Ep. 159 Coaching pour entrepreneures ou secte déguisée?

En tant qu’industrie non régularisée, le milieu du coaching business est de plus en plus en proie aux critiques, notamment parce qu’il cache parfois des comportements d’exclusion sociale et d’autres dérives qui s’apparentent parfois aux caractéristiques d’une secte.

Ce n’est pas pour rien qu’on entend de plus en plus parler de “gourous” du web.

Ces entrepreneurs, dont les pratiques ternissent l’image du coaching, nous poussent à nous interroger sur l’avenir de cette industrie et comment éviter, en tant que coach, de basculer dans ces dérives.

Aujourd’hui, je partage avec toi mes réflexions sur le sujet et t’invite également à explorer avec moi les bonnes pratiques pour éviter de se retrouver dans ces relations de coaching malsaines qui peuvent parfois avoir de graves conséquences sur notre santé psychologique, émotionnelle et financière.

Dans cet épisode, on discute notamment de :

  • Les critiques qui pèsent de plus en plus sur le milieu du coaching (et le lien qu’elles font avec les mouvements sectaires)
  • Mon problème personnel avec le coaching business
  • Pourquoi je ne crois pas à la réglementation de l’industrie du coaching comme solution à ces dérives
  • Notre responsabilité de coach de créer des espaces sécuritaires et éthiques pour nos clients, même si on travaille au niveau de l’entreprise ou de la carrière
  • Mes conseils pour les coachs qui veulent embrasser une pratique éthique et offrir une expérience saine à leurs clients
  • La posture que je t’invite à adopter en tant que client pour éviter les mauvaises expériences de coaching

À écouter également : Ep. 149 3 archétypes traumatiques qui t’empêchent de t’épanouir dans ton business

Dans un contexte où la quantité de coachs se multiplie autant en ligne qu’hors ligne, je t’invite à découvrir une autre façon d’offrir et de recevoir du coaching, en te replaçant, en tant que client, comme maître de ton expérience, et en tant que coach, comme guide éthique et conscient de ses limites.

Mentionné dans cet épisode :

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Transcription de l’épisode 159

Ep. 159 Coaching pour entrepreneures ou secte déguisée?

[00:00:00.060] – Tatiana St-Louis
Vous écoutez l’Ambition au Féminin, épisode 159 et aujourd’hui on a un sujet assez chaud. On va parler de coaching, d’entrepreneuriat, de gourou et de secte déguisée. Mon nom est Tatiana St-Louis et j’anime L’Ambition au Féminin. Un podcast pour toutes les femmes pleines de vision, de talent et de drive qui désirent redéfinir le succès selon LEURS termes et LEURS conditions. Chaque semaine, j’explore, seule ou en présence d’invités, les thèmes entourant la réussite professionnelle et personnelle. Mindset, productivité, leadership, branding personnel… C’est LE rendez-vous pour réfléchir à la façon dont TU veux vivre ton plein potentiel et laisser ton empreinte dans le monde.

[00:00:49.110] – Tatiana St-Louis
Salut les ambitieuses ! Comment vous allez aujourd’hui ? Moi ça va quand même bien, même si je me sens un peu débordée. Je pars en vacances ce samedi et ce sont des vacances familiales dans lesquelles je promets toujours de ne pas travailler. Donc j’ai enlevé mes appels de mon calendrier. Mais ça reste que j’essaye de m’assurer qu’il n’y aura pas une énorme charge de travail à mon retour. Et comme vous le savez probablement, ça active beaucoup de syndrome de bonne élève, de culpabilité etc etc. Donc je me gère, mais je suis aussi en préparation et avant de quitter en vacances, j’avais envie de vous enregistrer cet épisode de podcast parce que c’est encore frais dans ma tête. On a eu une conversation dans le mastermind que j’organise, dans le MoneyMindMastery et qui est un mastermind de neuf mois, en petit groupe, on est cinq, et à la fin de notre appel de cette semaine, il y a une des membres qui a offert une réflexion que j’ai trouvée particulièrement intéressante parce qu’elle était justement en contact avec certaines de ses amies entrepreneures qui sont dans d’autres groupes d’entrepreneuriat, et l’une d’elles disait avoir été exclue d’un groupe populaire d’entrepreneuriat ici au Québec.

