Suivre les règles, rester dans le rang, appliquer sagement les stratégies qui fonctionnent sans les remettre en question… La société nous apprend dès le plus jeune âge à ne pas trop nous éloigner du “système” et à respecter l’ordre établi, façonnant petit à petit notre manière de réfléchir et implantant subrepticement l’idée que l’originalité et le chaos sont des notions à fuir de tout notre être.
Surtout en tant que femmes et personnes en situation d’oppression systémique, on est encouragées à rester à notre place, le plus loin possible de ce qui pourrait engendrer le chaos.
Pourtant, notre volonté d’y échapper en se cantonnant aux règles et aux systèmes pré-établis est parfois exactement ce qui nous empêche d’innover et de développer nos entreprises.
Pour explorer le lien entre créativité, innovation et chaos, j’ai reçu Émilie de Carufel, véritable experte quand il s’agit de trouver des solutions innovantes pour résoudre des problèmes. Nous plongeons ensemble dans une conversation enrichissante sur la nécessité d’embrasser le chaos pour libérer notre potentiel innovant et repousser les limites de la pensée conventionnelle en entreprise.
Dans l’épisode d’aujourd’hui, on discute notamment de :
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La définition de l’innovation selon Émilie (une fois qu’on la libère de son étiquette “réservée aux startups”)
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Le rôle du chaos dans notre processus créatif
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Les défis les plus courants dans le processus d’innovation
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Comment vraiment donner une chance à l’innovation dans nos équipes et nos entreprises
À propos d’Émilie de Carufel
Mentionné dans cet épisode :
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Mannequin, Michael GOTTLIEB, 1987
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Le lien vers la fameuse vidéo YouTube d’Émilie de Carufel
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Découvre mon programme signature Autopoiesis
Transcription de l’épisode 162
Ep. 162 Embrasser le chaos pour mieux innover avec Emilie de Carufel
[00:00:00.270] – Tatiana St-Louis
Vous écoutez l’Ambition au Féminin Episode 162 et aujourd’hui on reçoit Emilie de Carufel avec qui on va parler de chaos, de créativité et d’innovation.
[00:00:13.410] – Tatiana St-Louis
Mon nom est Tatiana St-Louis et j’anime L’Ambition au Féminin, un podcast pour toutes les femmes pleines de vision, de talent et de drive qui désirent redéfinir le succès selon LEURS termes et LEURS conditions. Chaque semaine, j’explore, seule ou en présence d’invités, les thèmes entourant la réussite professionnelle et personnelle. Mindset, productivité, leadership, branding personnel… C’est LE rendez-vous pour réfléchir à la façon dont TU veux vivre ton plein potentiel et laisser ton empreinte dans le monde.
[00:00:48.720] – Tatiana St-Louis
Salut les ambitieuses ! Comment vous allez aujourd’hui ? J’espère que je vous trouve en bonne forme. Aujourd’hui, je vous propose une entrevue où on va parler d’un sujet qui est probablement mon sujet de l’année. J’ai l’impression que tout ce que je fais en ce moment me ramène vers cette réflexion et c’est une réflexion autour du chaos. Et dans les dernières années, j’ai beaucoup travaillé avec le concept du chaos parce qu’il est très très proche de la créativité, il est très très proche de la réalité entrepreneuriale. Et dans toutes mes réflexions autour de qu’est-ce que c’est une entreprise autopoïétique, une entreprise qui s’auto-régule, une entreprise qui vise la durabilité, la notion de chaos est vraiment importante parce qu’elle fait partie de notre expérience humaine, de notre expérience entrepreneuriale. Elle fait partie même de notre expérience organique comme corps humain, comme être vivant dans un univers qu’on comprend très peu, en rétrospective, et pour ne pas être trop métaphysique, quand on ramène ça à l’entreprise, c’est sûr que parce qu’on est limité dans notre connaissance du futur, on est limité même dans notre connaissance, par rapport à tout un tas de décisions qu’on doit prendre, on doit apprendre à naviguer le chaos.
[00:02:19.080] – Tatiana St-Louis
Et une des places où on doit justement travailler avec ça, le structurer, c’est dans tout ce qui est de l’ordre de l’innovation, de l’ordre de la tech, de l’ordre de n’importe quel système ou effort de trouver des solutions. Et c’est de ça que j’avais envie de vous parler aujourd’hui avec mon invitée Émilie de Carufel qui justement, c’est une personne, selon moi comment je la connais et comment je la vois, qui est très habile avec cette notion de chaos et à aider les équipes, souvent en entreprise, les start-ups, etc à naviguer ce chaos pour en faire ressortir de la richesse. Donc qui est Émilie de Carufel ? C’est une personne qui a comme passion de concrétiser les idées folles. Elle aime résoudre des problèmes complexes avec des solutions créatives, simples, funky et concrètes, le tout dans un processus itératif et full collaboratif bien sûr. Et Émilie dit qu’elle ne sait plus combien de fois les gens sont venus la voir pour lui dire « Émilie, j’ai une idée folle, tu en penses quoi ? »
[00:03:39.630] – Tatiana St-Louis
Et 92 % du temps elle dit « cool essaie ça au plus vite ». Donc elle a passé 25 ans dans des rôles de gestionnaire de projet Scrum Master et de gestionnaire en transformation. Des projets funky impossibles et réalisés, elle en a une tonne derrière la cravate. C’est quelqu’un qui ose faire les choses différemment pour obtenir des résultats différents. C’est exactement l’interlocutrice que j’avais besoin pour parler d’innovation, de créativité et surtout de la place du chaos pour venir chercher nos plus belles et nos plus efficaces idées. Alors sans plus attendre, je vous laisse avec cette entrevue avec Émilie.
[00:04:19.710] – Tatiana St-Louis
Hello ! Hello Émilie ! Comment vas-tu ? Bienvenue sur l’Ambition au Féminin.
[00:04:24.300] – Emilie de Carufel
Ça va bien toi ? Merci de m’avoir invitée.
[00:04:31.410] – Tatiana St-Louis
Oui, ça va super bien. On s’est parlé il y a pas longtemps et puis je me disais « Ah ça va être tellement intéressant de se parler plus longuement sur le podcast ». Dans cette entrevue, je donne tout un petit contexte de pourquoi je t’ai invitée. En fait je sais pas, je pense que je t’avais vue passer… Je te vois souvent passer sur LinkedIn et là j’avais vu particulièrement un post où tu partageais une vidéo que tu avais mise sur ta chaîne YouTube et j’ai regardé ta vidéo et j’étais crampée.
[00:05:07.560] – Emilie de Carufel
Yes ! J’ai atteint mon but.
[00:05:11.400] – Tatiana St-Louis
Puis tu sais, c’était comme toi qui créait le chaos dans une salle de réunion, dans un événement. Et toi qui commentait ta création de chaos. On va mettre le lien naturellement de cette vidéo dans les notes pour celles qui veulent regarder, mais j’étais comme « c’est tellement bon ! ». Pis en même temps, c’était tellement low-tech dans le sens où ta vidéo était pas super léchée, montée whatever.
[00:05:37.260] – Tatiana St-Louis
C’était vraiment naturel. Puis j’avais vraiment aimé comme le message sous jacent qui passait de ça parce que je suis beaucoup en train de réfléchir à la place du chaos dans nos processus créatifs, puis à commenter, genre je pense que t’étais peut-être là quand j’avais donné mon programme sur la détox de la bonne élève, tu sais, genre beaucoup sortir des carcans préétablis. Mais bon, c’est une longue longue introduction que je viens de faire. D’habitude, je commence avec ma question brise-glace qui est : qu’est-ce que tu voulais être quand tu étais petite ?
[00:06:14.010] – Emilie de Carufel
Oh, j’ai tellement plein de bonnes histoires ! Je vais essayer d’en choisir une par rapport à ça. Une chose qui faisait bien rire mon entourage quand j’étais jeune, comment ça s’appelait ? Donc je voulais être… Ah, je me rappelle plus du terme là, mais c’était la professionnelle qui s’occupe de faire les vitrines dans les magasins.
