Ep. 129 Changer le tissu social grâce à l’art et la performance avec Maude Boutin St-Pierre

Reconfigurer les paradigmes de la famille traditionnelle, briser les murs qui délimitent l’intimité et le consentement dans les arts, Maude Boutin St-Pierre est au cœur de ces révolutions silencieuses qui redéfinissent la société d’aujourd’hui.

Passionnée par le théâtre, elle porte la double casquette d’interprète et de créatrice, naviguant avec aisance entre les scènes de Québec et Montréal. Mais au-delà des projecteurs, Maude est également engagée dans un projet de vie audacieux : la coparentalité intentionnelle.

Dans ce nouvel épisode, nous plongeons au cœur de son voyage vers la reconstitution de la notion de famille et de la place des femmes dans la société.

Dans l’épisode d’aujourd’hui, on discute notamment de :

  • La passion de Maude Boutin-St-Pierre pour le théâtre et ce qui l’a amenée à créer sa propre une compagnie de production théâtrale, Vénus à Vélo
  • Son travail unique autour de l’intimité et du consentement dans les milieux artistiques, plus spécifiquement dans les arts de la scène, la télévision et le cinéma
  • Son projet de coparentalité intentionnelle avec son amie Kathleen et comment leur désir de créer une famille en dehors du schéma traditionnel les a amené à documenter leur réflexion autour de la question via une balado, Parentèle, qui propose une foule de questionnements philosophiques, sociologiques et légaux sur la notion de famille.
  • Les rapprochements entre les modèles relationnels alternatifs et la reconfiguration de paradigme autour de la place des femmes dans la société, notamment via l’entrepreneuriat

À propos de Maude Boutin St-Pierre

Formée au Conservatoire d’art dramatique de Québec en 2018, Maude s’inscrit dans le milieu culturel comme comédienne et créatrice. En tant qu’interprète, elle a participé à plus d’une douzaine de productions artistiques sur les scènes de Québec et Montréal. Elle s’implique également dans la compagnie de création Vénus à vélo comme autrice, réalisatrice et productrice, en plus d’assumer la co-direction artistique de l’organisme. Elle écrit et réalise « Parentèle – en quête d’une famille qui nous ressemble », un balado en six épisodes qui s’intéresse aux modèles familiaux alternatifs. Parallèlement à son cheminement d’interprète et créatrice, Maude termine cet hiver une formation en direction d’intimité.

Maude est fascinée par la mise en spectacle de l’intimité, de même que par les relations humaines, les structures qui les encadrent et les rapports de pouvoir qui les imprègnent. Elle s’intéresse aux manières d’être en relations «autrement», tant dans son intimité que dans son milieu professionnel.

L’histoire de Maude souligne que l’innovation ne se limite pas aux produits ou aux services, elle concerne aussi notre façon de vivre et d’interagir. Alors, comment pourrais-tu faire preuve de créativité dans ton entreprise pour remodeler les anciens modèles, tout comme Maude l’a fait avec la notion de famille?

Mentionné dans cet épisode :

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Transcription de l'épisode 129

Tatiana [00:00:39]: Salut les ambitieuses! Bienvenue dans un nouvel épisode de l’Ambition au féminin. Trop contente de vous retrouver. Aujourd’hui, on a un épisode type entrevue avec une invitée vraiment intéressante que j’avais super envie de rencontrer. Il y a quelques mois déjà, en fait, j’avais reçu le communiqué de presse au sujet de sa nouvelle série de balados qui s’appelle Parentel et on a cherché pendant quelques temps parce que je trouvais que le projet était tellement intéressant, mais je savais pas exactement sous quel angle l’aborder dans l’ambition féminine pour que ça fasse du sens avec la ligne éditoriale. Puis à force de, bon, y réfléchir, puis d’échanger, on a dit « ben why not? » Essayons de voir où on peut amener ça parce que mon invitée, Maude Boutin-St-Pierre, elle a non seulement créé ce podcast dont je vais vous parler un tout petit peu, mais elle est aussi une vraie de vraie artiste, une vraie de vraie passionnée, une vraie de vraie féministe et j’étais sûre qu’on allait avoir une conversation fascinante de toute façon autour des sujets du travail, de l’ambition, de comment rester vraie par rapport à nos valeurs, par rapport à notre passion, par rapport à notre vision d’un monde meilleur, dans un contexte où, veut veut pas, il faut faire de l’argent et où les arts, les lettres, les arts de la scène, c’est relégué souvent au domaine du hobby. Donc Maude Boutin-St-Pierre, elle a toujours rêvé de lancer une compagnie émergente exclusivement dirigée par des femmes, un endroit où elle pourrait enfin réactualiser ses ambitions et réussir en dehors des standards traditionnels et connectées au travail. Et ça, ça me parlait énormément. Et aux côtés de Marie-Lou Bois, Marianne Lebel et Rosalie Cournoyer, elle a lancé Vénus à vélo en 2019, qui est un collectif, la rencontre entre quatre artistes qui conçoivent des oeuvres artistiques hybrides et sensorielles. Et ce que je trouvais super intéressant aussi avec leur projet, c’est que ça explore la notion d’intimité et ça se déploie par l’entremise de médiums disciplinaires pluriels. Et quand Maude m’avait contactée par courriel, ou du moins son attachée de presse, elle venait… Elle était en train de préparer le lancement de Parentel, qui est une balado-diffusion en 6 épisodes, et dont le sujet, dont la thématique, c’est une recherche à la fois sociologique, à la fois personnelle et individuelle sur l’hégémonie familiale et comment créer des différents modes d’exister en famille. Donc son podcast qu’elle a co-créé avec son amie Kathleen, C’est vraiment à la frontière de l’autofiction, du radiothéâtre, de l’enquête documentaire. Et quand je me suis mis à écouter le premier épisode, après ça, je pouvais plus arrêter. Je trouvais que c’était tellement bien fait, que ça nous faisait tellement rentrer dans les problématiques de chacune des protagonistes, parce qu’en gros, l’histoire de parentèle, c’est que Maude et Kathleen, qui sont des meilleurs amis, genre best, best, best friend, décident un jour qu’elles veulent avoir un enfant ensemble. Mais elles sont pas un couple, elles sont pas en relation amoureuse traditionnelle. Et en même temps, ça fait tellement de sens pour elles parce qu’elles sont comme… Cet enfant est tellement un désir commun qu’on a. Et en même temps, il n’y a pas de cadre sociaux pour recevoir ce genre de désir, recevoir ce genre de vision, sans que ça s’emboîte, s’imbrique dans des problématiques légales, des problématiques au niveau genre de la reconnaissance de la mère des parents, des problématiques physiques et physiologiques, comment est-ce qu’on fait pour concevoir dans ce paradigme-là, dans ce schème-là. Et donc, Maude, qui était personnellement impliquée dans ce projet, elle a voulu en faire un genre… En laisser une trace. Et c’est de là qu’est sortie Parental, qui est vraiment une enquête qui pousse vraiment une foule de questionnements, à la fois philosophiques, sociologiques, légaux, qui ont littéralement bouleversé ma conception de ce que c’est une famille. Et j’ai trouvé ça extrêmement sensible, extrêmement bien fait, extrêmement bien recherché. Et il n’y avait comme pas de raison pourquoi On ne pourrait pas en parler ici sur l’ambition au féminin parce que qu’est-ce que c’est aussi l’ambition? C’est d’être capable de tenir un rêve comme ça, une vision comme ça et de changer le monde à travers cette vision-là. Donc j’ai reçu Maude sur le podcast et on a parlé autant genre de ce projet-là de podcast, mais aussi de qu’est-ce que c’est d’être une comédienne, d’être une artiste dans la réalité actuelle, comment est-ce qu’elle se voit aussi par rapport à tout ce qui est dynamique du travail et son rôle de changer les consciences ou son désir de changer les consciences à travers son art. Donc je vous laisse avec l’épisode et on se dit à très bientôt. Naturellement, je vais mettre le lien vers Parentel dans les notes de cet épisode et je vous encourage vraiment à aller l’écouter parce que c’est vraiment du podcast de très haute qualité. — Salut Maude! Bienvenue sur l’Ambition féminin. Comment ça va?

