qui font beaucoup de photoshoot parce que leur personal branding est hyper fort et ils ont beaucoup besoin de beaucoup d’eux. Tu vois pour donner le cas d’une cliente à qui j’ai terminé l’identité aujourd’hui – on a clos aujourd’hui la prestation – dans son identité, on est allé renforcer des choses qu’elle mettait déjà en place, c’est-à-dire qu’elle utilisait beaucoup le vocabulaire du croustillant, de l’élégance, mais en même temps quelque chose de très féminin, très acidulé et en fait, elle s’adresse aux agences créatives et donc ce qu’on a fait, c’est qu’on a créé tout un univers vintage un peu rétro à la Don Draper dans les agences de publicité Mad Men et et tous ces visuels-là en fait on aurait pu passer des heures à les chercher dans des banques d’images. À la place, on s’est concentré sur le fait qu’on savait ce qu’on voulait comme type de visuel et donc on les a générés. Ça nous a aussi permis d’aller chercher des visuels qu’on n’aurait pas eu à l’époque, à savoir des hommes face à des machines à écrire, à savoir des femmes noires dans certaines situations, des bureaux qu’on n’aurait pas eu parce que la société n’était pas la même. Donc ça crée aussi des nouvelles choses et donc cette cliente-là, elle est outillée en termes de visuel, elle a tout dans ses templates Canva pour pouvoir créer, aménager et elle ne se pose plus la question de « qu’est-ce que je mets comme image? Est-ce que je dois mettre un selfie? Est-ce que je dois créer une composition avec du texte? », tout est prêt.
Tatiana St-Louis [00:12:22]:
Génial, c’est vraiment intéressant. Puis là, tu parlais de Midjourney, tu t’es inscrite à Midjourney – je me rappelle quand c’est sorti parce que j’étais dans des serveurs Discord, on parlait beaucoup genre de tech, on parlait des EFT, on parlait genre du metaverse – pis là Midjourney est apparu dans une de ces conversations, puis ça a titillé ma curiosité. J’avoue que je ne l’ai pas utilisé de façon très poussée. Mais pour toi, tu es rentrée dans le déploiement bêta dans le fond du logiciel, j’imagine?
Manon Verbeke [00:12:55]:
Ouais tout à fait et j’essaie de rester à jour des nouveautés. Je suis sur des serveurs aussi francophones qui font de la recherche tous ensemble, qui teste quand il y a des nouvelles fonctionnalités, qui cherchent un peu les limites, donc un peu de contenu, comment on dit, de communauté quoi, où on on va creuser ensemble pour approfondir, trouver des choses, des failles.
Tatiana St-Louis [00:13:19]:
Ouais, qu’est-ce qui a fait que tu… Je veux dire, tu fais du design graphique. Mais qu’est-ce qui a fait que, selon toi, tu as réussi à, je ne sais pas si on dirait craquer le code, mais à l’utiliser d’une façon qui est beaucoup plus approfondie que simplement envoyer une commande générique à l’IA générative? Comme c’est quoi les aptitudes, tu penses, qui ont été vraiment utiles pour toi, pour apprendre cette méthode?
Manon Verbeke [00:13:54]:
Il est clair que la première compétence c’est de la culture visuelle. Alors on peut si on en manque la travailler grâce à des sites d’inspiration, des banques de prompts, on peut aller copier des choses, voir, tester, mais avoir une culture visuelle, savoir à quoi ça va faire référence quand on voit tel type d’image, savoir comment nommer les choses, ça aide énormément. Et la deuxième chose, c’est la capacité à faire des choix – donc là pour mes clients, du coup – la capacité à faire des choix en conscience, donc en prenant en compte la sémiologie, toute la signification des couleurs, des styles, de comprendre quels vont être les signifiants aussi en termes de forme. Qu’est-ce que va raconter notre image et qu’est-ce qu’on veut faire raconter à nos images. Et ça, c’est clairement des aptitudes de designers qu’on peut tâter du doigt, qu’on peut apprendre en amateur éclairé, c’est clairement possible, mais qui sont quasiment innées quand on a travaillé des années avec d’autres outils. Finalement c’est juste un moyen accéléré pour moi de très rapidement donner des outils à mes clients.