[00:02:22.380] – Tatiana St-Louis
Et à force de discuter, elles échangeaient sur le caractère potentiellement dangereux de ces groupes où il y a certains comportements qui se rapportent à des comportements sectaires. Et là, je sais que c’est un gros mot et c’est des grosses accusations de dire des choses comme ça, mais c’est pas quelque chose qui est nouveau en France en ce moment. Il y a des groupes qui sont en train de militer contre les dérives sectaires. Puis je pense que ce qui est important à savoir, c’est que de ces motions- là, donc, dans ces mouvements-là, on s’attaque pas simplement à tout ce qui est secte religieuse, mais il y a plusieurs personnes de l’industrie du développement personnel et du coaching qui sont visées aussi, ou qui sont observées par rapport à ça. Et ça tombe bien parce que, en même temps de vous enregistrer cette vidéo, je viens de commencer le documentaire sur les raéliens sur Raël qui était un mouvement sectaire dans les années 70-80-90 et qui a pris quand même beaucoup de pouvoir, beaucoup de place dans la psyché collective.

[00:03:43.320] – Tatiana St-Louis
Et parallèlement aussi, j’écoute les Real Housewives de Salt Lake City et que je trouve ça quand même fascinant d’écouter tout ça en parallèle, en même temps de travailler dans le milieu du coaching parce que ben elles, elles font partie d’une communauté mormone ou mormon, je sais pas si on dit ça mormone ? Et il y a beaucoup de conversations au niveau de certaines personnes qui ont quitté cette communauté-là et qu’est-ce qui s’est passé quand elles ont quitté cette communauté-là, qu’elles ont été rayées des livres, qu’elles ont été exclues de leur famille, et puis qu’il y a vraiment une aura de honte et de damnation autour des personnes qui prennent cette décision-là. Et donc, c’est intéressant d’en revenir à cette conversation qu’on avait dans le Mastermind où on parlait de certains groupes justement entrepreneuriaux qui montent beaucoup en popularité et qui peuvent avoir à l’intérieur d’elles des comportements de la sorte, des comportements vraiment très exclusoires, des comportements qui pourraient être même dangereux pour certaines personnes. Puis j’avais envie qu’on ouvre la conversation sans que ce soit une accusation ou sans que ce soit nécessairement une grosse…

[00:05:06.660] – Tatiana St-Louis
Tu sais pointer du doigt qui que ce soit, mais vraiment de conscientiser à qu’est-ce qui pourrait se passer et comment est-ce qu’on veut aussi se protéger, mais aussi pas non plus mettre tous les œufs dans le même panier, pas mettre tout le coaching dans le même panier et surtout pas tout le type d’aide qu’on pourrait vouloir aller chercher au niveau de d’autres personnes dans une industrie qui, on le sait, n’est pas régularisée. Si vous êtes intéressée aussi à cette conversation, je vais juste vous le mentionner tout de suite, il y a trois épisodes que j’avais enregistrés il y a quelques quelques mois je crois, sur le problème du coaching business aujourd’hui et comment choisir un coach, genre tu sais les aptitudes à développer en coaching par soi-même ou avec son coach. Je vais vous mettre les liens vers ces épisodes aussi dans les liens de la description pour que vous puissiez continuer justement à réfléchir à cette posture-là, parce que ça va être important, si vous êtes entrepreneur, de savoir de qui vous vous entourez et dans quel espace vous vous entourez et aussi de faire confiance à vos ressentis et à comment vous voulez vivre dans le fond, ces accompagnements-là.

[00:06:20.200] – Tatiana St-Louis
Donc la première chose que je voulais aborder, c’est qu’il y a des conversations naturellement, et il y a de plus en plus de groupes qui se créent pour critiquer le coaching, les approches de coaching, y compris l’approche de coaching business. Et là où je les rejoins, c’est que ce que moi j’ai remarqué, pis c’est pas un hasard pourquoi on parle souvent des gourous entre guillemets du web, et si vous avez déjà visité ma map interactive sur le milieu entrepreneurial, vous allez voir qu’il y a un territoire qui est dédié aux gourous du web. Les gourous du web sont souvent de ces entrepreneurs qui ont réussi à atteindre un certain degré de succès financier et qui amènent avec eux des communautés parce qu’ils leur promettent de leur dire comment accéder à ce succès aussi. Et parfois, ben ça va être sous la forme de modèle, « Suis ce modèle d’affaires et c’est sûr que tu vas faire 100K d’ici la fin de l’année ». Parfois, ça va être sous la forme de savoir être genre « fais cette manifestation ou connecte à l’énergie du quantum ou whatever et tu vas avoir ces résultats que moi aussi j’ai ». Fait que tout est englobé par cette espèce d’idée du culte de la réussite, où la réussite financière, la réussite entrepreneuriale devient cet éden, cet eldorado qu’on veut atteindre et que cette personne, ce gourou a une clé qui va nous permettre d’y accéder.