Maude Boutin St-Pierre [00:06:47]: Ça va bien, merci de me recevoir. Je suis très heureuse d’être ici.

Tatiana [00:06:55]: – Oui, je suis contente de te rencontrer, de te connaître, de te découvrir. Ça a été comme une super belle surprise pour moi de recevoir un message pour parler de ton nouveau podcast Parentel. Puis on va en parler dans l’épisode, mais avant, je te fais ma question brise-glace que je fais à pas mal tout le monde. Puis pour toi, je voulais savoir, c’est quoi pour toi l’ambition? –

Maude Boutin St-Pierre [00:07:21]: Hum, je dirais que c’est la capacité à désirer et rêver, puis mettre en action des choses pour que ça se concrétise, que ses rêves et ses désirs puissent exister.

Tatiana [00:07:36]: J’aime ça, hein, parce qu’il y a ce côté de l’abstraction du rêve, mais du réel dans l’action, puis de pas juste en faire un daydream, mais vraiment de le rendre impactant dans le monde. Puis oui, non, c’est super beau. Puis ça mène justement, je pense, un peu à comment tu déploies ton activité artistique. Puis je pense que j’aimerais ça t’entendre ou que tu puisses nous expliquer un petit peu sur… Ça a eu l’air de quoi pour toi ton parcours? Qu’est-ce que tu voulais être quand t’étais petite? Comment est-ce que t’en est rendue aujourd’hui à créer des compagnies, genre, tu sais, être comédienne, tout ça, genre, comment est-ce que tu… Tu sais, comment ça s’est décliné à travers justement ce filon, peut-être, de l’ambition que t’avais à travers ta vie?

Maude Boutin St-Pierre [00:08:30]: Ah! Hé, j’ai toujours voulu être comédienne, moi. Je pense, la première fois que j’ai nommé ça, j’avais 6 ans. Puis j’avais une fascination pour les histoires. Tu sais, mes jeux, quand j’étais enfant, c’était tout le temps de prendre des crayons, des effaces, comme tout ce qui me tombait sous la main devenait des personnages. Puis j’inventais, je créais des histoires, je créais des mondes, puis je pouvais jouer comme ça des heures. Fait que pour moi, ça a toujours été clair que je voulais oeuvrer dans le milieu artistique. Puis je me suis posé très, très, très peu de questions jusqu’à l’âge adulte, parce que je voulais faire une école de théâtre, je voulais être comédienne, puis spécifiquement comédienne au théâtre, parce que c’est un rythme qui est vraiment différent d’être comédienne à l’écran pour la télévision ou le cinéma, au théâtre, on passe 120 heures ensemble pour créer un spectacle, qu’ensuite on va jouer pendant un mois. Je savais que je voulais faire ça. Puis rendu à l’âge adulte, une fois que j’ai gradué de l’école de théâtre, là c’est comme là que toutes les questions sont arrivées de comment je veux pratiquer ce métier-là. Puis je sentais que j’avais le besoin d’avoir un certain pouvoir sur les histoires que je racontais. Fait que c’est là que j’ai décidé de créer une compagnie de production théâtrale avec trois autres collègues, Marianne Lebel, Marie-Loubois, puis Rosalie Cournoyer. On a créé une compagnie qui s’appelle Vénus à vélo, qui nous permet de vraiment mettre de l’avant nos oeuvres, nos paroles. Pour l’instant, il y a eu deux spectacles de théâtre qui ont été créés, puis une oeuvre audio qui est le balado parentel. Fait qu’il y a eu ça, puis ensuite j’ai aussi eu envie d’allier mes intérêts pour le théâtre, le mouvement, le féminisme, les relations pouvoir, puis j’étais allée faire une formation en direction d’intimité. C’est-à-dire que j’accompagne, je viens de terminer un deux ans de formation là-dedans aussi, pour accompagner des productions, pour tout ce qui est scènes d’intimité, de sexualité simulée, de nudité. Fait que pour s’assurer que ça se fait dans le consentement. Fait que j’aime beaucoup. J’ai une curiosité énorme pour plein de choses. Je pense que ça se manifeste dans le parcours professionnel que j’ai eu jusqu’à présent.