Tatiana St-Louis [00:15:10]:
D’autres outils, tu parles des outils comme Photoshop ou des choses comme ça?
Manon Verbeke [00:15:14]:
Ouais ouais ouais. Dans la même situation, mes outils avant c’étaient des banques d’images, c’étaient des photomontages c’étaient des illustrations que je devais commander à des artistes en fonction des cas. Donc tout ça, je le fais encore en fait, mais ma réflexion à moi de direction artistique, elle est au-dessus et ensuite après je choisis l’outil le plus à même de m’amener là où je veux aller. Et Midjourney est vraiment accélérant pour le coup, ça aide vachement.
Tatiana St-Louis [00:15:44]:
Ouais, puis j’entends aussi le vocabulaire. Tu sais, je pense que cette partie-là, c’est peut-être la plus facile entre guillemets à apprendre, qui est le vocabulaire visuel. Après, c’est la direction artistique, puis la vision qui est peut-être un peu plus, c’est plus une expertise qu’on développe au fur et à mesure qu’on fait du travail sur différents cas. Moi, par exemple, j’ai étudié l’histoire de l’art, puis j’ai quand même un grand vocabulaire – l’histoire de l’art et la littérature – donc j’ai un vocabulaire quand même assez grand pour tout ce qui est au niveau des types visuels ou des styles. Par contre, le travail avec l’IA me ferait peur, enfin me fait peur, il me semble être quelque chose que je ne suis pas encore capable de faire parce que je n’ai pas développé nécessairement cette vision-là ou cette imagination autour de ce que j’ai envie de créer dans mon brand ou de traduire par exemple un brand avec des symboles et avec genre un ressenti et des choses comme ça.
Manon Verbeke [00:16:56]:
Je pense qu’effectivement, il y a un truc à questionner. Souvent j’ai des clients qui arrivent comme toi, ils ont une marque identifiée visuellement et ça m’arrivait, c’est-à-dire quelqu’un avait son logo, il avait ses couleurs et sa marque était vraiment positionnée, par contre en termes d’outils visuels, elle avait uniquement ses selfies et des compositions que lui avait donné son designer, mais rien n’était dit sur quel traitement doivent avoir les visuels et donc en fait quand elle était dans l’IA, elle n’avait pas d’intention, elle ne savait pas quoi lui dire et donc tout ressemblait à de l’IA. Parce qu’en fait du coup si tu ne sais pas dire, si tu ne sais pas ce que tu veux, l’IA prend son style à elle, chaque IA a des entraînements qui font qu’elle a… On va reconnaître un style plus ou moins fort. Et donc ce qu’on a fait ensemble c’est juste tu vois deux heures où on a questionné uniquement quel style doivent avoir tes visuels pour qu’ils s’intègrent au mieux dans ta charte et qu’ils viennent l’agrandir et pas la réduire.
Tatiana St-Louis [00:18:03]:
Vraiment intéressant.
Manon Verbeke [00:18:04]:
C’est peut-être ça qui te manque toi du coup, c’est ce petit travail de « quels seraient les meilleurs visuels pour venir compléter ma marque et venir l’amplifier, lui donner plus de force et qu’on reconnaisse encore ma marque quand il n’y a pas le reste, uniquement à ma visuelle? »
Tatiana St-Louis [00:18:20]:
Ouais puis tu sais je le compare justement à ma façon d’écrire. Souvent, on va avoir l’impression qu’il faut illustrer le propos, mais en même temps, l’image va toujours venir ajouter une autre dimension à laquelle on n’avait pas pensé. C’est comme si on commence à penser en multiples dimensions aussi par rapport à ce qu’on a envie de communiquer. Puis ça, je pense que c’est intéressant à faire, mais je pense que les gens le font peut-être intuitivement, mais le faire de façon intentionnelle comme tu le proposes, c’est un autre degré de réflexion. Donc j’aime vraiment cette approche-là que tu amènes. Est-ce que tu as réfléchi – ben j’imagine que oui – mais est-ce que tu penses que l’IA pose des dangers aux créateurs visuels ou aux designers? Comment toi tu comprends cette grande problématique de… Je sais même pas, j’ai le mot bastardisation me vient en tête, mais c’est peut-être pas le bon mot.