[00:07:58.280] – Tatiana St-Louis
Ce que ça va créer, c’est des communautés qui vont se regrouper autour de cette personne-là ou de cette pratique-là et ce qui va les rejoindre, c’est cette identité aspirationnelle. Puis encore une fois, je ne suis pas une spécialiste des cultes et des sectes, mais il y a quelque chose de très fort dans les regroupements qui sont basés autour d’une identité. Et là vous pouvez penser à n’importe quel mouvement, les mouvements qui vont… Autant des mouvements nazis que des mouvements religieux ou des mouvements activistes, ou peu importe… Le véganisme, puis je ne dis pas que c’est une secte, je fais juste donner un exemple ici… C’est des communautés ancrées dans des identités aspirationnelles. On aspire à ceci parce qu’on veut atteindre ce type de valeurs, on veut avoir notre place dans le paradis, on veut avoir notre part du gâteau de la richesse de ce monde, etc.

[00:09:19.750] – Tatiana St-Louis
L’autre chose qui semble aussi être vraiment caractéristique de ces groupes-là, c’est qu’il y a quand même un souci d’homogénéité. On va croire dans certains préceptes, que ce soit un modèle d’affaires ou des croyances énergétiques ou peu importe, ça reste des croyances, on va croire que certains modèles ou que certains diktats vont mener à cette réussite, à cet Eldorado. Ce qui fait que dans cette homogénéité de croyance, ben c’est sûr que toutes celles qui vont sortir de la norme ou qui vont questionner l’homogénéité vont être mises de côté. Et c’est là genre que souvent on va voir se créer des mécanismes de honte, des mécanismes de honte qui vont être mis sur les personnes qui vont sortir du discours. Et ces mécanismes de honte peuvent aller, comme l’exemple que cette personne dans mon mastermind m’a donné, l’excommunication en disant « Ta place n’est pas parmi nous, tu es rejeté du groupe » ou dans le cas des mormons, c’est la même chose, tu décides de ne plus faire partie du mormonisme donc on va tous couper le lien avec toi, c’est comme si tu étais mort pour nous.

[00:10:37.660] – Tatiana St-Louis
Il y a un genre d’excommunication. Il y a un retrait forcé et violent d’une communauté. Le blaming des victimes, le victim blaming, donc de s’en prendre aux victimes comme en disant « si tu manifestais mieux ou si tu suivais mon modèle à la lettre, tu serais pas dans ta situation actuelle » ou « la raison pour laquelle tu échoues en ce moment, c’est parce que tu ne fais pas assez de si, tu ne fais pas assez de ça, tu n’as pas encore maîtrisé telle chose ». Fait qu’ici encore, un mécanisme de honte qui est posé sur la personne qui ne fait probablement pas ce que son gourou lui dit comme il faut. Et troisième chose aussi qui arrive dans ces communautés-là, souvent, c’est la pathologisation. Donc d’aller trouver des choses à l’intérieur des individus ou de nous-mêmes qui fait que voici pourquoi on est malade. Comme par exemple c’est ma peur du manque ou c’est ma basse énergie, ma basse fréquence ou bref, peu importe. Qu’est-ce que ça peut être ces espèces de pathologisation ?C’est money mindset, c’est ma façon que j’ai appris telle autre affaire chez telle autre personne.

[00:11:55.090] – Tatiana St-Louis
Bref. Fait que tu sais victim blaming, pathologisation, excommunication ou rejet, tout ça c’est des mécanismes de honte qui sont utilisés dans le groupe, dans les groupes sectaires, pour maintenir cette homogénéité du discours et pour s’assurer qu’il n’y aura pas de dérive à l’intérieur même du groupe et donc que ça va rester quand même assez solide, où le gourou, ou la personne qui est mise en pouvoir entre guillemets, en pouvoirs psychologiques, elle va maintenir son état de domination sur les autres. Puis là, tu sais, on s’entend, je parle de domination, mais c’est sûr que les personnes qui sont dans ces groupes-là ne vont pas le ressentir comme ça, elles vont sentir « hey j’ai rencontré une communauté qui ont les mêmes aspirations que moi, qui ont les mêmes visions que moi, et on veut tous travailler dans le même objectif et c’est pour ça qu’on se regroupe ensemble ».