Tatiana [00:10:44]: – Ok, juste wow! Je savais pas ce dernier point et là, genre, j’ai comme plein de questions parce que c’est super… Ok, premièrement, ça va s’en aller dans plein de directions, mais il faut que je le dise. Moi, je suis une littéraire, ok? Fait que j’ai fait comme une maîtrise en littérature, puis dans mon monde d’enfant, t’sais, ces livres-là, ce côté immersif des livres, j’ai l’impression que je le reconnais dans ce que tu me parles du théâtre, parce que dans le théâtre, il y a comme… Puis même quand on est dans une pièce de théâtre, il y a ce côté très immersif où est-ce que genre… Est transformationnel. Fait qu’il y a comme tout ce côté-là. Puis après ça, on va parler de ton podcast. Je pense que ça va être vraiment intéressant de voir comment vous avez joué avec le medium pour en faire quelque chose d’immersif dans lequel on peut pas vraiment… Bien, on peut, mais c’est difficile de s’en extirper, t’sais. On veut comme écouter la suite, puis il y a comme quelque chose de vraiment différent avec cette conversation intime, mais stagée. Fait que là, que tu apportes cette autre dimension-là, je trouve ça d’autant plus intéressant parce que la représentation de cette intimité-là porte en elle tellement de charges parfois oppressives qu’on répète parce qu’on est entouré par ces images, puis par ces façons d’être, puis ces façons de faire. Là, je suis super curieuse à savoir, premièrement, je savais pas qu’on donnait des formations là-dedans. Puis deuxièmement, qu’est-ce que tu veux voir changer peut-être dans ce milieu-là qui t’a amenée à vraiment te plonger professionnellement, à dire comme non, il faut absolument que quelqu’un fasse ce genre de consultation-là?

Maude Boutin St-Pierre [00:12:33]: Oui. Je pense que, comme dans beaucoup de milieux, la vague #MeToo de 2017 a eu un gros impact dans le milieu culturel. Ça a comme mis en relief des patterns qui étaient toxiques et sur lesquels j’avais envie d’avoir un pouvoir d’action. Je suis aussi fascinée par la mise en spectacle de l’intimité. Je pense que ça transparaît dans beaucoup de mon travail. J’aime beaucoup le mouvement, j’aime qu’on discute de comment les choses peuvent se passer pour que tout le monde soit mieux, pour avoir une certaine sécurité psychologique puis physique en milieu de travail. Puis, le milieu des arts, c’est un milieu de vocation. Les gens sont là parce qu’ils sont extrêmement passionnés, mais ça peut aussi amener beaucoup de dynamique de pouvoir, en fait, qui brouille le consentement, puis qui font que les gens vont dire… ils veulent tellement travailler là-dessus, puis ils vont dire oui à des choses qui peuvent les blesser ou qui peuvent dépasser leurs limites. Fait que j’avais envie, quand j’ai pris connaissance de cette profession-là de direction ou coordination d’intimité pour les plateaux, l’écran, j’étais juste complètement sous le charme. Je me disais c’est exactement ça que je veux faire, c’est un apport que j’ai envie d’avoir dans mon milieu. Puis pour l’instant, les formations se donnent surtout aux États-Unis ou au Canada anglais, au Royaume-Uni aussi. Fait que j’ai décidé de travailler avec une mentor, qui s’appelle Stéphanie Breton, qui elle pratique le métier depuis quelques années déjà, pour finir ma formation, vraiment pour que ça soit propre au milieu du théâtre au Québec.

Tatiana [00:14:15]: Ah, c’est super intéressant parce que moi, j’ai une mentor qui est coach en intimité aussi, puis on amène ça dans l’espace du coaching parce que même quand je coach des business ou des choses comme ça, on rentre dans le relationnel, la relation qu’on entretient avec nos clients, justement ces dynamiques de pouvoir-là qui sont constamment en jeu. Et en plus, quand tu amènes la dimension argent, où là ça peut vraiment… Puis tu sais, c’est pour ça qu’on a commencé aussi avec la dimension ambition. Il faut que tu fasses… Il faut que tu dises oui pour grimper les échelons, peu importe. Comment est-ce qu’on reconstruit ça, genre, dans les paradigmes aussi, relationnel slash… Puis je veux pas dire slash, parce que c’est relationnel professionnel, t’sais, il y aurait comme un petit tiret entre les deux.

Maude Boutin St-Pierre [00:15:13]: – Oui, puis moi, quelque chose qui m’a fait vraiment du bien dans la formation, c’est, t’sais, parce que tu parles du dire oui pour que ça avance, mais le non peut aussi être une réponse qui est super créative quand c’est connecté sur tes propres limites puis ce que tu veux, puis ça peut susciter plein d’autres questions, plein d’autres pistes d’exploration. Ça Fait que pour moi, ça a été comme cette formation-là, ça a réhabilité le non, puis que le non peut aussi m’amener à des places qui sont ultra créatives. — J’adore. — Fait que, ouais, ça a été… Ça aussi, c’est quelque chose qui a eu beaucoup d’impact, je pense, sur le travail de création, puis le travail qu’on fait aussi avec la compagnie Vénus à vélo.

Tatiana [00:15:52]: — Ouais, puis justement, en parlant de Vénus à vélo, je lisais la description un petit peu de la compagnie, puis il y avait un terme que je trouvais vraiment cool, parce que justement, ça disait, pour explorer la notion d’intimité, puis là tu nous en as parlé un petit peu, mais revendiquer la vulnérabilité et la douceur comme âme politique et radicale. Puis j’avais juste envie de t’entendre sur cette idée-là, parce qu’il y a comme deux grands, encore une fois, vulnérabilité et douceur. Puis quand on pense aux politiques puis aux radicales, où ça implique tellement aussi de bouger des gros systèmes, un genre de force, un genre de lutte qui s’oppose justement à cette notion de douceur. Comment vous percevez la chose et comment vous l’apportez aussi dans vos projets?