[00:06:35.670] – Tatiana St-Louis
Wow !
[00:06:37.320] – Emilie de Carufel
Tu sais les mannequins, pis tout ça, c’était à cause du film qui s’appelait « mannequin », genre je sais pas si tu te rappelles dans les années 80, l’idée, le concept du film, c’est très simple, c’est genre un gars qui est célibataire, mais il est donc fin tu sais, puis finalement il n’arrive pas à se trouver une personne à son goût. Pis là il travaille dans un magasin pis il fait des vitrines, pis là, il y a un des mannequins qui pendant la nuit est une vraie femme, quasiment comme une sirène là, tu sais. Pis là, elle l’aide à concevoir des vitrines, écoute complètement éclatées, super réalistes et tout ça, puis là ça sort vraiment de l’ordinaire. Et ça, c’est un film qui m’a marquée, je sais pas quel âge que j’avais, mais je te dirais à huit/dix ans, j’étais comme « Ouais, c’est ça que je veux faire moi. Je veux faire des vitrines dans les magasins avec des mannequins » et je rêvais de tout ça, faire des mises en scène pis tout. Ouais.
[00:07:25.320] – Tatiana St-Louis
Pis est-ce qu’il finit avec elle ? Est-ce qu’elle redevient humaine pour toujours ?
[00:07:29.130] – Emilie de Carufel
Je m’en rappelle plus, je pense. Je suis due pour le re-regarder. Ça doit pas être bien bon d’ailleurs aujourd’hui. Je me rappelle plus, c’est genre une affaire de sirène que genre il l’embrasse puis elle devient humaine ou je sais pas trop.
[00:07:40.770] – Tatiana St-Louis
Wow.
[00:07:41.880] – Tatiana St-Louis
Non, j’ai jamais entendu parler de ce film-là. Intéressant. Ok, j’ai jamais rencontré personne qui voulait faire ça dans la vie. C’était vraiment, vraiment très cool. Ce que je retiens de ça, naturellement, c’est créer des choses inusitées pour les gens comme qui vont les attraper dans leur quotidien, qui vont leur donner une expérience différente aussi, puis les mettre en joie, qui sait, en tout cas les amener à acheter.
[00:08:09.510] – Emilie de Carufel
Ouais ben c’est drôle, tu sais, moi ce qui me faisait tripper, c’est créer l’ambiance, puis le faire comme « oh mon dieu, c’est bien le fun ! » Puis je me faisais des setup de vitrine dans ma tête. En tout cas, je dessinais. Mais c’est intéressant que tu dises ça parce que je suis comme « Ah, je me suis jamais penchée sur le « en dessous », tu sais, qu’est-ce qu’il y a là ? »
[00:08:28.710] – Tatiana St-Louis
Ouais, non, non. C’est une des raisons pour lesquelles je pose cette question. Parce qu’il y a toujours un… Il y a comme quelque chose de cohérent dans notre cerveau qui fait qu’on a envie de peut-être répéter ça dans d’autres sphères de notre vie ou dans d’autres façons. On va explorer ça à travers cette entrevue. Mais bon, pour en revenir justement à cette histoire de YouTube et de chaos forcé, j’avais trouvé ça super intéressant. Puis j’avais eu envie de t’entendre justement plus en profondeur sur ta vision de la place du chaos dans l’innovation, la place du chaos dans l’entreprise. Parce que dans le fond, toi tu travailles avec des équipes pour les aider justement à créer des nouvelles… À solutionner des problèmes de façon différente. Et pour ça, tu leur crées des expériences inusitées aussi qui les sortent de leur modèle de réflexion. Donc je voulais commencer avec une question. Tu sais, le mot innovation, c’est un terme qui peut être un peu intimidant je trouve pour certaines personnes, un peu comme si c’était réservé aux start-up tech, à genre tu sais, des entreprises avec des départements de recherche et développement genre tu sais, des choses bien compliquées. Et toi, comment est-ce que tu définis ce terme-là ? Ou comment est-ce que tu vois… C’est quoi l’innovation ? Comment tu le comprends ?
[00:09:57.710] – Emilie de Carufel
Moi, comment je le comprends, l’innovation, c’est tout simplement une nouvelle façon de faire les choses ou de présenter les choses qu’on n’a jamais fait avant. Mais pas qui s’est jamais fait avant sur la planète entière. Que par exemple, une compagnie qui était tout de papier pis que demain décide de un peu informatiser, ben c’est une innovation pour eux, mais c’est pas nécessairement aussi complexe que ça. Ça peut être juste de dire on change notre processus pis on le vire à l’envers pour notre processus, ça peut être de marketing, ça peut être de rédaction, ça peut être de comment on crée des événements. Innovation, c’est tellement plus simple qu’on pense, c’est juste d’avoir le courage de se regarder dans le miroir, puis de regarder ce qu’on fait, puis qu’on prend pour acquis depuis des millions d’années. Bon, peut-être pas des millions, mais depuis longtemps, pis de dire « Y aurait-il d’autres moyens de voir les choses puis de faire autrement ? Pis est-ce qu’on n’essaierait pas ? » C’est juste ça, comment moi je le vois, du moins.
[00:10:58.070] – Tatiana St-Louis
Ouais pis comment est-ce que t’as décidé de vraiment t’intéresser à ça, puis à comment les gens, ils vivent ça ?
[00:11:06.840] – Emilie de Carufel
Ouais. Il y a quelques années, je venais de débarquer dans une compagnie de tech aussi numérique, tout ça, et je venais juste d’arriver. Puis j’étais flabbergastée de voir comment je trouvais que le monde dormait au gaz. C’est-à-dire que j’avais l’impression qu’on était tous des soldats dans nos petits cubicules gris pis qu’on chuchotait, c’est pas des farces là, genre le monde, ils chuchotaient pour se parler. J’étais là « ben merde, il y a plus d’ambiance dans une bibliothèque qu’ici. On est une compagnie à tech. Je veux dire, on doit innover parce qu’on est mort demain, là ». Pis ça c’est d’ailleurs, parenthèse, c’est souvent une affaire qu’on se fait accroire « oui, oui, on innove, on est bien bon et tout ». C’est pas vrai, parce que dans le fond, si tu changes pas pis tu remets pas en question tes façons de faire, même tes produits, tes services et tout ça constamment, peut-être pas à la minute près, mais facilement tous les mois, tu vas te faire ramasser par la compétition qui eux vont le faire.
[00:12:03.270] – Emilie de Carufel
Faque c’est une question de vie ou de mort là. Bref, j’étais dans cette compagnie-là et je me disais « je peux pas croire qu’on est pas comme en train de réinventer le monde. On est 500 cerveaux dans cette compagnie là, là, et on devrait être écœurant. Comment ça se fait ? » Puis je me suis donné le défi personnel, je sais pas trop pourquoi, mais je me suis dit « Est-ce qu’on peut changer une culture d’entreprise ? » Parce que je me disais « si ça change pas, là, ça veut dire qu’une compagnie, de même qu’il y a 500 cerveaux, ben on met la clé dans la porte ou on met tout le monde dehors ? » Ça a pas de sens. Je veux dire, ça n’a aucun bon sens. Alors on va se dire qu’on va fermer plein de compagnies d’ici deux, trois, cinq, dix ans. Tu sais, je me suis dit « ça doit se changer une culture comme ça, pour être plus innovant, pour être plus créatif, pour avoir plus d’audace. Mais comment ? »
[00:12:53.910] – Emilie de Carufel
C’est ça l’histoire comment. Fait que ça vient de là en fait.
[00:12:59.820] – Tatiana St-Louis
Puis là, qu’est-ce que t’as fait ? T’as genre parler à ton manager, puis tu lui as dit « Voici l’état des lieux » ?