[00:12:57.580] – Tatiana St-Louis
Sauf que là, c’est intéressant justement d’ajouter où sont les mécanismes de la honte pour pouvoir identifier un groupe ou une communauté qui se rejoint de façon organique et non hiérarchique, d’un groupe qui est dans un modèle un peu plus culte / sectaire / gourou. Puis naturellement, je vais pas non plus oublier le fait que bien souvent, ce qui va représenter une secte, c’est l’emprise financière que les gourous vont avoir sur leur communauté. Et cette emprise financière, on peut la voir aussi au niveau du coaching ou du coaching business ou peu importe, avec des personnes qui vont investir énormément, s’endetter énormément pour rentrer dans ces communautés, pour continuer à aspirer à cette idée de la réussite, pour continuer à régler leurs maladies, leurs pathologies qui vont leur permettre de débloquer la clé vers le quantum ou peu importe et ainsi accéder à cet Éden, cet Eldorado. Fait que là, ça c’est… Et puis c’est intéressant parce que la conversation qu’on avait, elle tournait beaucoup autour d’autres expériences, d’autres personnes aussi, qui sont quand même assez familières avec les milieux de la secte.

[00:14:22.540] – Tatiana St-Louis
Et puis l’excommunication, justement, le rejet des communautés, c’est quelque chose qui est vraiment difficile à vivre. Une personne a même utilisé le terme « mort sociale » et vous pouvez imaginer que si vous faites partie d’une très grosse communauté ou d’une communauté d’une entrepreneure qui, ou d’un entrepreneur, qui aurait beaucoup de pouvoir au niveau de son réseau ou de sa visibilité, de tomber dans ses mauvaises grâces entre guillemets, ça peut équivaloir dans votre esprit à un genre de mort professionnelle. Surtout si vous avez beaucoup investi avec ce groupe-là et puis que vous avez déjà engagé beaucoup d’étapes pour justement accéder à certains des paliers qui avaient été promis. Moi personnellement, parce que je suis une personne très solitaire et indépendante, j’ai jamais adhéré à ces communautés-là, mais c’est pas pour rien encore une fois qu’on les appelle les gourous du web. Et ce qui est… Pis, moi j’en parle souvent dans mes contenus, hein, de faire attention à ces gourous-là, parce que souvent aussi, ce qui arrive, c’est que les gourous vont s’adresser à des individus en détresse ou des individus en besoin ou en manque de quelque chose et qui ont envie de tout faire pour se sortir de là et sont rendus à leur dernier recours.

[00:15:50.680] – Tatiana St-Louis
Et ça, j’ai toujours trouvé ça personnellement un peu tricky au niveau du coaching entrepreneurial, parce que c’est sûr que dans mon quotidien d’entrepreneur, je reçois beaucoup de demandes ou je vois beaucoup de personnes qui sont à ce niveau de détresse-là, qui sont genre c’est ma dernière chance de réussir, j’ai déjà beaucoup, tu sais, j’ai déjà investi des milliers et des milliers de dollars pis ça marche toujours pas. Tu sais, je veux dire, il faut que ça marche. Puis il y a cette énorme pression qui est mise sur la personne pour faire débloquer quelque chose dans son entreprise. Et les gourous vont souvent parler de cette fameuse clé, de cette fameuse transformation et les personnes qui sont en situation de détresse vont être appelées, excusez-moi, par ce genre de promesse. Je vais prendre un petit peu d’eau. Puis le problème quand on travaille avec des individus en détresse ou proches de la détresse, c’est que là, on rentre dans un espace très près du trauma.