Manon Verbeke [00:19:29]:
La question de l’éthique peut-être ?
Tatiana St-Louis [00:19:32]:
Ben la question de l’éthique au niveau du copyrighting, mais aussi au niveau du développement justement de ces aptitudes très très uniques parce que chaque designer aussi a son style, va développer son style. Puis là, j’imagine quand tu vas dans l’IA, tu rentres un peu plus dans… Tu sais toutes les possibilités sont ouvertes et peut-être perdre un peu de cette personnalité genre de l’artiste qui se mêlerait avec l’outil je sais pas genre.
Manon Verbeke [00:20:03]:
C’est hyper intéressant. C’est intéressant et c’est une question que on ne m’a pas posée depuis très longtemps parce qu’en fait y’a un peu deux courants, deux veines en design graphique. Une veine qui dit qu’on est des artistes et une autre qui dit qu’on n’est pas des artistes et dans ces deux séparations – avec évidemment un milliard de nuances au milieu – tu vois, moi, je ne m’identifie pas comme artiste, c’est-à-dire que mon style à moi, je l’estime assez neutre. J’ai une capacité fluide, à utiliser tout un tas de styles variés qui vont venir mettre en valeur le client que j’ai en face de moi. Mais il y a effectivement aussi des designers qui ont des pattes très fortes et qui ont des styles très forts et qui du coup de fait, on vient les chercher pour leur style graphique. Il y a vraiment deux salles, deux ambiances et pour répondre par rapport à la capacité des designers à continuer à être dans… À ne pas être dans la standardisation et à pouvoir développer leurs propres expertises et leurs propres styles techniques, ça je pense que ça se joue vachement en école et dans l’expérimentation et l’apprentissage. Je trouve que c’est une époque incroyable aujourd’hui là en ce moment d’être enseignant, je suis vraiment navrée de ne pas avoir le temps et l’espace pour le faire.
Manon Verbeke [00:21:21]:
Quand je vois les rapports et les comptes rendus publiés par les enseignants sur l’usage de l’IA dans les écoles comme outil d’expression en fait, comme outil de recherche, comme outil artistique, je trouve ça incroyablement intéressant. Et force est de constater que dans pas mal de travaux, c’est vraiment un beau potentiel et on ne voit pas de standardisation, au contraire, on voit des étudiants qui questionnent, qui se posent des questions d’éthique, de sens et qui sont critiques, qui parfois aussi font des choix de se dire « non, l’IA, ça ne sera pas pour moi et je vais attendre qu’il y ait une moralisation de la chose ». Et après, sur le plan éthique, au niveau sociétal, je pense que ça nous dépasse un peu et que c’est le genre de choses – moi, c’est mon avis très personnel – où le boycott n’a pas trop de sens. Par contre la légifération – c’est comme ça qu’on dit? – en tout cas il est intéressant de légiférer collectivement, donc nous en Europe on a le IA Act qui est en train de se mettre en place dans les pays maintenant, de manière à protéger les citoyens et à informer. Et pour moi, ça se joue vraiment là après parce que c’est déjà massivement déployé.
Tatiana St-Louis [00:22:41]:
Oui, parce que dans le fond, je pense que ce qui est intéressant avec ta distinction entre ceux qui se considèrent artistes versus ceux qui se considèrent plus des conduits d’expression pour des marques – peut-être ce n’est pas le meilleur terme, mais bon, c’est ce qui me vient – il y a aussi l’enjeu que les IA sont entraînées avec des vraies œuvres, de vrais créateurs – ben de vrais créateurs dans le sens qu’il y a une communication entre par exemple le designer qui va récupérer à travers l’IA du travail d’autres illustrateurs ou de peintres ou de personnes qui n’ont pas nécessairement été rémunérées, puis avant l’IA, il y avait plus de collaborations peut-être entre ces domaines. Je ne sais pas qu’est-ce que t’en penses ou si c’était ton ton cas à toi de vraiment genre collaborer avec d’autres champs artistiques?