Maude Boutin St-Pierre [00:16:43]: C’est une super bonne question. Je pense qu’on a eu envie d’intégrer ça dans le mandat de la compagnie parce qu’on évoluait, surtout dans nos années de formation, dans un milieu qui était, j’ai envie de dire, typiquement masculin, mais je mets ça entre gros guillemets. Mais il y avait peu de place pour la vulnérabilité. Puis la vulnérabilité, en fait, n’était pas d’épeindre comme quelque chose qui était une force, mais comme quelque chose qui était à camoufler puis à cacher. Ce qui est vraiment contradictoire, parce que, comme artistes, comme comédiens et comédiennes, on a vraiment besoin de cet outil de vulnérabilité-là. Quand on s’est réunis, ces quatre femmes-là, pour faire « qu’est-ce qui est important pour nous comme valeur de compagnie, et qu’est-ce qu’on a envie d’instaurer comme climat de travail, on voulait un espace où c’était possible d’être vulnérable et professionnel en même temps. Puis ça se concrétise, tu sais, on cherche encore, là on n’a vraiment pas toutes les réponses, ça fait quatre ans que notre collectif existe. On est encore en début de carrière, puis on est encore dans nos premiers pas professionnels à ce niveau-là. Mais on cherche un espace où c’est possible d’exprimer les émotions où la sensibilité, la collaboration, l’échange ont une place très importante au sein du processus. On va souvent laisser dans les premiers cinq minutes de nos réunions, de nos espaces de travail, c’est ce qu’on appelle les points J, pour les points « je me sens ». Fait que d’arriver dans un espace, puis de dire « hé, avec quoi j’arrive dans l’espace? », de le mettre sur la table, puis ensuite de tomber dans le travail. Puis on fait la même chose à la fin de nos rencontres aussi. Fait que c’est comme si, sans laisser toute la place aux émotions puis à la vulnérabilité, ça leur donne un espace pour exister sans que ça envahisse le travail qu’il y a à faire aussi. Ça fait que c’est des petits outils comme ça qu’on met en place pour que ça puisse exister. Puis ça s’inspire vraiment de mouvements féministes aussi. On a invent rien, on a pigé dans le radical soft nest pour s’inspirer de ces méthodes-là, de ce désir de reprendre du pouvoir, en fait, sur notre vulnérabilité.

Tatiana [00:19:05]: — Ouais, puis un genre de leadership via la vulnérabilité. Tu sais, la vulnérabilité, souvent, moi, je l’associe aussi beaucoup à tout le discours de Brené Brown sur comment être plus… Tu sais, comment diriger, comment avoir des résultats, comment changer des choses dans des organisations, changer des façons de faire, changer des façons d’être, mais que la vulnérabilité est indissociable. Il faut qu’elle existe pour que ce changement s’opère, sinon on est justement dans l’imposition, la force, l’oppression. Et à ce moment-là, il n’y a pas un changement qui se fait par l’intérieur, mais vraiment juste un changement en superficialité et en apparence. Est-ce que quand vous vous êtes rencontré, mettons que tu dis une arme politique, puis Je trouve intéressant d’utiliser le terme « arme » justement, t’sais. Est-ce que vous aviez les mêmes visions en termes de « ça serait quoi, mettrons, votre agenda » ou… T’sais, là t’as parlé genre de justement, bon, plus comment vous gérez votre compagnie, mais dans ce que vous voulez voir changer dans les consciences.

Maude Boutin St-Pierre [00:20:26]: – Ouais. Bien, on n’a pas tout à fait la même vision, c’est-à-dire qu’on est en train, ça se définit encore, puis comme on est une compagnie qui est dirigée par quatre personnes différentes, on est aussi dans une approche collective, collaborative qui demande beaucoup de discussions puis beaucoup de réajustements. Je pense que quelque chose qui était clair pour toutes, c’est qu’on a envie d’être attentives aux dynamiques de pouvoir qui sont à l’œuvre dans nos espaces de travail, de donner la parole à des personnes qui ont moins d’espace pour s’exprimer en général. Puis c’est ça, pour nous, c’est comme si ça nous permettait d’embrasser quelque chose qui était très fort à l’intérieur de nous, puis qu’on avait eu l’impression de devoir « shut down » un peu pendant notre processus d’études. Fait qu’il y avait quelque chose qui était vraiment subversif à ce moment-là de dire « hé, pis ce que tu nommais aussi là de « brown et brown », que le lien se crée, qu’on se permet d’être vulnérable, que c’est là qu’il y a une intimité qui peut s’installer, des relations. Fait qu’on voulait vraiment mettre de l’emphase sur ça. Mais c’est sûr que ça évolue, puis dans quatre ans, si on se reparle, ça va, mon approche de la vulnérabilité puis de l’intimité dans un contexte professionnel va avoir changé, c’est certain. Mais c’est ça, je sais pas si ça répond à ta question.

Tatiana [00:21:58]: Oui, ça répond à ma question, c’était une question un petit peu large avec plein genre de points dans lesquels tu pouvais plonger, comme ce sont mes questions d’habitude. Mais non, c’est tout à fait fascinant. En tout cas, on parlait de plein de choses, comme la nature du collectif, le collectif comme lieu artistique aussi, de création, de nouvelles dynamiques, mais aussi de la création que vous faites ensemble. Bref, il y a plein de choses super intéressantes à partir de là. Mais là, j’aimerais qu’on parle vraiment de Parentèle, la série de 6 épisodes de podcast que vous avez lancé tout récemment. Puis c’est ça, j’ai commencé à l’écouter parce qu’on enregistre ça, on est jeudi, puis le podcast est sorti lundi. Fait que là, j’ai comme rattrapé le plus possible les épisodes. Mais c’est super intéressant parce que pour ceux qui écoutent et qui l’ont pas encore écouté, allez l’écouter! Mais aussi, pour un petit contexte, c’est pas un podcast comme celui qu’on est en train de faire maintenant, où c’est une entrevue, tout ça, mais il y a vraiment cet aspect documentaire, il y a cet aspect narratif, c’est comme une pièce de théâtre, c’est comme un petit radioroman, il y a genre de la musique, c’est vraiment très… Pas multidisciplinaire, c’est pas ça le mot que je cherche, mais bref.

Maude Boutin St-Pierre [00:23:22]: Mais oui, c’est comme un petit film pour les oreilles. Moi, j’aime bien l’écrire comme ça.

Tatiana [00:23:24]: – Ouais! Exact! Puis on apprend des choses, t’sais, genre, j’étais comme « ah ouais! » Il y a comme… j’ai appris le mot « courgette » genre dans un autre sens! Je savais pas ce que ça voulait dire. C’est comme le petit hint pour les gens d’aller voir qu’est-ce que ça veut dire. Puis peut-être qu’on pourrait commencer par poser la question, pourquoi tu pensais que, ou vous pensiez justement comme collectif, que c’était important d’adresser ce sujet-là spécifiquement, des coparentalités un peu marginales, des différentes associations familiales qui… Il n’y a pas d’autres lieux où l’intimité se déploie que dans la famille. On voit le lien pour ça, mais ce sujet-là en particulier, il venait d’où?