[00:17:02.730] – Tatiana St-Louis
Et qui dit trauma dit réalité psychologique. Qui dit réalité psychologique dit qu’on n’est pas très loin du domaine du soin, hein ? Pis même si on est un coach business pis on a l’impression de juste travailler au niveau des modèles d’affaires, puis des stratégies de marketing, puis whatever, quand on est confronté à une population qui peut ressentir de la détresse, il faut être très au courant pour savoir comment premièrement pouvoir gérer cette relation-là, mais aussi pas créer plus de mal que ce qui est probablement à l’orée de la conscience. Ok. Mais c’est sûr que la problématique c’est « comment on fait pour respecter l’agentivité d’une personne tout en se responsabilisant face à nos dérives potentielles qui pourraient mener à un abus de pouvoir qui pourrait mener à faire du mal sans nécessairement le savoir », et naturellement, il n’y a pas de réponse parfaite, mais c’est vraiment ça la question qui émerge quand on commence à réfléchir aux différents espaces de développement personnel et de coaching qui sont des espaces de soins. Pour moi, le coaching, que ce soit du coaching business, du coaching fitness, du coaching de relation amoureuse, on est toujours dans le domaine du soin parce qu’on est dans la relation avec nos clients.

[00:18:32.860] – Tatiana St-Louis
On n’est pas dans la formation pure et dure. On est dans une interaction où on est souvent confronté à des histoires personnelles. On est souvent confronté à justement des traumas ou à des modèles de voir le monde ou des façons de voir le monde, des perspectives qui ne sont pas homogènes. Fait que là, la majorité des gens vont dire « OK, mais la solution d’abord, c’est de régulariser le coaching et donc d’avoir un corps comme le International Coaching Federation pour certifier les coachs, s’assurer qu’ils travaillent de telle façon et d’agir de telle façon et que nous on prend en charge, hein nous l’organisme, la fédération, on prend en charge toute l’éthique de travail et c’est nous qui formons les coachs ». Puis on avait cette conversation dans le Mastermind, parce que selon moi et selon beaucoup de personnes avec qui je parle dans ces domaines-là, la régulation ou la régularisation, je sais pas comment on appellerait ça… C’est la régulation… C’est pas nécessairement la solution. Puis on l’a vu avec les ordres professionnels, on l’a vu dans beaucoup de domaines, y compris les certifications qui sont données par des universités et tout ça.

[00:20:02.840] – Tatiana St-Louis
La première chose, puis ça, je vais juste le nommer, mais c’est que ces certifications, bien souvent, c’est aussi des produits, c’est des modèles d’affaires, c’est des façons de faire de l’argent, puis ça fonctionne selon l’offre et la demande, puis il y a des gens qui font du profit de l’autre côté. Ils ne font pas nécessairement juste ça parce qu’ils sont gentils et qu’ils veulent le bien-être de tout le monde. Il y a aussi un côté pécunier qu’il ne faut pas éliminer. Mais la chose qui est plus problématique pour moi autour de la régulation du coaching, c’est que ça nous mène à un contrôle qui nous infantilise, un contrôle qui va être établi bien souvent dans un système patriarcal, parce que si vous regardez la majorité des corps certifiants, vous allez voir qu’ils sont bâtis sur un modèle patriarcal et hiérarchique dans lequel il y a beaucoup de blanc et de noir et de sanctions et de choses comme ça. Mais le plus important pour moi, c’est que ça mène à un contrôle infantilisant. Puis quand je dis patriarcal, c’est vraiment dans le sens père/enfant, patriarche/enfant. Le patriarche me dit quoi faire et moi je suis les règles.

[00:21:06.170] – Tatiana St-Louis
Et quand on opère dans un modèle d’infantilisation, en tant que professionnels qui sommes directement en face des clients qu’on aide, on est limités dans, non seulement notre apprentissage, mais aussi dans notre flexibilité à apporter de l’aide selon des modalités qui ne seraient pas nécessairement certifiées par ce corps-là. Donc là, on accumule des certifications parce qu’éventuellement on veut pouvoir travailler avec plusieurs modalités. C’est pas vrai que juste la PNL, ça fonctionne. Il y a l’hypnose qui existe, il y a plein d’autres choses. C’est juste que souvent elles ont pas encore eu le temps d’être complètement testées scientifiquement. Ça prend quand même plusieurs tests et recherches et tout ça qui doivent passer à travers le modèle académique et souvent ça va peut-être même à l’encontre de la culture, comme par exemple je pense à l’acupuncture qui n’a jamais été prouvée scientifiquement jusqu’à date, mais en même temps, elle est utilisée dans l’Orient depuis des millénaires et l’Occident a juste refusé de même investir suffisamment pour aller prouver ces sciences qui sont dites comme alternatives mais qui ne sont pas considérées dans le domaine de la médecine.