[00:13:06.270] – Emilie de Carufel
Ouais, ben tu sais, j’étais gestionnaire… Ça fait… Et j’ai compté ça, c’est pas des jokes, ça fait quelques semaines que je comptais ça, ça fait genre 20 ans que je fais de la gestion de projet. Donc de part mon rôle de gestionnaire de projet, je suis habituée d’avoir des gens qui font partie d’une équipe mais pour lesquels je n’ai aucune autorité sur eux. En fait, un gestionnaire de projet, typiquement, on n’a jamais d’autorité sur personne, donc tu dois être « mauditement », excuse-moi le terme, créatif pour être capable d’embarquer le monde avec toi, tu sais, puis que le monde s’auto- organise jusqu’à un certain niveau, etc. Bref, je me disais de part ce background-là, j’arrivais souvent avec mes équipes à plus petit niveau à arriver avec des micro-innovations, mais c’était micro pis ça restait dans l’équipe pis ça se savait pas vraiment d’une équipe à l’autre. Tout ça fait que c’était vraiment très très silo power. Fait que oui, je me suis dit « OK, ça se change-tu une culture d’organisation ? »
[00:14:05.570] – Emilie de Carufel
Donc évidemment, j’ai fait ça by the book parce que là tu cherches sur les internets, puis la recette, tu sais, tu vas avoir ton boss, faut que ça parte d’en haut, bla bla bla bla bla bla. Ben là c’était pas drôle. Ça a pas marché pantoute. Pas pantoute. Je me suis pété le nez sur un mur, sur plusieurs murs d’ailleurs. Parce que là, ce que j’arrivais, c’est : je faisais des belles présentations, j’essayais de convaincre les boss dans le fond, de dire « Hey, tu sais, il faut qu’on soit plus innovants, tu sais, il faut qu’on essaye, qu’on donne la permission au monde d’innover plus. Il faut que si, il faut que si, il faut que ça ». Puis il a fait « ah oui, oui, oui, oui. Mais on n’a pas le temps, pis on n’a pas le budget pis bla bla bla bla bla ». Ok, j’étais comme « Bon alors là, ça a pas marché », je me suis fait fermer la porte au nez, tout ça. Fait que je me suis dit « ça marche pas, ça se change pas une culture, à moins que ça parte d’en haut ».
[00:14:57.600] – Emilie de Carufel
Pis j’étais quand même « mais ça se peut pas ». Genre tu sais, un peu comme… Tu devrais voir l’image que j’ai dans la tête. C’est comme une rébellion en prison. Tu sais, si les prisonniers se mettent ensemble, on s’entend les gardes, ils ont aucune chance. Ça passe pas. Mais faut que les prisonniers ils se parlent entre eux, puis il faut qu’ils se disent « Ok, go, on y va ». Bon, c’est pas la meilleure image, mais c’est juste un peu ça quand même. Je me suis dit… En fait, sans nécessairement avoir une stratégie en tête, l’instinct de survie était dans le tapis, à côté, dans le tapis, puis je me disais « mais là il y avait des équipes qui étaient game ». Il y avait des équipes, je le sentais, ils brûlaient, le feu intérieur brûlait de genre, « on voudrait par exemple utiliser telle nouvelle techno que personne dans la compagnie utilise pour faire tel nouveau projet » et j’étais comme « Ok guys, on le fait! ».
[00:15:49.070] – Emilie de Carufel
C’était du jamais vu parce que là ils me disaient « Bah oui, mais ça a été approuvé par tel boss pis le boss du boss, pis le boss du boss, du boss, du boss et tout ça ? ». Mais là j’étais comme « vous me dites que ça fait pas de sens d’utiliser la vieille techno. Faisons un genre de business case pis dans le fond, allons-y pour faire une espèce de prototype. Allons tester ça pis allons voir… Tu sais combien de temps on aurait besoin vraiment pour prouver notre idée ? » Pis ce qui nous a aidé à quelque part, c’est qu’on n’avait pas d’argent, on n’avait pas de budget, on n’avait pas de temps, on n’avait pas rien. Fait qu’il fallait qu’on fasse des miracles avec pas grand-chose, il fallait qu’on aille tester l’idée avec pas grand-chosen, ce qui est, entre parenthèses, la base, je pense, de l’innovation, c’est de tester avec quasiment rien comment on est capable d’aller faire une preuve de concept. J’ai commencé comme ça avec des équipes qui étaient vraiment game, puis là, tranquillement, pas vite, on a eu un win, un autre win…
[00:16:43.250] – Emilie de Carufel
Tu sais, c’était « ah ben le boss il a dit oui à notre changement de techno », parfait cool. Là, moi je faisais du bruit avec ça. Ça, c’est une autre leçon. Ça fait du bruit, ça contamine les autres. Tu sais, les autres sont comme « Hein ? Comment ça ? Comment ça t’a réussi ? Comme ça que leur équipe a réussi ? ». « On a fait un business case, on s’y est pris comme ci, comme ça », « ah ouais, ok! ». Parfait, il se passe pas grand-chose. Prochaine affaire, quand j’entends une équipe chialer, parce que moi, c’était ça mon cue, quand le monde chialait, que les choses se passaient pas, j’allais voir sont-ils comme à se mettre en mode solution et ainsi de suite. Puis finalement, ça, ça a été jusqu’à créer le mouvement Spark the Change dans l’entreprise. Et dans le fond, c’était très très fortement inspiré du mouvement Spark the change qui est collé au mouvement agile d’Agile Montréal à Montréal. Puis l’idée, c’est Sparker le changement. Fait que d’allumer la flamme, ou du moins de mettre un peu de gaz sur la flamme de changement que les gens ont à l’intérieur d’eux.
[00:17:32.990] – Emilie de Carufel
Pis ça a fait vraiment un mouvement trans-équipe, trans-département où là les gens se sont mis en mode solution au lieu de chialer contre le boss, contre la stratégie, contre-ci, contre-ça, on peut pas rien faire. Là c’était « Ah ok, moi j’ai une idée », c’était comme ok, là ils venaient me voir, puis je les aidais à framer leurs idées, puis à dire « Ok, toi ton idée c’est ça. Toi là tu veux construire la navette pour aller sur Mars ? Ok, là on va couper dans le gras de ton idée et on va aller valider ton concept. On va construire une navette en bâton de popsicle, puis on va regarder si ça vole ». C’est ça qu’on a fait. Pis là il y a des projets qui ont marché, des projets qui ont pas marché. Mais l’idée… C’était pas important que ça marche ou pas.
[00:18:24.670] – Emilie de Carufel
L’idée, c’était de changer le mindset pour dire « je suis capable. Si j’ai une idée, je suis capable de briser mon idée en plus petits morceaux, d’aller valider la preuve de concept. Puis d’avancer comme ça ».
[00:18:39.620] – Tatiana St-Louis
Ouais, c’est super intéressant. Ça me fait penser, je suis en train de lire un livre qui s’appelle Thinking in Systems. Tu sais, c’est sur la pensée systémique, le système thinking, qui je pense est vraiment proche et adjacent au design thinking dans… Tu sais, peut-être même le père du design thinking, plus d’un niveau philosophique genre. Puis c’est intéressant parce que ça parlait du fait que, tu sais un organisme ou une organisation, ça a tellement genre de… Ça doit être capable de s’auto-organiser pour pouvoir fonctionner, puis que les hiérarchies qui sont bâties, c’est des types d’organisations pour maintenir des structures. Mais ce qui est intéressant dans ton anecdote, c’est que t’es allée dans le modèle hiérarchique, mais sa fonction à quelque part au boss et le boss du boss, eux autres, c’est de maintenir les structures qui sont déjà en place pour pas que le chaos s’installe trop. Sauf que là où ça a été efficace, ça a été de rentrer directement au sein de l’équipe qui là sont capables de s’auto- organiser puis de créer du changement de cette façon-là.
[00:19:55.910] – Tatiana St-Loui
Je trouve ça super intéressant, tu sais, plus de le voir comme ça, d’un point de vue méta, de le comprendre comme ces deux tests que tu as fait là.