Maude Boutin St-Pierre [00:24:10]: Ben, c’est directement inspiré de mon vécu. Juste pour mettre en contexte, j’ai envie d’avoir une famille, mais pas avec un amoureux ou une amoureuse, avec une partenaire platonique, une amie qui est dans ma vie depuis 11 ans déjà, puis qui s’appelle Kathleen. Puis quand on a fait part, ça fait quand même longtemps que l’idée est sur la table, quand on a fait part à notre entourage de ce désir d’avoir un enfant ensemble en coparentalité, ce qu’on a appris plus tard que ça s’appelle la coparentalité intentionnelle ou coparentalité planifiée. Ça a suscité beaucoup de questions, puis parfois des réactions négatives de notre entourage, qui nous demandaient « Là, si un jour vous tombez en amour avec d’autres gens et que vous voulez défamer avec ces gens-là, est-ce que l’amitié, c’est vraiment aussi solide qu’une relation de couple pour avoir une famille? » Il y avait énormément de questions face à ce modèle-là. Pour nous, ça semblait juste vraiment naturel de faire famille ensemble parce qu’on trouvait qu’on était tellement une bonne équipe dans le quotidien, qu’on avait des valeurs en commun. Ça nous semblait être un choix vraiment sensé et sécuritaire, mais toutes ces questions-là ont semé énormément de doutes dans notre processus. Fait que j’ai eu envie de raconter cette histoire-là de Kathleen et moi, mais j’ai aussi eu envie de rencontrer d’autres gens qui avaient fait famille en dehors du couple. Fait qu’on parle de gens qui ont fait famille en coparentalité intentionnelle aussi, mais des gens qui ont fait famille en soloparentalité, c’est-à-dire que depuis le début du projet, pour elles ou eux, c’était clair qu’elles avaient envie d’être une seule parent. Des gens qui ont fait famille en pluriparentalité aussi. Fait que d’entendre des nouvelles histoires, pour nous, nous inspirer dans notre tête de famille. Puis c’est ça, évidemment, on vient, la majorité de l’équipe vient du milieu du théâtre. Fait que c’est sûr qu’il y a quelque chose qui est très, très théâtrale dans l’histoire. C’est vraiment un balado qui est scénarisé, qui est comme une histoire, puis une enquête en fait, qui part de notre intimité à Kathleen et moi.

Tatiana [00:26:17]: C’est super intéressant, puis c’est une super belle histoire, justement. Puis je pense que je m’intéresse de plus en plus à la notion d’amitié, puis de pourquoi c’est faux de les avoir comme tellement séparés de l’amour romantique, t’sais. Mais je voulais juste te poser la question avant peut-être qu’on embarque dans ce type de sujet-là. Qu’est-ce que ça a fait pour toi, pis ton cheminement, de t’embarquer dans ce grand projet artistique-là, puis un peu comme de filtrer tous tes questionnements à travers quelque chose d’aussi structuré, mais en même temps fluide, parce que ça venait chercher, bien, beaucoup d’émotionnalité, j’imagine, aussi, dans ton propre processus.

Maude Boutin St-Pierre [00:27:05]: Ah, oui. Bien, ça a été à la fois vraiment libérateur puis comme puissant de pouvoir se réapproprier ces doutes, ces questions-là, puis d’en faire quelque chose qui est créatif puis qui est un objet que les autres vont pouvoir écouter aussi et j’ai l’impression, en tout cas j’espère qu’il va y avoir un petit impact, que ça va résonner chez les gens. Puis en même temps, c’était tellement vertigineux parce que d’écrire à propos de sa vie, mon Dieu, mais combien de fois je me suis demandé, est-ce que ça va intéresser des gens? Est-ce que c’est super égocentrique en ce moment? Est-ce que, tu sais, il y avait aussi beaucoup, beaucoup de doutes? Fait que c’était comme une valse entre ces deux émotions, une grande puissance puis une grande fragilité. D’aborder cette histoire-là, ça a été un cheminement vraiment en montagne russe dans la dernière année de création, mais là maintenant que c’est sorti, j’avoue qu’il y a aussi une fierté d’avoir créé quelque chose à partir de ces doutes-là.

Tatiana [00:28:08]: – C’est un bel artefact personnel.

Maude Boutin St-Pierre [00:28:11]: – Oui, c’est vrai. On a hâte d’y retourner aussi, quand le projet va se concrétiser, puis que l’enfant va être là avec Kathleen et moi, c’est clair qu’on va retourner à ça dans dix ans, puis on va se trouver sûrement très naïve, mais en même temps pleine d’une volonté, puis d’une fougue, puis de questionnements qu’on va sûrement trouver pertinents aussi dans dix ans. Ça Fait que c’est ça, c’est en effet…

Tatiana [00:28:39]: — Oui, parce que je pense… Tu sais, je pense que cette naïveté-là, elle contribue à cette intimité qu’on ressent dans l’écoute. Puis naïveté, je dis pas ça parce que c’est niaiseux, mais t’sais, vous êtes comme deux amis qui se parlent, puis il y a comme ses petits souvenirs de votre passé, puis des choses comme ça, puis il veut, veut pas, ça nous… Ben moi, ça m’a rappelé que j’étais comme une de ces personnes jadis avant d’être comme complètement désillusionnée par les relations et de rentrer dans l’hypernormativité. Fait que, ouais, non, j’ai été vraiment touchée par ce côté léger et profond à la fois.

Maude Boutin St-Pierre [00:29:17]: Oui, puis c’est sûr qu’on parle, tu sais, dans les débuts de l’épisode, on retourne vraiment au début de notre relation. Ça veut dire qu’on s’est rencontrés, on avait 17 ans, on était encore des adolescentes. Après, je pense qu’au fur et à mesure qu’on avance dans la série, il y a aussi une plus grande maturité qui se dégage. Mais c’est sûr qu’on reste dans la conception, l’imagination d’une famille. On n’a pas encore d’enfants. Puis on va se buter certainement à d’autres enjeux, à d’autres questions quand tout ça va devenir concret. Mais là, on se permettait de rêver puis d’essayer de placer les bases de cette famille qu’on veut construire ensemble.

Tatiana [00:29:59]: – Oui. Oui, puis encore une fois, je pense que vous le dites dans le podcast, mais à un moment donné, t’sais, c’est des questions que là, vous, vous posez parce que c’est intentionnel, mais que beaucoup de couples, par exemple, qui vont suivre l’échelle relationnelle, vont pas se poser à ce niveau-là puis vont dire « non, je suis juste rendue au stade où soit j’ai des enfants avec ou je le laisse puis je vais trouver quelqu’un d’autre qui va faire des enfants avec moi parce que je suis rendue là ou, t’sais, y’a comme une pression sociale sur moi, genre, d’enfanté.

