La gig economy, ça vous dit quelque chose? J’ai vu ce terme pour la première fois il y a quelques mois, au détour d’une traduction au travail… Si trouver un équivalent français est un véritable casse-tête (économie de la pige, des petits boulots, de partage, à la demande, etc.), le concept se révèle très intéressant. Oublions un instant la question terminologique et voyons ce qu’est l’économie de la pige et pourquoi vous devez vous y intéresser.
Slasheuses et entrepreneuses, pigiste actuelle ou en devenir, vous ne pouvez faire abstraction de ce terme, qui décrit une réalité de plus en plus commune.
La définition de l’Office québécois de la langue française résume bien l’idée. “Économie caractérisée par une prédominance de travailleurs indépendants et de sous-traitants rémunérés à la tâche ou pour des contrats de courte durée.”
Le meilleur exemple? Uber. Les conducteurs sont tous des travailleurs indépendants. Ils ne sont pas attachés à l’application de transport, qui ne sert qu’à mettre en relation conducteurs et passagers. (Or cette assertion est remise en question par de récents jugements en Royaume-Uni et en Californie.)
Nouvelles technologies, nouvelle réalité
Si l’économie de la pige occupe aujourd’hui une si grande place, c’est surtout grâce aux nouvelles technologies. Les applications et sites qui permettent à chacun d’offrir ses services, quels qu’ils soient, se multiplient. En tête, Uber, bien sûr, mais aussi Airbnb, Couchsurfing, AskforTask, et bien d’autres.
Dans cette optique, les termes “sharing economy”, “platform economy” et “gig economy” se ressemblent tous un peu, comme l’explique The Wired, décrivant une nouvelle réalité de travail et de consommation rendue possible par les nouvelles technologies. Or, l’idée derrière la “gig economy” semble plus large. Elle englobe toute la tendance des travailleurs engagés un “gig” (contrat) à la fois, avec ou sans l’aide des applications Web.
Au Canada, 9,5 % des plus de 18 ans ont participé à l’économie de la pige entre novembre 2015 et octobre 2016. En 2017, dans la Grande région de Toronto, ils étaient 38 % à avoir utilisé un service de l’économie de la pige et 9 % à avoir offert leurs services. De ce nombre, 90 % détiennent un diplôme universitaire… Un profil qui vous ressemble?
Carrière rêvée ou rêve brisé?
Pour le travailleur, les avantages d’être un acteur de la gig economy sont nombreux. La principale? La liberté de choisir son travail à la pièce. Je ne crois d’ailleurs pas avoir besoin de dresser la liste des avantages de l’entrepreneuriat et du travail à la pige sur ce blogue! Mais comme vous le savez, les avantages dépendent souvent du travail en amont pour faire valoir ses compétences et attirer les contrats.
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Sur une application comme Uber, un système de notation permet aux conducteurs et aux passagers de s’évaluer mutuellement. Tous ont donc intérêt à soigner leur attitude pour obtenir une excellente note et ainsi attirer d’autres passagers ou être acceptés par d’autres conducteurs. Le même principe s’applique à de nombreuses applications. Cette rétroaction directe a ses avantages. Attention cependant à ne pas recevoir de mauvaises notes pour ne pas nuire avec votre réputation en ligne! On n’est pas loin d’un épisode de Black Mirror…
La gig economy réduit aussi l’accès à des emplois traditionnels, notamment pour les jeunes en début de carrière. Bien que ceux-ci aient l’avantage, grâce à des contrats temporaires, de cumuler une expériences diversifiée et de bonifier leur CV, ils ont peu accès à des emplois stables. En effet, les entreprises se tournent plutôt vers l’embauche de contractuels. La précarité des emplois est d’ailleurs une des variables les plus inquiétantes dans ce nouveau marché. (Pour vous en convaincre, consultez ce texte plutôt alarmant sur les dangers de l’économie de la pige.)
Quand liberté flirte avec précarité
De plus, les employeurs ou les plateformes numériques ne sont aucunement redevables aux travailleurs. Ils se retrouvent donc seuls, sans soutien et sans protection. Le pigiste ne bénéficie également pas des protections sociales auxquelles ont droit les employés (congés de maladie, vacances payée, fonds de pension). Certaines personnes obligées de participer à l’économie de la pige regrettent ces avantages. Et ceux qui font le choix réfléchi de se lancer dans l’aventure visent une plus grande flexibilité et un salaire plus élevé… Or, aucune donnée ne permet d’affirmer si ce type d’économie remplit ces promesses.
La solution? Des voix s’élèvent pour demander une certaine intervention des gouvernements pour protéger ce nouveau type de travailleur. Au Canada, ce sont surtout au niveau municipal que des décisions ont été rendues.
Une chose est certaine : le marché du travail a bel et bien évolué, et les employés traditionnels continueront d’être de moins en moins nombreux. Dans ce contexte, suivez la situation de près pour réussir à tirer votre épingle du jeu!
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