[00:20:05.450] – Emilie de Carufel
Ben tu sais… Puis c’est drôle ce que tu dis, ça me fait vraiment penser à l’analogie du carré de sable dont je parle tout le temps. Le carré de sable, le fameux carré de sable, où tu sais « c’est quoi mon carré de sable où je peux… J’ai comme carte blanche mais dans mon carré de sable ». On me voit pas là, mais je fais des mouvements avec mes mains pour montrer la grosseur du carré de sable. Puis une équipe qui s’est jamais auto-organisée de sa vie, tu vas pas commencer à lui dire « vas-y, garroche-toi dans l’océan pis aies du fun, innove, pis envoye, et gère-toi ». Et non. Fait que tu donnes un petit carré de sable. Pis l’idée c’est que dans le petit carré de sable t’as carte blanche. Mais le carré de sable est tellement petit pis le contour est clairement défini, fait qu’il y a pas comme de confusion à dire « Ouais, mais est-ce que j’ai le droit de faire ça ou est-ce que j’ai pas le droit de faire ça? », tu sais. C’est niaiseux, c’était de dire par exemple « j’ai-tu droit de faire une preuve de concept avec tel logiciel, je pense que j’ai pas le droit ».
[00:20:53.210] – Emilie de Carufel
Tu sais, c’était comme « Mais, pourquoi t’as pas le droit ? » « Mais c’est parce que ça coûte 30 $ ». « Et pis ? », « Mais j’ai pas le droit dans mon compte de dépense 30 $ ». « Ok, ça fait trois ans que tu m’en parles, ça te tentes-tu genre de le payer de ta poche et au pire on te remboursera après, tu sais ? ». « Ah ouais, j’ai le droit de faire ça ? » C’est comme… C’est ça là. Ben je te dirais pire que ça, là, des exemples tellement comme tu dis « voyons donc, j’ai pas le droit de faire ça ». Fait que c’est une mission de corps et de temps. Pis ces équipes-là avec lesquelles je travaillais qui étaient game, plus j’avançais avec ces équipes-là, c’est-à-dire de les aider à structurer leurs idées, à prototyper, à faire, à prouver que leurs idées sont bonnes, parce que c’est pas toutes les idées qui sont bonnes, mais il faut qu’on sache pourquoi elles sont pas bonnes, puis qu’est-ce qui est bon, ben on agrandissait au fur et à mesure le carré de sable.
[00:21:42.280] – Emilie de Carufel
Mais après ça… Mais t’as quand même besoin des boss. Je veux dire, c’est les boss qui vont tracer les carrés de sable. Les boss sont là pour aider, pour amener une certaine vision direction, c’est sûr. Mais les gros managers te dire quoi faire, comment faire… Ça aide pas tellement.
[00:21:59.410] – Tatiana St-Louis
Ouais, puis ce que j’aime dans ça aussi, c’est le côté organique de tout ça, parce qu’à quelque part, tu sais… Puis moi j’utilise de plus en plus depuis que j’ai commencé à réfléchir à Autopoiesis et tout ça, aux mécanismes naturels, mettons du corps de s’auto-régulariser et puis des choses comme ça. Mais tu sais, il faut le penser comme chacun de nos systèmes dans notre corps sont capables de faire tout un tas de choses de façon indépendante, puis des fois de créer un bypass parce qu’il y a comme « ok là, genre je sais pas moi mon petit doigt a arrêté de fonctionner, fait qu’on va utiliser un autre chemin pour amener l’information là où c’est nécessaire ». Bref. Mais qu’à quelque part ma structure de mon corps humain reste la même. Tu sais, genre je deviens pas un ornithorynque parce que ma température a commencé à se régulariser à d’autres choses. En fait, je pense que c’est la même aussi analogie de voir comme « ok, ben ton carré de sable c’est vraiment ces limites-là qui font… Ben la culture de l’organisation elle reste plus ou moins semblable. Tu sais, on a les mêmes objectifs, on a la même vision qui perdure, mais à l’intérieur de ça, il y a de l’espace, puis cet espace-là pour bouger, je pense que c’est là que le chaos ou la conversation autour du chaos devient intéressante parce que je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont peur du chaos, mais le chaos permet le changement. Tu sais, il permet d’aller faire ces transmutations-là pour trouver différentes façons de faire ».
[00:23:33.370] – Emilie de Carufel
Mais ça fait peur. Le chaos, ça me fait encore peur. C’est même dans mon processus créatif… Là tu vois, je suis en train de créer une présentation que je fais dans quelques jours, puis le début de mon processus était évidemment chaotique, pis ça me faisait peur là. C’est encore difficile, même si je sais pertinemment que ça va mener à quelque chose. Mais le chaos du début, là, ça fait vraiment, vraiment peur. Parce que nécessairement, il y a des faux pas, nécessairement il y a de la perte de temps, je vais dire, entre gros guillemets là, c’est pas nécessairement de la perte de temps, mais on peut le voir comme ça quand on sait pas où on s’en va. Pis c’est ça, au début, on sait pas où on s’en va, tu sais. Vraiment.
[00:24:18.190] – Tatiana St-Louis
Ouais, puis je pense que j’aimerais ça que tu nous parles justement de cette expérience que t’avais fait, parce qu’encore une fois, ton carré de sable était petit dans cette vidéo YouTube que tu avais filmée, dans laquelle tu étais dans une conférence, une salle de conférence… Pis en tout cas, je te laisse comme nous expliquer un peu ce que t’as créé avec ça, parce que je trouvais ça vraiment intéressant de voir aussi comment les gens ont commencé à réagir au début, puis ensuite qu’est-ce qui s’est passé ? Ouais, raconte-nous cette anecdote.
[00:24:51.670] – Emilie de Carufel
Cette conférence-là, ça faisait un bout que je l’avais dans ma tête, là, parce que, en fait, ça fait un peu référence à l’histoire que je te racontais tantôt de la genèse de mon intérêt pour l’innovation, puis de dire comment ça se fait que quand on donne la permission aux gens d’innover et d’avoir des idées, ça se passe pas ? Comment ça se fait, tu sais ? Puis dans toutes mes expérimentations que j’ai pu faire, c’est une des choses que j’ai réalisé, c’est qu’il faut briser des règles pour innover. Pis c’est dur au début. Tu sais, c’est vraiment, vraiment dur de briser ces règles-là parce qu’on se dit « ben non, c’est de même, faut qu’on fasse ça ». Tu sais, le fameux dans les entreprises : « Mais non, on a toujours fait ça de même ». C’est une règle, souvent non écrite, là, donc il faut briser des règles. C’est difficile de briser les règles et c’est encore plus difficile de briser des règles quand on est même pas conscient que c’est des règles.
[00:25:42.040] – Emilie de Carufel
Faque j’avais envie d’adresser ça dans cette conférence-là où on parle… Ben là, ça c’est un événement sur l’agilité, tout ça, fait que c’est vraiment… Tout le développement de logiciel qui est… Bref méthodologie agile, je suis plus par dessus ça, mais c’est vraiment très technique les conférences d’habitude, tu sais. Puis là, le thème, c’était de ramener l’humain au centre de l’agilité. Faque je me dis « mais c’est parfait, ça fitte ». Moi je veux parler d’innovation pis je veux parler de l’humain parce que c’est très à la mode depuis quelques années de parler de design thinking, de parler de technique de brainstorming, de ci puis de ça. Pour innover, ça prend telle méthode, faut que tu te fasses former, ça coûte une fortune. Et grosse surprise le lendemain de la formation, puis deux semaines après, il y a rien qui a changé. Parce que c’est des humains qui doivent constamment, consciemment prendre la décision de faire les choses différemment, puis de s’en aller vers l’inconnu, puis vers le chaos, puis tout ça.