Maude Boutin St-Pierre [00:30:29]: Ouais, ouais, pis t’sais, Je tiens à dire que faire famille en couple, je pense que ça peut être une super idée puis un modèle tout à fait fin. Sans, je ne prône pas nécessairement de faire que tout le monde doit faire famille en coparentalité intentionnelle. Mais en effet, de se poser ces questions-là avant le projet d’enfant, Ça, je pense que c’est une idée géniale, puis c’est quelque chose que nous, on a tellement aimé faire. Dans le processus de recherche, on est tombé sur une liste de 200 questions à se poser avant d’avoir un enfant avec quelqu’un, qui avait été fait sur un site, justement, de co-parents au Québec. Puis ça a été tellement riche de passer à travers cette liste-là, puis de voir déjà c’est quoi les zones de tension au niveau des valeurs, de replonger dans nous, nos éducations respectives, qu’est-ce qu’on aurait aimé faire différemment, de se poser comme plein de questions en amont, ça fait que le projet de famille est vraiment réfléchi, désiré, puis ça, je pense que c’est des outils que tout le monde peut utiliser, même si c’est dans un contexte plus, entre guillemets, traditionnel de famille. Je pense que ça peut servir tout le monde.

Tatiana [00:31:36]: — Puis aussi, ce que j’aime du podcast, c’est que vous touchez pas juste au côté émotionnel, relationnel, mais aussi, ok, bien légalement, si on doit s’acheter une maison ou quelque chose comme ça, est-ce qu’on est mieux d’être marié puis d’avoir… Tu sais, dans le sens d’un point de vue pratique aussi, toutes ces questions-là, comment est-ce qu’on vit en communauté, que ce soit une petite communauté justement de 2, 3 ou 4 personnes, ou dans cette grande communauté-là aussi, qui est régie par des lois puis par des incentifs économiques, qui sont eux aussi reliés à des perceptions complètement arbitraires. Bien, pas complètement arbitraires, mais normalisées. Genre, OK, bien, en général, un mariage, c’est entre un homme et une femme, et na-na-na. Maintenant, ça a évolué. Mais je pense que de penser à tous ces impacts aussi d’une relation, puis de décider de faire famille, c’est pas la première chose à laquelle les gens pensent parce que le discours était tellement juste comme « bien êtes-vous en amour? » « Si vous êtes en amour, bien that’s all. » Et qu’est-ce que ça veut dire l’amour pis tout ça?

Maude Boutin St-Pierre [00:32:44]: – Ouais, exact. Moi c’est quelque chose que j’ai vraiment découvert au fur et à mesure que j’avançais dans cette recherche-là, dans cette enquête-là. J’étais pas consciente qu’il y avait des familles qui sont pas reconnues légalement au Québec. Parce que, par exemple, la pluriparentalité, d’avoir plus que deux parents pour un enfant, au Québec, ce n’est pas reconnu. Ça l’est dans d’autres provinces au Canada, ça l’est dans certains États aux États-Unis, mais ici, ça ne l’est pas. Puis de rencontrer des gens qui vivent l’impact de cette non-reconnaissance-là au quotidien. C’est comme si ça rend ça tellement concret. Puis, ouais, c’était… En effet, notre modèle de famille au Québec, il est vraiment basé, il découle directement du mariage. Puis ça m’a vraiment bouleversée de comprendre, de rencontrer des gens qui vivaient ça au quotidien, puis de réfléchir en fait, comment est-ce qu’on définit la famille au Québec? Pourquoi est-ce que c’est comme ça? Est-ce qu’on veut avoir des discussions là-dessus, un débat de société pour faire… En fait, je pense que c’est ça. Je pense que ça traduit beaucoup de nos valeurs, société comme communauté.

Tatiana [00:34:02]: – Oui, parce qu’au-delà du choix personnel, il y a tous les impacts qui sont… Qui vont au-delà de… C’est pas juste « ah, bien, j’ai décidé de faire ça », puis je pense que c’est ça qui est intéressant aussi avec le lien de ce qu’on parle souvent dans le podcast autour de l’entrepreneuriat, parce qu’à quelque part, l’entrepreneuriat, il nous ouvre une possibilité de créer des modes alternatifs, d’être en relation professionnelle ou de faire de l’argent ou de gérer son horaire ou des choses comme ça. Puis souvent, c’est intimement lié avec les types de modèles qu’on vit dans nos autres sphères de notre vie. Comme justement, le modèle familial, c’est une des premières choses qui amènent les femmes à dire comme « bien écoute, je dois garder mon enfant à la maison » ou il y a des choses comme ça, je peux pas aller au bureau travailler 40 heures semaine, faire une heure de trajet, fait qu’il y a comme cette ouverture-là qui s’adapte à ça, mais parallèlement, je pense que c’est intéressant de penser que même ce modèle familial est modulable, où on a comme une certaine latitude qu’on ne s’autorise pas nécessairement de prendre parce qu’on ne connaît pas nos options, ou ce n’est pas normalisé, ou ce n’est pas facilité dans la société dans laquelle on est.

Maude Boutin St-Pierre [00:35:18]: Ouais, puis t’as raison, je pense qu’il y a vraiment des liens à faire avec quelqu’un qui est travailleur autonome ou qui est entrepreneur. C’est en fait, c’est de se poser les questions. Qu’est-ce que moi, j’ai envie d’être? Qu’est-ce que moi, j’ai envie d’apporter? Comment je veux construire ma vie, ma bulle familiale, c’est vraiment le même genre de questions qu’on s’est posées là à travers ce processus, ce désir de famille. Puis après, j’imagine que de ton côté aussi, ça peut arriver de rencontrer des blocages au niveau légo, au niveau administratif, de faire « Hein, ce que j’ai envie, ce que je conceptualise, c’est vraiment plus difficile que ce que je pense parce que c’est hors normes, parce que j’emprunte un chemin qui n’est pas tout à fait traditionnel. Puis c’est ça, c’est de rentrer en contact avec ça. Je trouve qu’il y a une colère, il y a plein de sortes d’émotions qui peuvent émerger de ça, mais il y a aussi un désir de changer les choses, puis de faire « non, non, moi j’y réfléchis, puis je sais qu’au fond de moi, c’est ça que je veux, puis comment je peux y arriver ». Puis on en revient un peu à la définition de l’ambition du début de notre conversation, de faire « ok, je désire, je rêve ça, qu’est-ce que je peux mettre en place pour que ça se concrétise?