Manon Verbeke [00:23:39]:
J’ai toujours en tant que designer collaboré avec d’autres prestataires, photographes, illustrateurs dès lors que ça sort de mon champ technique et je continue à le faire quand… En fait, l’IA, pour l’instant en tout cas, n’a pas la qualité clairement. Il y a des choses hyper intéressantes, mais en fait dès lors qu’on veut vraiment de la qualité et qu’on veut de la précision, on n’arrive plus avec l’IA pour le moment – je dis bien pour le moment parce que ça va tellement vite. J’ai perdu le sens de ma phrase, mais bon, ça va revenir. Est-ce que tu peux reformuler, enfin, reposer ta question?
Tatiana St-Louis [00:24:21]:
En fait, c’est ça, c’est parce qu’on parlait des dangers aux créateurs, les dangers de l’IA pour les créateurs. Puis bon, du côté des designers, on dirait que ta position, c’est plus bon, le danger n’est pas si présent, ça permet genre un nouveau champ de créativité, plus d’opportunités, des choses comme ça. Mais en tant que personne créative qui travaille avec d’autres créateurs qui eux sont peut-être… Pas biaisés, mais ils sont lésés par l’IA, comment dans ta propre, par exemple éthique de création, tu sais tu détermines « bon ben là je préfère justement aller vers un photographe puis travailler avec une illustratrice puis travailler avec d’autres types d’artistes qui ultimement l’IA se nourrit de leur travail aussi pour créer? »
Manon Verbeke [00:25:05]:
Ouais ouais tout à fait. J’ai l’impression – après on me détrompera peut-être – j’ai l’impression qu’aujourd’hui la question elle se pose pas vraiment dans le sens où les gens qui utilisent l’IA à huit dollars par mois pour produire leur visuel ne sont pas des gens qui avant achetaient de la commande d’œuvre à des créateurs, plasticiens, illustrateurs, photographes. En ce qui concerne moi, mes clients par exemple, ce ne sont pas des gens qui étaient en capacité de faire ça. Ils étaient en capacité comme tu disais peut-être d’acheter un photoshoot par an et ça n’a pas du tout dévalorisé la valeur d’un photoshoot parce que clairement faire des visuels IA, on a vu la limite. C’est nous, mais ce n’est pas vraiment nous et donc ça reste quand même la patte, l’œil d’un photographe reste quand même importante. Et du coup, je pense que la question du remplacement des créateurs par des IA, elle se fait plutôt dans des secteurs capitalistiques forts comme peut-être l’édition qui va avoir tendance à remplacer les illustrateurs. Et je ne sais pas si c’est bien ou mal, tu vois, il est clair qu’il y a des endroits où la valeur ajoutée, la valeur perçue en tout cas d’un vrai créateur par rapport à une IA n’était pas suffisante pour qu’aujourd’hui on se dise qu’on va garder les illustrateurs par exemple sur ce travaux. Honnêtement je sais pas.
Tatiana St-Louis [00:26:34]:
Je pense qu’on garde la vision aussi. Par exemple, je pense à la retouche photo, tu sais que ça a toujours été un travail très très technique et de précision puis on le faisait avec des outils du web comme Photoshop justement ou tu sais d’autres types, tu sais Lightroom ou peu importe, mais l’IA va probablement permettre de fluidifier ce travail sans nécessairement enlever la vision du photographe sur le produit final. Puis je pense qu’il y a ça aussi que j’entends aussi dans ton travail, c’est que la vision reste pas quelque chose qu’on peut déléguer à l’IA. C’est quelque chose qu’on doit établir d’avance et qu’on doit réfléchir ensemble d’un point de vue créatif.
Manon Verbeke [00:27:28]:
Moi je pense vraiment que l’IA peut être une sorte de binôme / stagiaire / assistant / ping-pong de création, mais que l’humain a quand même son mot à dire sur la question de faire des choix en fait, d’être éclairé dans ses choix. Et par exemple sur mon métier du design graphique, je vois bien demain l’humain qui est en place de faire des choix – donc identifier les couleurs, la manière dont on pose les textes, dont on agence les choses et ensuite l’IA vient remplacer les métiers d’exécution. Par exemple, moi je vois pas la valeur ajoutée d’un humain à refaire cinquante-cinq fois le même visuel en fonction des tailles d’écran, en fonction des tailles des panneaux publicitaires dans la rue, en fonction des prix, par exemple pour les magasins. Enfin tous ces trucs-là, ça a tout intérêt à être transformé et mis en œuvre par l’IA. Donc je pense qu’il y a des… Tu vois, tant qu’on reste sur la partie créative, faire des choix dans la main des humains et qu’ensuite derrière on donne la productivité et l’exécution aux IA, moi ça me va.