[00:26:39.610] – Emilie de Carufel
Puis on n’aime pas ça, donc on le fait pas. Finalement, il y a rien qui se passe. Tout ça pour dire que je voulais que les gens… Au-delà de dire au monde « alors pour innover, il faut briser les règles. Voici ma recette gnagnagna ». Je me suis dit moi ce que j’aime beaucoup c’est les conférences immersives ou les ateliers expérientiels ou tout ça. Je trouve ça tellement plus puissant de donner comme 10 % moins… Euh je veux dire 10 % de théorie au lieu de 100 % théorie versus une conférence ordinaire, mais que le monde le vivent et que à la fin les gens en parlent, ça c’est puissant là. Vraiment, vraiment puissant, parce que là ça vient plus juste de moi, puis c’est comme « en groupe, on a vécu quelque chose », tu sais. Faque c’est ça. Fait que là je me suis dit « bon ben ok, comment on fait pour briser les règles ? Comment je pourrais faire pour les amener à briser les règles et à catcher de quoi je parle ? » Faque je me suis dit « ben c’est ça, c’est quoi mon carré de sable ? C’est une salle de conférence, je vais dire plate dans le sens de gris, avec du tapis pis des chaises tout pognés ensemble ».
[00:27:40.630] – Emilie de Carufel
Puis tu sais, je veux dire, toutes les salles de conférence sont pareilles. « C’est ça que j’ai, donc qu’est- ce que je peux faire avec ça pour jouer avec ça ? Pis comment on fait pour briser les règles ? » Ça a été ça l’idée de, un, prendre conscience de « c’est quoi les règles non écrites qu’il y a quand on assiste à une conférence ». Puis de les amener à les briser. Puis. Puis après ça, voir les réactions. C’était très drôle.
[00:28:06.530] – Tatiana St-Louis
Puis pour ceux qui écoutent et qui n’ont pas nécessairement vu encore la vidéo, tu sais, des règles non écrites, ça peut être genre « il faut qu’on soit assis sur notre chaise pendant qu’on écoute Émilie parler. Il faut qu’on reste en silence, tu sais ». Je veux dire, il y a des règles de bienséance là-dedans, tu sais, il y a tout un tas de règles. Il y a des règles qui sont propres à la sécurité de l’endroit. Il y a des règles qui sont propres à ce qu’on a appris comme étant ce qui était poli ou pas poli. Il y a des règles qui sont, tu sais, il y a différents niveaux aussi de règles sociales, psychologiques et aussi individuelles, j’imagine qu’on met, pis là c’est de nous amener à les briser d’une façon sécuritaire, puis peut-être justement un mot sur la façon de briser des règles sécuritaires, parce que je pense que ce qui fait peur dans le chaos, c’est que ça devienne dangereux jusqu’à un certain point. As-tu réfléchi à ça ou tu sais comme est-ce que des fois ça déborde ou… ?
[00:29:07.440] – Emilie de Carufel
Non, je suis peut-être naïve, mais tu sais, j’ai vraiment, vraiment, vraiment confiance en l’intelligence collective. C’est un terme très galvaudé je trouve, mais c’est vraiment puissant. C’est intéressant parce qu’à un moment donné, ça je l’ai pas mis dans la vidéo, mais à la fin de la conférence, quand j’ai fait un… Tu sais, je posais quelques questions et il y avait du monde qui parlait et les gens rebondissait sur ce que la dernière personne avait dit et tout ça. Puis il y a quelqu’un qui a dit à un moment donné « Waouh, tu sais comment c’est puissant l’autorégulation dans un groupe », parce qu’on était quand même 150, peut-être même plus dans la salle, on était plein à craquer alors qu’en plus il n’y avait pas beaucoup d’espace pour… Bref. Puis à un moment donné, ben c’est ça, quand j’amenais les gens à exagérer et à briser les règles, le bordel a pas mis longtemps à se mettre dans la place, il y avait des chaises empilées, il y avait du monde qui sont montés sur le stage avec le micro.
[00:30:04.080] – Emilie de Carufel
Il y a du monde qui ont mis de la musique dans le micro. Il y a du monde qui joue avec les lumières, il y a du monde qui ont déplacé le projecteur. C’était le chaos. Mais tu sais, encore là, moi j’avais mon carré de sable, donc je savais que c’était pendant X minutes, je savais que ça serait le chaos et même que j’anticipais que le monde se donnerait pas tant la permission là, fait que je l’ai crinqué en plus, parce qu’il y en avait qui étaient gênés, là. Tu sais, c’était comme « nous autres, on est debout, juste là ». « Ok, bravo, un peu plus là, tu sais ». Bref, il y en a qui ont dit… Pis moi j’avais tamisé les lumières parce que moi j’aime pas les néons blanc, fait que je m’assume là-dedans. Évidemment, j’avais mis des lumières de couleurs pour mettre un peu d’ambiance, puis à un moment donné, il y a du monde qui ont joué avec les lumières. Pis là il y avait les gros néons blancs, tu sais full blanc, qu’il y avait dans toutes les autres conférences, dans les autres séminaires.
[00:30:52.530] – Emilie de Carufel
Sauf que là, tout le monde était comme habitué à une espèce d’ambiance un peu tamisée. Pis là, il y a du monde qui ont joué avec les lumières. Pis là c’était comme… Mais le groupe a réagi, le groupe a fait comme « Hii! » ou tu sais, grimaces sonores, whatever… Qui fait que les gens qui jouaient avec les lumières ont arrêté de jouer avec les lumières et ont remis ça comme si c’était.
[00:31:09.990] – Tatiana St-Louis
Intéressant.
[00:31:11.640] – Emilie de Carufel
Fait que, ce que la personne amenait à la fin quand on avait notre get together pour discuter de ce qu’on venait de vivre ensemble, c’était « wow! Tu sais comment le groupe a comme autorégulé la patente ? » Faque j’ai pas peur aux débordements. Parce que quand on est un groupe comme ça, ça se gère. C’est… Je sais pas comment ça se fait, je sais pas, c’est la pression tout ça. Je pourrais pas te dire c’est quoi le concept en arrière de tout ça. Mais…
[00:31:35.340] – Tatiana St-Louis
Oui, il y a peut-être l’intention aussi de ce que… Tu sais, parce que bon aussi, quand on est une organisation ou une équipe ou un groupe, tu sais, on travaille tous dans une direction X. Donc tu sais, il y a des limites aussi à ce qu’on veut dévier les gens du projet ou de l’objectif ou des choses comme ça. Pis là, c’est sûr, ils étaient dans une conférence, tout le monde était là pour une raison, c’était pas random de celui qui voulait aller, mettons au show de Metallica, il s’est pas ramassé dans ta conférence parce qu’il y aurait comme créé un autre type de chaos.
[00:32:07.800] – Emilie de Carufel
Ouais. Effectivement, là c’est ça, effectivement. Tu sais, je connaissais la crowd aussi, là, fait que je savais que j’avais pas besoin… Qu’il fallait que je travaille fort quand même, pour que ça lève. Effectivement, si ça avait été une autre crowd, ça aurait été d’autres choses, mais je connaissais la crowd. Mais non, c’est fabuleux de voir le groupe s’autoréguler comme ça, là. C’était fantastique et on m’a même dit à la fin de la conférence, c’est ça, on était 150 dans la classe, on était quand même pas mal. C’était 1 h la conférence, donc ça va vite. En sortant de là, je me suis fait dire « Ayoye, on était 150 et je sentais que j’avais un lien particulier avec tout le monde dans la salle. On était comme devenu des best friends toute la gang dans la salle ». C’était comme « Ouais, on a vécu quelque chose de si simple en même temps, tu sais ».
[00:32:56.660] – Tatiana St-Louis
Ouais, pis j’aimerais ça le ramener peut-être au processus de solutionner ou de créativité, de solutionner des problèmes. Parce que bon, je pense que toi et moi on voit… Solutionner des problèmes demande la créativité, ça va… Tout va dans le même bateau. Mais tu sais, une fois que t’as accepté de briser les règles après ça, est-ce que tu fais juste attendre ? Tu sais, après ça, il y a un processus de structuration à quelque part qui doit s’établir ? Tu sais, tu dois ramener tout ce chaos-là d’une certaine façon vers canaliser cette énergie ? Comme c’est quoi l’étape après le chaos ? Qu’est- ce qu’on fait avec ça ?