[00:22:22.960] – Tatiana St-Louis
Donc, il y a quelque chose ici au niveau de l’infantilisation. Et quand on mène à un contrôle infantilisant, ça va mettre un frein à tout ce qui va sortir de la norme, ça va mettre un frein à l’innovation. Et cette rigidité qu’on va instaurer, elle va être instaurée bien souvent et elle va être sanctionnée par des fonctionnaires et non pas par des praticiens. Ou si c’est par des praticiens, des praticiens qui ne sont pas nécessairement en face à face avec les clients et donc qui ne peuvent pas non plus voir l’évolution des méthodes à travers les différentes pratiques. Et enfin, je trouve que l’idée de la régulation, même si en soi c’est bon parce qu’on veut protéger les gens, ça déshumanise les agents, ça déshumanise autant le praticien que ça déshumanise le client. Parce qu’à quelque part, tu sais, on prend en considération la relation qui est créée dans l’espace de coaching et on le soumet à des règles qui sont strictes et rigides et qui ne s’adaptent pas à une relation fluide et flexible qui est nécessaire en coaching pour réussir.

[00:23:48.040] – Tatiana St-Louis
Donc ça, c’est les raisons pour lesquelles je ne pense pas que la régularisation est nécessairement… ou la réglementation, c’est peut-être ça le mot que j’aurais dû utiliser, la clé. Mais par contre, là où je pense qu’il faut vraiment développer un coaching plus éthique et que ça nous donne l’opportunité de le faire, c’est dans des aptitudes qu’on a, qu’on nous a désinvestis à travers notre éducation et tout ça, à commencer par la pensée critique. La pensée critique, c’est la clé pour se protéger et se régulariser comme individu dans un groupe et dans une société. Quand on ne développe pas notre propre pensée critique, on n’est pas en mesure de réfléchir au-delà de ce qu’on nous donne en surface. Et j’en ai parlé justement dans cet épisode de podcast que je vous référais, le problème avec le coaching business aujourd’hui, c’est que la majorité des gens viennent en coaching business en espérant qu’on leur dise quoi faire. Et moi, ça a toujours été mon approche et l’enjeu que je voulais régler, c’est que je ne peux pas te dire quoi faire parce que ton contexte est tellement spécifique et tellement différent du mien qu’il faut qu’on analyse qu’est-ce qui est le mieux pour toi à travers différents types d’expérimentations.

[00:25:09.970] – Tatiana St-Louis
Mais pour ça, tu dois être en mesure de pouvoir identifier qu’est-ce qui est bon, qu’est-ce qui est pas bon, qu’est-ce qui a marché, qu’est-ce qui a pas marché ? Qu’est-ce qui est du drama que je me fais dans ma tête ? Qu’est-ce qui est un contexte réel et une limitation réelle ? Bref, de faire toutes ces distinctions là, extrêmement nuancées, mais qui sont uniquement possibles quand on exerce notre pensée critique. Moi j’appelle ça l’intelligence entrepreneuriale, mais en gros, c’est la pensée critique. Et l’autre chose qui est important avec la pensée critique pour pouvoir la laisser évoluer dans un groupe justement, c’est un bris conscient des hiérarchies. Un bris conscient des hiérarchies dans le sens que si on pense au fameux culte, aux gourous, à la secte, il y a quelqu’un au top comme sur une pyramide, et tous les autres. Il y a probablement des gens qui sont plus proches de la pyramide, il y en a qui sont un peu plus bas, puis il y a la masse.

[00:26:10.960] – Tatiana St-Louis
Mais quand on brise cette hiérarchie-là et qu’on focus sur l’autorité individuelle, ben là on permet à la pensée critique de se développer parce que chaque personne a la responsabilité de réfléchir à ses choix dans le collectif. Pis ça, c’est ce bris conscient des hiérarchies, c’est une des valeurs fondamentales du coaching féministe et pourquoi j’ai décidé justement de me former à cette approche-là. Parce que c’est seulement quand on est capable de redonner l’autorité à l’individu et lui redonner la permission aussi d’être dissident, de dire non, de ré-expérimenter, de se permettre de voir une autre perspective, mais pas nécessairement l’intégrer. C’est quand on permet à notre client, dans un espace non hiérarchique, de reprendre cette place-là, qu’on permet à cette régulation de se créer. Parce qu’à quelque part ma pensée critique, ta pensée critique, on est capable d’entrer en dialogue de cette façon-là. Au lieu de rentrer dans un modèle où moi, comme coach, je transfère mon information à l’autre personne, je transfère mes croyances, je transfère mes valeurs, je transfère ma vision et l’autre personne est juste là pour absorber, absorber, absorber et ensuite exécuter comme je lui ai dit.