Tatiana St-Louis [00:28:36]:
Ouais, ouais, je suis super d’accord avec toi. J’ai une amie collègue entrepreneure qui, eux autres, ils génèrent des photos de Tarmac, donc c’est des gros avions, puis un photoshoot avec un avion sur un Tarmac ça peut coûter genre des dizaines de milliers de dollars. Mais là grâce à l’IA, ils peuvent créer justement du contenu sans avoir à déplacer physiquement des objets aussi gros.
Manon Verbeke [00:29:03]:
Et puis toutes les agences… Ici là où j’habite on a une agence qui est connue pour faire les films Décathlon. Pour un film Décathlon, je n’ose même pas dire le nombre de lieux parce que pour avoir le coucher de soleil sur une montagne, c’est du coup en Afrique du Sud, pour avoir la plage où ils font du beach volley, du coup c’est au Brésil, tout ça pour une seule publicité de trente secondes, ben tout ça ça peut être vachement réduit aussi en termes de coût écologique et économique grâce à l’IA.
Tatiana St-Louis [00:29:40]:
Intéressant. À quoi tu fais le plus attention justement quand tu travailles avec l’IA? Est-ce qu’il y a des choses particulières que tu es comme « ok ça il faut vraiment que je sois précise avec ce type de travail »?
Manon Verbeke [00:29:58]:
Moi la chose à laquelle je fais le plus attention maintenant, quasiment que ça, c’est les biais. Je fais attention, c’est-à-dire à un moment donné, un peu comme quand on fait un premier jeu d’écriture, qu’on y va un peu à la… On tape, on tape, on tape et à la fin on s’arrête et on dit « maintenant je vais ne regarder que l’orthographe », parce que si on fait pas ça en conscience, on saute les fautes d’orthographe, notre cerveau les zappe, de la même manière, je produis je produis et à un moment donné je m’arrête et je me dis « ok maintenant est-ce qu’il y a des biais que j’ai laissés passer parce que dans la manière dont mes prompts ont été faits du coup lui ne m’a mis que des hommes? Est-ce qu’il y a des choses à corriger? » Et en fonction du coup je reprends mes prompts et je régénère des images qui vont venir compenser les biais que j’avais pu laisser passer. Ça c’est vraiment la chose.
Tatiana St-Louis [00:30:41]:
Non mais c’est intéressant puis c’est intéressant aussi dans un point de vue féministe, de changement social aussi, comme tu dis, la représentation est importante. Puis ce qui est cool avec l’IA, c’est qu’on peut créer différents types de représentations qu’on trouvait pas nécessairement dans des banques d’images qui ne sont pas conscientes à ces biais-là.
Manon Verbeke [00:31:04]:
Il y a eu d’ailleurs un peu un tollé parce que l’IA générative de Google est sortie et les gens se sont amusés à lui faire faire des choses que d’autres IA n’arrivaient pas à faire par exemple. Et comme elle était vachement – comment on dit – entraînée pour être hyper inclusive, du coup, elle commençait à faire des hallucinations, des erreurs qui étaient anachroniques ou pas du tout réalistes historiquement, par exemple, elle faisait des papes – on lui demandait de faire « fais-moi des papes » et il y avait quatre visuels, et sur les quatre visuels, il y en avait un noir et un chinois et ça n’avait aucun sens historiquement. Mais comme l’IA avait été fortement entraînée pour éviter d’être uniquement blanche et masculine, du coup on a des choses comme ça qui étaient un peu pas véridiques en tout cas anachroniques.
Tatiana St-Louis [00:32:01]:
Ouais intéressant. Donc fact checked. C’est ça il faut déterminer qu’est-ce qu’on veut, tu sais parce que je pense mettons à Bridgerton où il y a beaucoup de gens qui vont dire « ah, mais c’est pas réaliste de penser que tu sais, il y avait des personnes noires qui dada ». Puis d’un autre côté, c’est comme « non, mais on est dans un univers qui est modifié, qui est transformé », puis je pense qu’il y a ça aussi, l’idée que l’image ou la photo est une représentation de la réalité. Là, on est en train de brouiller ces pistes là avec l’IA générative.