[00:33:38.190] – Emilie de Carufel
Ben tu sais, quand on parle de brainstorm, il y a souvent comme, mettons, trois étapes. Je vulgarise très très haut niveau. Il y a le processus de, je parle en franglais, on frame le problème, fait qu’on va vraiment bien cadrer c’est quoi le problème ? Pis là on va aller creuser le pourquoi du comment, puis les cinq pourquoi, puis un oui, puis s’assurer qu’on est en train… Qu’on a compris le bon problème à solutionner. Après ça, deuxième étape, ça c’est l’idéation. Là on appelle ça de la divergence. Faque les signes, c’est comme les petits chapeaux de canard, là je sais plus comment ça s’appelle, mais… Fait qu’on diverge, là, là, c’est là qu’on exagère. Pis tu vois, c’est là que briser les règles s’insert. Le briser les règles, ça nous aide à ouvrir nos yeux, ouvrir nos opportunités, à ne pas juger toutes les idées, les affaires pas rapport qui va nous passer par la tête, on les dit. Pis là, vu qu’on se re-questionne sur les règles, ben on arrive avec des idées tellement nouvelles.
[00:34:37.770] – Emilie de Carufel
Des fois c’est souvent super simple, puis c’est là qu’on va diverger. Pis là on a exagéré, pis là on a 58 000 idées pis là c’est le party tout ça. L’erreur qu’on fait souvent c’est, là où on est avec tout ça, on est comme « oh mon Dieu, Seigneur, qu’est-ce que je fais avec tout ça ? » Faque l’idée après ça, c’est de converger. Fait que là on ramène le signe de l’autre bord. Le signe de caniche, on appelle ça des becs de canard.
[00:35:03.010] – Tatiana St-Louis
J’ai jamais entendu bec de canard, mais je sais pas, des accents circonflexes, des crochets, je sais pas…
[00:35:08.110] – Emilie de Carufel
Le côté là, je sais pas trop… En tout cas. Bref.
[00:35:13.990] – Tatiana St-Louis
Juste pour expliquer à ceux qui voient pas Émilie fait un signe avec ses mains, les deux genre majeurs sont ensemble comme un petit triangle. Bec de canard.
[00:35:25.150] – Emilie de Carufel
C’est ça. Bref. Merci. Bref, après ça, faut converger. Converger, ça veut dire que là, c’est pas toutes les idées qui sont bonnes. On va prendre des… Puis aussi dire une bonne idée, c’est pas vraiment une bonne idée, c’est une idée qu’on va aller creuser, qu’on va aller valider, qu’on va aller faire une preuve de concept pour aller valider si c’est une bonne idée ou s’il y a quelque chose de bon. Parce que dans le fond, c’est quand on vient converger, là on se ramasse avec un diamant comme brut, là c’est pas beau, là, tu sais, pis là on s’en vient voir, « a-t-on vraiment un diamant là-dedans ? On s’est complètement trompés pis c’est pas ça pantoute finalement. » Fait que pour converger, il y a plein de manières de faire. Tu sais, il y a les fameux axes là… Une matrice qu’on appelle ça ? Une matrice avec deux axes, puis les axes, on va mettre, whatever, les critères qui sont les plus importants pour nous, ça peut être la faisabilité, l’argent qu’on doit dépenser pour tester cette idée-là…
[00:36:29.110] – Emilie de Carufel
Ça peut être la valeur qu’on amène à nos clients, à notre business, peu importe. Puis on va venir prioriser ces idées-là, puis on en choisit de préférence une, deux ou trois gros max. On prend cette idée-là, puis là on essaie de se dire « Comment est-ce que je peux aller valider cette idée là? » Évidemment, avec les principaux intéressés, pas dans notre tête, sur le coin du bureau pour dire genre « Ah oui, c’est tellement une bonne idée! ». Non. C’est aller avec nos clients ou avec nos collègues, si c’est une idée pour améliorer, par exemple, un processus interne à des collègues ou tout ça. Mais comment on fait pour faire un prototype… Tu sais le napkin là… Que t’es capable d’expliquer sur une napkin, un prototype avec des bâtons de popsicle ? Il faut que ça soit gênant à les montrer puis à les tester. Ça, c’est un des critères. Si t’es pas gêné de montrer ton test à tes clients ou à tes collègues et tout ça, ça veut dire que c’est pas un prototype.
[00:37:22.270] – Emilie de Carufel
Tu as travaillé bien trop longtemps là-dessus. Là, tu vas aller tester ça et tu vas aller mesurer intelligemment. Il y a plein de façons de mesurer, mais l’idée c’est d’aller chercher du data, des données, puis de dire « est-ce que c’est une bonne idée ou pas? ». Puis peu importe la réponse, « pourquoi ? » Puis comme ça on avance, après ça on peut tester l’autre idée, on peut faire des mix avec les autres idées et ainsi de suite.
[00:37:47.160] – Tatiana St-Louis
Ouais, parce qu’on veut voir rapidement c’est où les frictions, ou c’est où les choses qui fonctionnent pas pour pouvoir après ça inclure d’autres dimensions. Et puis je pense qu’il y a ça aussi… Puis quand je réfléchissais, le lien que je fais là, c’est sûr que tu parles en équipe, mais c’est le même processus qui se passe même si on travaille en solitaire dans notre business, on a des petites mini équipes, mais il y a cette idée aussi de ne pas introduire notre ego dans l’idée, puis de comprendre que l’idée, elle est juste là pour servir la solution éventuellement, puis que se tromper d’idée, c’est pas qu’on s’est trompé parce qu’on est une mauvaise personne ou des choses de même, mais vraiment qu’on évolue à travers un processus créatif, tu sais. Et puis je pense qu’il y a beaucoup de d’ça qui bloquent les gens aussi d’expérimenter des nouvelles choses pour ce que les gens vont dire d’eux ou ce que eux- mêmes vont dire sur eux-mêmes, d’avoir proposé ou d’avoir essayé quelque chose comme ça, alors que ça fait partie de l’innovation.
[00:38:52.860] – Emilie de Carufel
Et c’est extrêmement difficile. C’est vrai, c’est un bon point ce que tu amènes. Se détacher de l’idée, la valeur de l’idée n’a rien à voir avec la valeur de notre personne ou de notre expertise ou de tout ça, zéro pantoute. Mais c’est très très difficile, et je parle en connaissance de cause, je trouve ça encore difficile des fois de me dire « je propose telle idée ou telle affaire, tout ça », puis je me fais démolir ça parce que ça ne répond pas aux besoins, parce que je m’y prends pas de la bonne façon whatever, c’est encore difficile, puis c’est normal. C’est normal. Puis tu sais, j’ai l’impression que c’est plus qu’on pratique aussi. Plus on va chercher du feedback, plus qu’on est capable de se détacher de la valeur de la solution ou de se détacher de l’équation valeur de l’idée = ma valeur à moi ou valeur de mon expertise. Tu sais, faut se pratiquer, c’est pas évident.
[00:39:47.790] – Tatiana St-Louis
Ouais, c’est là que selon moi, tu sais, c’est des expertises comme la mienne, avec du coaching, puis avec de réfléchir à nos schémas de pensée autour de la créativité qui va être… Parce que c’est une pratique plus que c’est quelque chose qu’on sait, tu sais, c’est une pratique émotionnelle presque de naviguer à travers le chaos, puis de naviguer à travers le fait de créer. Puis tu sais, je dis une pratique émotionnelle, mais psychologique aussi. Puis n’importe quel artiste ou auteur, ou peu importe, qui est dans un processus d’accoucher un livre ou accoucher d’une œuvre ou d’une business ou peu importe, ben c’est un processus qui est douloureux parce que justement, il y a toujours plein de petites morts d’ego à travers ça. Puis il y a l’incertitude, puis il y a la peur que ça marche pas, puis qu’on a investi notre temps. Et puis tu sais, il y a ce risque-là qui fait partie de l’expérimentation. Mais comme t’as dit aussi au début, c’est ça ou tu meurs à quelque part.