Tatiana [00:36:34]: Puis c’est là que je trouve que la créativité ou l’espace créatif, c’est tellement riche pour aller explorer ces modalités-là, puis de les amener à… Bon, bien, si… Ou tu sais, comme là, dans ton cas, c’est un documentaire, mais aussi créatif, puis en plus tu te projettes toi comme individu dans tout ça, mais où sont ces possibilités qu’on voyait pas? Où sont ces options qu’on voyait pas, les détours qu’on peut faire, et éventuellement, des choses qu’on veut changer activement, radicalement, à partir, genre, de la source, puis de là créer ces espèces de transformations qui sont beaucoup plus politiques, comme ne serait-ce que tout ce qu’on voit avec le télétravail ces temps-ci, puis de dire, bien, il a fallu qu’on ait un événement comme ça dans le collectif pour que là, bien, on doive questionner cette croyance fondamentale que, tu sais, ça a l’air non relié, mais t’sais, c’est comme ça que les changements s’opèrent aussi. C’est comme, on a dû trouver un détour, là, il faut comme questionner, genre, le fondement.

Maude Boutin St-Pierre [00:37:30]: — Ouais, ouais, ouais, ouais, je comprends le lien, c’est vrai que c’est ça. En fait, c’est que ça prend… Il faut être en contact soit avec des événements grandioses qui nous dépassent, soit, je trouve aussi que les changements peuvent advenir vraiment par l’intime, en étant en contact avec des histoires, en étant en contact avec des gens qui l’ont vaincu, ça peut aussi semer les petites étincelles qui créent des grands changements. C’est un peu notre approche par rapport à ce projet-là et par rapport à notre projet de famille.

Tatiana [00:38:08]: – Oui, d’où le rôle des livres, des histoires, des outils de transmission. C’est vraiment magnifique. Est-ce que, juste, c’est peut-être une question personnelle, tu me diras si tu veux y répondre, t’es pas obligé de y répondre, est-ce que Kathleen aussi, elle est une artiste comme toi, dans le sens comédienne? Dans le sens justement, comment vous conciliez, mettons, ces projets-là, qui sont quand même hors normes, avec le fait de devoir « gagner » votre vie, t’sais, pis je le mets entre guillemets parce que j’aime pas ce terme-là, mais est-ce que vous avez rencontré beaucoup de blocages peut-être plus dans le day-to-day quotidien, genre du poids, mettons, financier de ces choix-là?

Maude Boutin St-Pierre [00:38:59]: Oui, Kathleen aussi dans le milieu des arts. Elle a fait une formation de comédienne aussi, puis elle écrit. Elle écrit du théâtre puis de la poésie. On va se dire les choses franchement. On n’a pas choisi des métiers qui sont particulièrement lucratifs. C’est quand même tout un défi de, entre guillemets, gagner sa vie en étant comédienne au théâtre, puis en faisant de la création, puis de l’art à petite échelle. Fait que c’est sûr que ça, on est conscient que ça met aussi des limitations à notre projet de famille. On a rencontré beaucoup, beaucoup de gens qui avaient décidé de faire famille en coparentalité intentionnelle puis qui se sont acheté un duplex, puis qu’il y a un parent qui habite en haut puis un parent qui habite en bas, puis que l’enfant se promène vraiment librement d’un espace à l’autre. Puis on trouve que c’est un modèle super inspirant, mais reste qu’en ce moment, dans notre situation financière en début de carrière, il y a quand même des blocages. Ce n’est pas un modèle qui est accessible à tout le monde. Puis c’est aussi, c’est un travail qui, je le disais au début, mais c’est un métier de vocation. On est extrêmement passionné par ce qu’on fait, puis ça fait que ça peut brouiller parfois la limite entre vie professionnelle, vie personnelle. Moi particulièrement, j’ai de légères tendances à travailler beaucoup, beaucoup, beaucoup. Puis on était conscientes au fur et à mesure de la création, mais on est consciente que ça va aussi avoir un impact dans notre famille. Ça veut dire qu’il va falloir avoir des discussions sur ces espaces réservés à la vie personnelle versus la vie professionnelle, parce que je veux être une mère qui est engagée, qui a du temps pour son enfant, puis c’est sûr que ça va être un défi pour moi à ce niveau-là, puis on s’en est rendu compte au fur et à mesure du projet. Ça fait que c’est ça, c’est… Ouais, c’est des beaux défis, j’aurais tendance à dire, là, de…

Tatiana [00:40:50]: — Puis c’est en même temps, si elle avait pas été dans ce milieu-là, peut-être qu’elle aurait pas voulu que votre quête soit rendue publique comme ça. Fait qu’il y a comme une combinaison un peu magique qui nous a permis aussi de rentrer dans ça.

Maude Boutin St-Pierre [00:41:14]: Ça lui a permis de participer au processus de création parce qu’on s’entend que quand on rencontre… Si tu racontes une histoire qui s’est passée il y a huit ans dans une de tes relations, c’est un souvenir, puis c’est sûr que c’est biaisé. Fait que moi, je voulais que son point de vue soit aussi inclus dans le balado parce que je le trouve vraiment pertinent, parce que je voulais que ça soit fidèle le plus possible à la réalité, puis parce qu’on a des postures vraiment différentes dans notre approche de créer cette famille hors normes. Ça veut dire que moi, j’ai tendance à être un peu plus militante, je pense, vraiment plus théoricienne. J’aime beaucoup lire des essais sur l’amitié, tandis que Kathleen, elle, elle avait pas ce besoin-là de se documenter. Elle voulait juste qu’on parle de notre famille, de comment on allait réfléchir, la garde, l’achat des couches, le quotidien. Puis pour moi, c’est tout aussi valide, cette posture-là, par rapport à faire femme et hors-nomme. Puis je voulais vraiment que ça allait une parole, que ça allait une place dans l’histoire qu’on racontait, que pour imaginer un modèle alternatif, on n’a pas besoin nécessairement d’être militant, militante.