Manon Verbeke [00:32:42]:
Complètement.
Tatiana St-Louis [00:32:42]:
Ce qui pose ses propres problèmes, mais aussi qui offre des opportunités créatives au niveau psychologique puis au niveau social. Qu’est-ce que tu vois qui s’en vient justement en termes d’opportunités avec l’IA pour les designers, pour les créateurs? Ou quelque chose que tu aimerais voir arriver?
Manon Verbeke [00:33:06]:
Ce qui est assez excitant là qui arrive, c’est toute la partie conception de Wireframe etc, c’est une autre partie de mon travail, mais jusqu’ici ça va être encore un peu IA protégé parce que c’est très technique, c’est très compliqué et en même temps c’est très très chronophage et ça demande de traiter pas mal de données quand on fait de la recherche utilisateur, ça demande traiter beaucoup de données pour comprendre les comportements finement des gens et ça je pense que c’est assez excitant. Alors ce n’est pas vraiment dans l’univers visuel visuel, mais c’est dans la recherche derrière. Et j’ai un peu hâte de voir ce qui va se passer dans les prochaines… Presque mois, je pense dans les prochains mois, c’est en train d’arriver. Et là arrive en ce moment la vidéo pour tous et du coup, je n’ai pas encore vu beaucoup de gens s’en servir pour faire de la création de contenu. Et donc j’ai hâte de voir ce que vont faire les gens. Dès lors qu’on leur met un nouvel outil dans les mains et que ça les rend plus créatifs, j’ai hâte de voir ce qu’ils vont faire.
Tatiana St-Louis [00:34:24]:
C’est quoi ton outil préféré? C’est Midjourney ou est-ce que tu les as tous essayés pour les comparer?
Manon Verbeke [00:34:31]:
Non, je ne les ai pas tous essayés. J’ai fait ma veille au démarrage parce que je cherchais l’outil qui était le plus adapté à ma cible. À l’époque du coup en juin l’année dernière, l’outil le plus adapté – et je pense encore aujourd’hui – c’était Midjourney parce qu’il avait une capacité à entendre ce que tu lui disais. Tous les autres à ce moment-là, quand tu leur demandais un style, ils faisaient semblant de t’écouter quoi. Donc Midjourney permettait cette précision dans l’image-résultat et c’est encore un des meilleurs ce truc-là. Par contre, il y en a qui sont bien meilleurs sur l’interfaçage et comment on communique avec eux. Et donc non, je ne les avais pas tous testés. Mon préféré, ça reste Midjourney parce que j’y suis bien et que j’aime le fait qu’on puisse vraiment jouer avec plein de paramètres et donc aller vraiment se surprendre et questionner plein de petits bouts de l’image, ce qu’on peut pas forcément faire avec d’autres.
Tatiana St-Louis [00:35:31]:
Est-ce que tu as l’impression que ça prend une formation pour être capable de bien utiliser l’IA pour le design? Où les gens qui ont envie de commencer à jouer avec ça, tu leur suggérais de commencer?
Manon Verbeke [00:35:47]:
Si je prêchais pour ma paroisse, je dirais qu’il faut une formation. La vérité, c’est que non, je pense qu’il n’y a pas besoin. Il y avait besoin avant, notamment pour Midjourney, parce qu’il était très technique en termes de vocabulaire, de paramétrage et tout ça. Aujourd’hui, ils sont en train de sortir en plus des versions d’interfaçage qui sont… L’interface entre l’homme et la machine, l’IA, qui sont hyper agréables à utiliser et très fluides. Donc je ne pense pas aujourd’hui pour démarrer qu’on ait besoin de ça. Finalement le cœur, on en a parlé tout à l’heure, le cœur de ce qui fait la réussite de l’utilisation des IA, c’est sa capacité à faire des choix éclairés dans notre direction artistique et donc finalement si je devais vous recommander une formation ce serait plutôt genre comprendre les compositions d’images, comprendre les styles d’images, comprendre les bases du design visuel.
Tatiana St-Louis [00:36:41]:
Ouais, il faudrait quasiment faire un cours de photo, un cours de colorimétrie, des choses comme ça pour être capable de vraiment aller un peu.