[00:40:47.430] – Tatiana St-Louis
Parce que si tu innoves pas pis que tu veux jamais passer à travers ce processus-là, ben tu vas rapidement devenir désuet et obsolète définitivement.
[00:40:59.760] – Emilie de Carufel
Ouais, c’est ça, c’est une question de vie ou de mort. Et surtout, on s’entend, avec l’intelligence artificielle qui débarque là, tu sais, ils disent « toutes les tâches comme niaiseuses, répétitives, redondantes, pis tout ça, ça va tout être l’IA qui va prendre le relais là-dessus ». Fait qu’on a tout intérêt à prendre soin de notre créativité et la collaboration, le problème solving, l’empathie pis tout ça parce que ça, c’est pas l’IA qui va s’en occuper, c’est nous. Fait qu’on a tout intérêt à pratiquer pis à cultiver ces compétences-là. C’est là. Je suis inquiète pour nos jeunes by the way. Mais bref.
[00:41:41.560] – Tatiana St-Louis
Ah oui ? Pourquoi ?
[00:41:43.390] – Emilie de Carufel
Mais là, on va skiper dans un autre… Ben parce que c’est pas ça qu’ils apprennent à l’école, pantoute ! Pas pantoute.
[00:41:47.860] – Tatiana St-Louis
Non, mais c’est pas juste nos jeunes. Je pense que nous non plus.
[00:41:51.430] – Emilie de Carufel
Oui, je sais. Non, non, c’est sûr que non, on n’a pas appris ça. Mais sauf que là, je me dis « OK, mettons qu’on s’attaque aux adultes pis qu’on dit « ok, on va développer ces compétences-là », ok, fine là ». Mais je veux dire, on pourrait aussi être intelligent et le faire à la base, à la source. Parce que là, dans le fond, on casse nos jeunes, ils débarquent sur le marché du travail pis ils sont zéro fonctionnels.
[00:42:15.100] – Tatiana St-Louis
Je suis 100 % d’accord. Pour moi, ça a été une des raisons pour laquelle je me suis tourné vers l’entrepreneuriat. Parce que je réalisais aussi que, il y avait comme une… Tu sais, le système éducatif nous dit qu’on a besoin d’avoir X diplômes pour faire x travail. Ce qui est vraiment déterministe, genre tu sais comme « voici ce que tu sais, tu apprends pour faire ». Alors que là, quand tu arrives sur le marché du travail, puis en emploi, ben là tu es comme « si tu sais juste faire, tu vas rester… Tu vas rapidement avoir un plateau parce que t’es pas capable de penser ». Tu sais, pis nous ce qu’on a besoin dans une business, c’est des gens qui pensent, mais les gens ne sont pas habitués à penser parce qu’on leur a dit qu’il était mieux de juste exécuter que de penser, puis là c’est justement cette espèce de clash, puis là ça arrive, on a des entrepreneurs aussi qui sont encore dans cette mentalité- là. C’est la mentalité que j’appelle « l’employé », mais c’est pas péjoratif, c’est juste la mentalité de l’exécutant.
[00:43:22.200] – Tatiana St-Louis
C’est peut-être ça que je devrais dire plus qu’autre chose. Puis c’est vraiment un gros problème de ne pas être capable de naviguer justement ces places là, où est-ce que t’as besoin de la pensée critique, t’as besoin de l’expérimentation, t’as besoin de créer des connexions. Puis c’est ça, tu sais, genre faire aller tes neurones de différentes façons.
[00:43:46.380] – Emilie de Carufel
Ouais. Pis tu sais, c’est même pas… Tu sais, moi j’ai des jeunes au secondaire en ce moment-là. Faut que je me retienne pour pas faire des commentaires à chaque fois que je vois leurs affaires, tu sais. Puis, anyway ça c’est une autre histoire, mais c’est même pas juste ça au secondaire, c’est au cégep, c’est à l’université, ça n’a pas changé. Du moment que nous on est allé étudier, là, c’est encore ça, c’est comment on fait plaisir aux profs pour avoir la bonne réponse que le prof il veut. C’est pas de même dans la vraie vie, là. C’est pas comme ça. Genre fait que là tu débarques « oui, bravo, t’as tout le savoir ». Tu sais, on dit souvent « oui mais l’université c’est pour te montrer, c’est te donner une rigueur, une façon de penser ». Je sais pas toi, mais moi je suis sortie et je suis arrivée en entreprise et seigneur… En plus qu’avant l’entreprise, je me dis « Oh moi je vais appliquer sur des postes de direction tout de suite ».
[00:44:32.730] – Emilie de Carufel
La petite fille a 22 ans, elle a pas huit minutes de vie, d’expérience de vie, genre. Elle est comme « Ah ben oui, moi j’ai étudié au HEC ». Euh ben non. Genre va manger tes… Là tu sais. Puis je suis même pas capable de travailler en équipe parce qu’on n’a jamais appris ça, comment travailler en équipe.
[00:44:51.150] – Tatiana St-Louis
C’est clair. Non, c’est vrai, c’est vrai. Moi, j’ai fait un cours dans un diplôme d’administration sur le travail d’équipe. Je trouvais ça drôle.
[00:44:59.010] – Emilie de Carufel
Quand même, hein ? Tu sais, je veux dire, je regarde mes boys, ils me font rire, tu sais, ils travaillent en équipe, et punaise… On va voir le travail d’équipe, ils s’envoient des photos de leurs réponses, tout ça dans le fond, on coupe le travail en deux. Mais tu sais, je faisais ça moi, avec, puis à l’université aussi c’était pareil là.
[00:45:17.220] – Tatiana St-Louis
Ouais, non, non, c’est clair. Puis tu sais, je trouve qu’il y a un beau lien à faire, tu sais, c’est intéressant, puis en tout cas, on aurait comme toute une autre conversation sur ça, puis ça, c’est vraiment mon… Tu sais, c’est explicite et implicite dans ma façon de penser au niveau du système éducatif, tu sais. Mais bon, tu sais, c’est pas pour rien que je parle justement encore une fois de bonne élève, parce que c’est vraiment dans cette optique-là. Puis surtout nous les femmes, tu sais où est-ce que genre… On veut l’avoir notre A sur notre bulletin, puis on est content quand on nous donne du praise comme ça. Mais je voulais juste revenir sur le fait aussi de, les solutions qui sont créées à travers le chaos, c’est des nouvelles connexions. Puis le nom de ta business, c’est La Connexiologue, puis je trouvais ça hot parce que ça fait un lien aussi avec ma façon de penser à la créativité qui est de créer des nouvelles connexions neuronales dans le sens de créer des nouveaux chemins qui ne sont pas des chemins habituels pour tes neurones de justement comme fonctionner.
[00:46:24.420] – Tatiana St-Louis
Et ça même au niveau de nos propres pensées ou au niveau de notre façon de réagir à certains stimuli ou à certains événements ou des choses comme ça. C’est des choses qu’on peut travailler parce que c’est ça la beauté de l’être humain, c’est qu’on peut travailler avec notre cerveau de cette façon-là pour l’amener à ouvrir ses horizons et ouvrir ses perspectives. Fait qu’il y avait ça que je voulais faire, un petit retour avec ton nom.
[00:46:49.620] – Emilie de Carufel
J’aime ça. Je trouve ça cool parce que tu sais, ça La Connexiologue, là, je pense que… Je me rappelle plus d’où ça vient exactement, mais le souvenir que j’ai, c’est quelqu’un qui m’avait dit quand je travaillais en entreprise « Ah toi tu fais bien de connecter le monde ». Moi je trippais. C’était comme « Oh! Faut que tu parles à un tel. Il parle de ça, me semble qu’il y a un fit, c’est écœurant, vous allez tripper ensemble tout ça ». Puis là je connectais le monde, je connectais le monde, je connectais les projets en même temps, tu sais. Puis là, il y a quelqu’un qui m’avait dit « Ah mais toi tu es une connexiologue! ». J’étais là « c’était comme rester le même », tu sais, pis j’étais là « ah ouais, c’est vrai, j’aime ça connecter les idées ». Je le fais encore aujourd’hui. Je peux juste pas m’empêcher là. « Tu devrais parler à un tel qu’il a »… J’anticipe ça pis ou tu sais des projets ou des trucs…
[00:47:33.150] – Emilie de Carufel
C’est ça souvent l’innovation c’est des affaires qui ont pas rapport ensemble que tu mets ensemble pis t’es comme « oh my god ! Je pense que là on vient mettre le doigt sur quelque chose ».