[00:27:37.200] – Tatiana St-Louis
Une autre valeur qui est vraiment importante, c’est de viser l’évolution et non la résolution. Encore une fois, si je prends le modèle de la résolution, c’est il faut qu’on fasse 100K d’ici la fin de l’année. Et ça, on s’en fout de ton rythme, on s’en fout de ce qui se passe dans ta vie, on s’en fout de comment tu vas vendre. Nous, notre objectif, c’est cette résolution-là, parce que c’est ça ton problème, selon ce que tu m’as dit. Tandis que dans un coaching qui est non hiérarchique et dans lequel on laisse plus de place à la pensée critique, à l’expérience humaine de chaque personne, on doit apprendre à jouer avec les différents rythmes. Les rythmes de chacun qui vont faire comme « OK. Est-ce qu’on est en train d’évoluer, est-ce qu’on est en train de bouger dans la direction sans nécessairement avoir une résolution ? » Des fois, on va être plus longtemps dans une phase d’intégration avant d’avancer vers quelque chose d’autre. Puis ça, c’est tout aussi important que le résultat sur le chiffre d’affaires que les gourous ils aiment tellement voir, parce que eux, ça les confirme dans le modèle publicitaire qu’ils vont vendre, ils vont dire « Voyez, 10 % de nos élèves arrivent à ça ».

[00:28:53.320] – Tatiana St-Louis
Autre chose, pour un coaching plus éthique et essayer d’éviter la dérive sectaire, c’est la culture du consentement éclairé. Et encore une fois, pour avoir un consentement éclairé, ça nous prend de la pensée critique. Une culture du consentement éclairé, c’est basé dans le dialogue, la négociation. La négociation, c’est pas nécessairement qu’on va négocier sur le prix d’un programme ou des choses comme ça. La négociation, c’est de dire « Est-ce que, en ce moment, tu es prête à recevoir telle chose ? Qu’est-ce qui te ferait du bien maintenant pour avancer ? De quoi tu as besoin, là, maintenant ? » Ça ouvre le dialogue, ça demande à l’autre de se mettre en position d’autorité et ça permet à différents échanges d’avoir lieu où on négocie ensemble la direction qu’on va prendre. Parce que c’est à travers cette négociation aussi qu’on va pouvoir régulariser notre industrie à travers des push back, à travers du feed back, à travers différentes façons de voir les objectifs, de voir là où on s’en va. Donc cette culture de consentement, elle doit être accompagnée aussi d’une culture anti-honte qui prend en considération tous les types d’intelligence.

[00:30:14.890] – Tatiana St-Louis
Et quand je parle de tous les types d’intelligence, on parle ici du soma, donc le corps, les symptômes de l’inconscient, les différentes intelligences en terme de neuro-divergences, comme je l’ai dit tantôt, les différents rythmes, les cycles, c’est pas juste encore une fois une intelligence très rationnelle et cognitive, mais vraiment genre les différents types d’intelligence, y compris l’intelligence traumatique. Parce que le trauma est un type d’inscription qui est une codification de ce qu’on a reçu de notre environnement. Donc les voies vers un coaching plus éthique : bris conscient des hiérarchies et focus sur l’autorité individuelle, viser l’évolution et non la résolution, la culture du consentement éclairé et une culture anti-honte qui prend en compte la considération de tous les types d’intelligence. Puis pour terminer, parce que là, j’ai l’impression que j’ai donné beaucoup de concepts, mais je serais vraiment curieuse de savoir comment vous les recevez justement. Qu’est-ce que vous en pensez ? On ne vise pas la perfection. Je pense que c’est ça aussi que je n’aime pas avec l’idée de réguler une industrie, c’est que quand on régule une industrie, on lui met un carcan qu’il est vraiment difficile de faire évoluer, qui va devenir de plus en plus solidifié.