Manon Verbeke [00:36:53]:
Ouais c’est ça. Est-ce que c’est pas juste avoir beaucoup de curiosité, un petit peu d’histoire de l’art, un petit peu de tout. Et bon après j’avoue Midjourney, il y a encore plein de trucs qu’on peut apprendre en formation, c’est assez pointu comme comme outil. Mais pour s’amuser, normalement tout le monde peut y arriver.
Tatiana St-Louis [00:37:05]:
Toi quand tu vois des mauvaises images IA, dans le fond, ça serait quoi tes caractéristiques d’une bonne image versus une mauvaise image? On a parlé des biais, donc quelque chose d’inclusif, quelque chose de représentatif aussi…
Manon Verbeke [00:37:23]:
Pour moi une mauvaise image, c’est une image où on se dit « ah c’est de l’IA! » et on n’est pas surpris, notre cerveau il n’est pas étonné en bien, il n’y a pas d’excitation, juste ça sent l’IA à plein nez, c’est mal exécuté, le style est un peu dans cette perfection un peu lissée. Avec un style très très très standard de l’IA. Et pour moi, une bonne image IA, c’est une image où on se dit « attends, mais c’est de l’IA là? Ah oui, c’est intéressant ». Et parce qu’en fait, l’image vient créer quelque chose de nouveau, vient un peu questionner, vient mélanger des choses qu’on n’a pas l’habitude de voir, mais qu’elle est faite avec intention, avec précision et donc du coup, elle vient vraiment renforcer l’image de marque sans crier à plein l’excès de l’IA. Un peu comme un bon maquillage, tu vois.
Tatiana St-Louis [00:38:26]:
Ouais.
Manon Verbeke [00:38:28]:
Un bon maquillage qui va avec le reste de ton corps, qui ne crie pas « je suis maquillée », qui juste est en adéquation avec le reste et qui est subtil quoi.
Tatiana St-Louis [00:38:47]:
Ça me donne plein d’idées. Puis aussi tu sais, moi je travaille beaucoup en positionnement de marque, donc c’est vraiment mon expertise, mais je pense qu’il y a comme un travail qu’on fait en amont aussi pour aller chercher les bons mots, la bonne ambiance, la bonne réflexion aussi qui après ça va servir quand qu’on rentre dans la déclinaison justement de cette image-là. Puis je suis vraiment vraiment curieuse de voir ce que tu fais avec tes clients. J’ai regardé ton site, mais il y a quelques études de cas, mais je n’ai pas vu, elles n’ont pas été publiées encore.
Manon Verbeke [00:39:24]:
C’est horrible. Juste avant qu’on s’appelle, j’étais en train de commencer à travailler avec ChatGPT en binôme. C’est-à-dire que je lui dictais ce que j’avais fait avec les clients et pour qu’il m’aide à structurer cette étude de cas, qu’il faut absolument que je mette en place sur mon site internet. Je suis vraiment une cordonnière très mal chaussée, mais… Et tu disais que donc tu travailles sur l’image de marque et tu parlais des mots. Et quand on travaille sur l’image de marque, il y a aussi un moment donné où des fois on va aller questionner l’univers sémantique, le vocabulaire, le lexique. Est-ce que ça fait référence plutôt à des mots qui vont faire référence à l’eau, à la création, à la terre… Et je pense à une cliente qui avait tout un univers, elle avait tenté de faire un univers sémantique autour du surf et en fait, elle se rendait compte que ça ne collait pas avec sa cible et en tout cas qu’avec une toute petite partie de sa cible. Et finalement, elle a de fil en aiguille commencé un univers sémantique autour du jeu vidéo par rapport au fait qu’être entrepreneur, il y a aussi des boss finaux, il y a des méchants – l’Urssaf en France – il y a des niveaux… Enfin voilà, et donc en questionnant du coup visuellement ensuite derrière, on a décliné tout un champ lexical visuel autour du jeu vidéo en demandant à Midjourney de lui créer des visuels en référence à des jeux comme les jeux de Tycoon, Zoo Tycoon ou Roller Coaster Tycoon ou des jeux de fight. Et donc maintenant en fait, elle a cet univers sémantique qui vient en ping-pong, qui vient faire des renvois à son univers lexical. Quand elle écrit son post sur LinkedIn par exemple ou quand elle écrit ses pages de vente, on va retrouver des jeux de mots, des mots clés liés à l’univers du gaming qui parle bien aux entrepreneurs et en même temps l’univers visuel qui va venir renforcer ça et c’est assez intéressant.