[00:47:45.420] – Tatiana St-Louis
C’est clair. Ouais, d’où, encore une fois, ça c’est une autre affaire à l’école qui est vraiment triste, c’est le manque d’interdisciplinarité entre les différentes expertises. Parce que les grandes découvertes, puis tout ça, ça a bien souvent toujours été quand il y avait deux domaines ou deux champs d’expertise qui se sont rencontrés pis qui ont réussi à solutionner un problème dans une sphère qui n’était pas solutionnablke dans l’autre.
[00:48:17.280] – Emilie de Carufel
C’est la fameuse diversité là.
[00:48:19.050] – Tatiana St-Louis
Ouais.
[00:48:20.250] – Emilie de Carufel
Moi j’étais comme « euh oui, puis de la diversité par rapport, là? » Tu sais, de la diversité, genre moi je brainstorm avec mes enfants tout le temps, tout le temps, c’est écœurant. Avec n’importe qui là… Du monde qui sont comme pas connectés au domaine. Tu sais, là le monde « mais j’ai pas vraiment l’expertise là-dedans » « Justement! »
[00:48:41.250] – Tatiana St-Louis
Définitivement sortir des silos justement, de tous les types de silos. Wow ! Ok, on pourrait avoir encore une fois genre il y a plein de ramifications vers plein d’autres sujets, mais je trouvais ça intéressant de t’entendre sur partir de ce chaos-là, puis créer des espaces pour le groupe, de s’autoréguler, pour le groupe de genre… Comprendre aussi c’est quoi ces limites ? Où aller chercher des opportunités de créer quelque chose de nouveau et de plus utile ? Et je retiens aussi ce que tu nous disais aussi sur « si ton MVP, si ton prototype te fait pas honte de travailler dessus ». J’ai bien aimé ça.
[00:49:32.280] – Tatiana St-Louis
On va naturellement mettre le lien vers ta chaine YouTube. Est-ce que tu l’alimente régulièrement?
[00:49:36.900] – Emilie de Carufel
Honnêtement, je devrais, mais genre… Le problème là, je te dirais… J’ai comme trop d’idées qui me passent par la tête et je suis pas capable de filtrer. Tu sais, je suis pas capable de faire ce qu’on parlait tantôt, je suis pas capable. Alors là je suis comme « Ah oui, ah telle affaire, telle affaire! ». Pis ouais, c’est ça. Pis l’autre confession que je vais te faire, c’est que je m’auto-juge. Tout ce qu’il faut pas… Que je demande de pas faire là. Fait que je m’auto-juge et je m’autocensure. Et donc je me dis « ouais mais ça fitte pas trop avec la trame, tu sais la ligne de… » Mais il y en a pas de ligne-là tu sais. Mais je suis quand même « ouais mais ça me semble que ça a pas rapport ça avec juste… » Tu sais je suis comme « Ouais, mais c’est quoi donc j’essaye de faire ? »
[00:50:19.200] – Tatiana St-Louis
Tu deviens ton boss, tu deviens le boss.
[00:50:22.590] – Emilie de Carufel
Épouvantable.
[00:50:24.450] – Tatiana St-Louis
Tu sais qui te met des bâtons dans les roues.
[00:50:25.770] – Emilie de Carufel
Épouvantable, je te jure. Fait que ouais, non mais j’aimerais… Je trouve ça drôle, pis je me fais un devoir justement de faire ces vidéos-là. C’est cheap dans le sens, c’est pas important qu’il y ait des belles caméras pis des belles… C’est pas ça le message, c’est pas ça. Fait que c’est de juste y aller là fait que… Ça se peut qu’il y en ait d’autres éventuellement, mais j’ai fait deux vidéos, je sais pas laquelle des deux que tu as regardée, mais pour la conférence j’en avais fait deux pour expliquer, j’avais trop d’affaires à dire, donc je l’ai fait en deux vidéos, puis on pourra mettre le lien.
[00:51:00.590] – Tatiana St-Louis
J’ai vu la première et la deuxième allait sortir, pis j’ai pas regardé la deuxième, mais je vais regarder la deuxième.
[00:51:05.180] – Emilie de Carufel
Ah c’est ça ! La deuxième, tu vas rire, il y a encore plus de croustillant sur genre le « en dessous là. » Tu sais, le « Oh mon dieu, j’ai-tu exagéré ? »
[00:51:15.620] – Tatiana St-Louis
Je regrette. Ok bon ben il y a ta chaîne YouTube et où est-ce que tu préfères quand même que les gens te suivent s’ils veulent te découvrir, s’ils veulent savoir ce que tu as à offrir ?
[00:51:25.670] – Emilie de Carufel
Sur LinkedIn, c’est l’idéal, c’est là que je vais mettre mes pensées les plus bulles au cerveau. Sinon, il y a sur mon site web, mais sur mon site web, dans le fond, c’est les articles de blog ou surtout les histoires que je vais raconter. Ça, j’aime bien ça, aller raconter des histoires. Fait que ouais voilà.
[00:51:49.790] – Tatiana St-Louis
Bon ben merci beaucoup Emilie, c’était vraiment génial de t’avoir parmi nous et d’avoir ta perspective aussi sur ça. Et j’espère que ça va inspirer des gens à être plus chaotique dans leur façon de réfléchir à leur business. On a pas trop parlé des solopreneurs, mais je pense que les gens… Tu sais, si vous écoutez d’autres épisodes de podcast dans ceux que j’ai publiés il y a pas si longtemps, il y a beaucoup de liens avec la créativité et le besoin justement de trouver des solutions alternatives. Parce que en ce moment, tu sais, on suit tout le temps les mêmes règles de comment notre contenu devrait être, puis ça crée plus de malheur que d’autres choses, fait que…
[00:52:29.990] – Emilie de Carufel
Ouais, c’est la même affaire partout, peu importe, équipes, solopreneur, whatever c’est pareil.
[00:52:35.060] – Tatiana St-Louis
Génial.
[00:52:36.020] – Emilie de Carufel
Donc soyons plus rebelles.
[00:52:38.930] – Tatiana St-Louis
Soyons plus rebelles.
[00:52:41.120] – Emilie de Carufel
Ouais.
[00:52:41.990] – Tatiana St-Louis
J’aime. J’aime le terme « everyday rebel ».
[00:52:47.040] – Tatiana St-Louis
Je pense que… J’ai quelque chose à faire avec ça. Ça me vient en tête beaucoup ces temps-ci. Mais bon. Alright Emilie, je te souhaite une belle fin de journée puis à la prochaine j’espère !
[00:53:01.800] – Emilie de Carufel
Oui, à bientôt. Merci.
[00:53:05.440] – Tatiana St-Louis
Hey, t’es encore là ?
[00:53:06.700] – Tatiana St-Louis
Ça veut dire que l’épisode t’a plu, c’est vraiment cool ça ! Est-ce que je peux te demander quelque chose maintenant ? Aide d’autres femmes comme toi à découvrir le podcast en déposant des étoiles d’appréciation pour l’Ambition au Féminin. Sur Apple Podcast, c’est facile : défile tout en bas de la page de l’émission où tu vois les avis et tapes sur le cinq étoiles pour faire exploser mon cœur de joie. Sur Spotify, c’est encore plus simple : navigue sur la page du balado et tape l’icône en étoile en bas de la description. Merci d’avance. Je t’apprécie beaucoup.