[00:31:36.170] – Tatiana St-Louis
Et ensuite ça va être difficile de corriger quand le carcan est trop étouffant ou quand le carcan fait du mal à d’autres clients. Parce que ça se peut qu’on se soit trompé aussi au niveau de la régulation, ça se peut qu’on n’ait pas pris en compte tous les aspects. Et ça, c’est dangereux quand on crée une régulation qui n’est pas capable d’évoluer de façon agile. Donc on ne vise pas la perfection ici, mais on se donne la grâce et l’ouverture pour les espaces de réparation, si jamais on voit qu’on a fait du mal ou qu’on a outrepassé nos limites. Je pense que c’est important aussi de réaliser que c’est possible dans des relations de soins, de mal avoir saisi les signaux, d’avoir réagi de la mauvaise façon ou des choses comme ça, sans se victimiser, sans se taper sur la tête, sans se culpabiliser parce qu’on est dans une culture anti honte. Être prêt à offrir réparation, à ouvrir des dialogues de réparation si jamais il y a quelque chose qui se passe. Pas hésiter non plus à travailler en collégialité avec d’autres expertises.

[00:32:43.240] – Tatiana St-Louis
Moi ça m’arrive souvent de dire, de savoir elle est où ma limite de genre ceci est un enjeu à travailler avec thérapeute, ceci est un enjeu qu’on peut amener en coaching, voici comment on va pouvoir l’adresser, mais toujours dans le consentement. Et moi j’ai beaucoup, beaucoup de clients qui travaillent en combinaison avec moi et avec des psychothérapeutes ou avec des personnes dans d’autres industries du soin et pour moi c’est parfait, c’est le dream team. C’est comme ça qu’on devrait travailler. Parce que moi, en tant que coach business, je n’ai pas l’expertise d’une psychothérapeute. Par contre, je suis conscientisée aux traumas, je suis conscientisée au travail sur la honte, je suis conscientisée à tout le travail au niveau du soma, de l’inconscient et tout ça, ce qui me permet d’établir les limites saines et sécuritaires de ma pratique. Et ça, c’est vraiment important d’être honnête dans nos expertises et nos limites. Parce que quand on invite des clients dans nos espaces, c’est nous qui devons créer cet espace sécuritaire et donc on doit savoir où sont les limites de la sécurité qu’on peut offrir.

[00:33:51.390] – Tatiana St-Louis
Donc moi ce que j’encourage les coachs, c’est de ne pas nécessairement avoir peur de heurter ou de se lancer, mais vraiment de prendre au sérieux son rôle relationnel de coach et de travailler sur soi, d’apprendre différentes modalités, de comprendre c’est quoi notre philosophie de coach et d’être vraiment ouvert avec nos clients, d’ouvrir ce dialogue. Parce que justement, dans un état non hiérarchique, on est en co-création, on est dans quelque chose qui est là pour faire du bien aux autres idées idéalement, mais genre au bout du compte, et en tant que client, ce que je dirais, c’est juste de vraiment comme être de plus en plus conscient au pouvoir qu’on a de décider de ses espaces, de décider avec qui on veut travailler, de quelle façon on veut travailler, puis de ne pas compartimenter, puis de dire « ah ça c’est juste de la business », puis de pas oublier que notre expérience humaine, elle est multidimensionnelle, elle est holistique et que dès qu’on rentre dans une relation avec un coach, dans un lieu comme un groupe ou des choses comme ça, de savoir où sont mes limites à moi, comment j’établis une pensée critique, avec quoi je ne suis pas d’accord.

[00:35:05.460] – Tatiana St-Louis
Puis de se donner la grâce aussi de se tromper, de dire « j’ai essayé ceci et ça ne m’a pas convaincue, puis je vais le quitter librement ». C’est ça que j’avais pour vous aujourd’hui, j’en ai beaucoup à dire j’ai l’impression là-dessus. Mais c’est sûr que bon, il faut structurer toute cette pensée-là et je pense qu’il va y avoir de plus en plus de conversations autour de ça, il y en a de plus en plus dans tous les cas, et comme d’habitude, je suis toujours ouverte à entendre vos opinions sur le sujet. Alors merci d’avoir été là et on se dit à la prochaine.

[00:35:43.840] – Tatiana St-Louis
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à propos de l’auteureTatiana St-Louis

Adepte de littérature russe et collectionneuse de lunettes de designer, Tatiana a fondé Aime Ta Marque pour donner des outils aux femmes de carrière et entrepreneures pour mieux raconter leur histoire personnelle. Spécialiste des communications basée à Montréal, elle s'implique au sein de plusieurs communautés visant au développement professionnel des femmes.
Ep. 159 Coaching pour entrepreneures ou secte déguisée?

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