Tatiana St-Louis [00:41:25]:
C’est fascinant ça me donne vraiment genre envie d’en savoir plus sur ta méthodologie puis vraiment de l’expérimenter.
Manon Verbeke [00:41:34]:
C’est dommage que ce soit un podcast et qu’il n’y ait pas d’image.
Tatiana St-Louis [00:41:37]:
Oui, c’est ça, c’est ça parce que ça serait vraiment vraiment cool de le voir. Est-ce que justement tu partages tes processus sur les réseaux, genre comment on fait pour en savoir un peu plus sur ton travail, puis c’est ça si on veut travailler avec toi où on te trouve, c’est quoi tes plateformes?
Manon Verbeke [00:41:56]:
Alors j’essaie de publier un peu les les coulisses professionnelles on va dire sur LinkedIn donc de montrer ce que je fais avec les clients, comment je travaille, notamment aussi mes coulisses un peu de build in public, comment j’explore d’autres outils, comment je construis mon marketing, ma propre image de marque puisque c’est aussi comme ça que j’ai commencé en faisant ma propre image de marque avec des Marie-Antoinette. Donc tout ça, ça va être sur LinkedIn. Sur Instagram, vous allez pouvoir trouver plutôt les coulisses parentalité et entrepreneuriat dans la vraie vie. Et sur mon site internet, vous avez les offres, donc la manière dont on peut travailler avec moi. Par exemple avec l’IA, j’ai une formule atelier de deux heures pendant lesquelles on travaille uniquement ça. Quel va être ton univers visuel en fonction de là où tu es avec ta marque toi. On regarde et donc on travaille ensemble cet univers visuel et tu repars avec tes visuels et tes prompts. Ça c’est un format de deux heures.
Tatiana St-Louis [00:43:00]:
Génial.
Manon Verbeke [00:43:01]:
Qui est expliqué avec des petites études de cas, des toutes petites.
Tatiana St-Louis [00:43:06]:
Des petites études de cas, on a vraiment hâte. Ok merci beaucoup Manon on va mettre les liens naturellement dans les notes de l’épisode. C’est une expertise fascinante. Puis moi je me considère une artiste, même si je ne suis pas une… Je suis une artiste entrepreneure dans un certain sens. Donc je trouve ça intéressant de voir comment les gens utilisent ces différents outils. Personnellement, en tant que rédactrice, je n’ai pas l’intention d’utiliser l’IA d’aucune façon que ce soit pour le moment, mais j’aime avoir des perspectives aussi de personnes qui sont capables de l’utiliser d’une façon qui est très créative et pas juste productive. Tu sais pas juste dans « on va en créer plus parce qu’on a besoin genre de créer du volume », mais on va vraiment rester aussi dans la qualité, puis dans le jeu, puis dans l’intentionnalité. C’est ce que je ressens dans ton travail, puis c’est vraiment fascinant. Donc merci de ta présence merci de nous avoir parlé de ton expertise.
Manon Verbeke [00:44:13]:
Merci à toi.
Tatiana St-Louis [00:44:13]:
Puis à bientôt.
Manon Verbeke [00:44:18]:
À bientôt, merci beaucoup.
Tatiana St-Louis [00:44:20]:
Hey, tu es encore là? Ça veut dire que l’épisode t’a plu, c’est vraiment cool ça! Est-ce que je peux te demander quelque chose maintenant? Aide d’autres femmes comme toi à découvrir le podcast en déposant des étoiles d’appréciation pour l’Ambition au Féminin. Sur Apple Podcasts, c’est facile : défile tout en bas de la page de l’émission où tu vois les avis et tape sur le cinq étoiles pour faire exploser mon cœur de joie. Sur Spotify, c’est encore plus simple : navigue sur la page du balado et tape l’icône en étoile en bas de la description. Merci d’avance, je t’apprécie beaucoup.