Tatiana [00:42:25]: — Ouais, c’est un bon point. C’est un bon point. Puis même les personnes que vous interviewez, t’sais, ben on connaît pas tous les détails de leur vie non plus, mais j’aime la proximité que ça apporte aussi de dire « ben, cette personne-là, il faisait ça genre il y a 20 ans ou il y a 30 ans, ils avaient décidé ça aussi pour eux-mêmes, malgré ce que ça impliquait, parce que… Mais t’sais, c’était pas grandiose, on n’a pas fait quelque chose de comme « changeons toutes les lois et tout ça, gens du Québec », mais vraiment une autonomie qu’on prend sur notre vie, une autonomie qu’on prend aussi sur les choses qu’on veut créer pour nous et autour de nous. Puis comme tu dis, t’sais, il y a un gros pouvoir dans ça aussi qui est transformateur, mais qui n’est pas nécessairement juste activiste, fou, genre on va aller comme briser les tabous.

Maude Boutin St-Pierre [00:43:28]: – Exact, Exact. Puis je pense que toutes ces postures-là sont importantes. C’est-à-dire que la personne qui va décider de vivre son modèle hors normes sans nécessairement essayer de tout changer ce qui l’entoure, ça va quand même avoir un impact ultra positif parce que les gens vont voir ce modèle-là, peuvent s’en inspirer. Fait que oui, je voulais que l’effet de travailler avec Kathleen là-dessus, ça nous a vraiment permis de mettre ces deux points de vue-là côte à côte.

Tatiana [00:44:01]: — Puis là, peut-être juste parce que c’est peut-être moins relié, je suis intéressée vu que tu viens juste de me dire que tu lis beaucoup sur l’amitié et tout ça. Pour toi, comment ça a changé ta vision? Est-ce que tu as quelque chose qui a vraiment un changement de paradigme que tu as intégré depuis que tu as commencé à t’intéresser à tout ça? Puis si tu veux nous le partager, je trouve ça intéressant de rentrer dans cette réflexion-là.

Maude Boutin St-Pierre [00:44:26]: Ouais, je sais pas s’il y a un changement de paradigme depuis le début du balado. C’est sûr que j’ai été vraiment inspirée par tous les gens que j’ai rencontrés, mais je pense que ma rencontre avec Kathleen il y a dix ans, ça a eu un impact majeur sur ma vie. C’est-à-dire que j’ai rencontré cette personne-là qui était ni une amie ni une amoureuse, quelque chose qui était entre les deux, puis ça m’a forcée à me poser beaucoup de questions sur les relations, sur la manière dont moi j’avais envie de créer mes liens. À ce moment-là, je remettais beaucoup en question la monogamie, je commençais à m’intéresser à des relations dans la non-monogamie consensuelle, puis à redéfinir les liens, ce qui était important pour moi. Fait que je pense que ça a eu un impact majeur parce que je ne tisse plus mes relations comme je pouvais les tisser il y a 10 ans. Puis je me sens vraiment plus à ma place, vraiment plus épanouie dans ces modèles-là, en ayant des relations plurielles, en définissant l’engagement. Qu’est-ce que ça veut dire, l’engagement avec cette personne-là? Puis qu’est-ce que ça veut dire l’engagement avec cette autre personne-là? Fait que, oui, j’ai l’impression que je peux être vraiment plus authentique, en fait, dans chacune de mes relations depuis que j’ai commencé à me poser des questions là-dessus.

Tatiana [00:45:51]: Ouais, pis t’sais, en tout cas, c’est intéressant aussi que de nos jours, parce que je pense qu’on a quand même une certaine différence d’âge, mais ces questions-là sont plus ouvertes. Récemment, il y a peut-être quelques années, j’ai lu le livre « Sex at Dawn ». Je sais pas si tu l’as déjà lu. Puis justement, ça m’avait comme… J’ai compris pourquoi je me sentais toujours tellement prise dans des boîtes dans lesquelles je voulais pas rentrer nécessairement. Juste de, sans nécessairement m’identifier comme non monogame ou des choses comme ça, mais de juste de savoir qu’il n’y a pas de raison pour que ce soit comme ça nécessairement. Il y a eu des choix qui ont été collectifs, il y a eu des choix qui ont été socials, il y a des raisons dans le sens pourquoi notre histoire a évolué d’une telle façon, mais qu’on a toujours la possibilité de le réinventer pour soi-même. Et ça, je trouve que c’est la grande… Le grand espoir qu’on peut porter, pis que, t’sais, là, tu nous le présentes d’un point de vue dans l’intimité, l’entrepreneuriat, ça le présente d’un point de vue professionnel, mais de savoir qu’il y a ces espaces de redéfinition qui sont possibles, même s’ils sont juste dans l’abstraction pour le moment, même s’ils ne sont pas encore nécessairement concrétisés. Puis je pense que, en tout cas, ça c’est un espace où l’ambition et le changement vont main dans la main.

Maude Boutin St-Pierre [00:47:31]: Oui, c’est vrai que je pense que c’est de plus en plus possible d’en parler publiquement. Il reste qu’il y a encore des obstacles, il y a encore des personnes qui risquent de perdre la garde de leurs enfants parce qu’ils s’identifient publiquement comme polyamoureux, polyamoureuses. Mais il y a quand même, je crois, plus d’acceptabilité sociale par rapport à ces modèles-là qui existent depuis longtemps, mais dont on entend parler vraiment plus dans l’espace public depuis une vingtaine d’années. Fait que oui, c’est ça. Puis pour en revenir à ta question aussi de mes réflexions sur l’amitié, moi personnellement, l’amour puis l’amitié, c’est vraiment des sentiments qui sont super proches dans ma manière de les vivre. Puis je leur parle dans le balado, j’ai vraiment de la difficulté à faire la distinction entre ces deux cases-là. Mais pour d’autres gens, c’est super clair. Puis il y a des gens qui vont vraiment me dire « non, non, moi, ça, c’est des amis, puis ça, c’est des amours ». Puis à l’intérieur de moi, je sens une distinction claire. Fait que je pense que de commencer à en parler un peu plus publiquement, ça fait aussi que tous ces rapports-là peuvent exister puis être valides. C’est-à-dire que pour moi, il y a un flou, puis c’est correct. Pour d’autres, ça peut être super clair, puis c’est correct aussi. Fait que c’est ça de…

Tatiana [00:48:58]: – Oui, j’ai écouté… Excuse-moi, je ne vais pas te couper. Ça permet juste de quoi? Ça permet d’exister pleinement. On est en décalage. Ça permet d’exister pleinement, tout à fait. Puis oui, c’est ça, j’écoutais un podcast aussi, c’était une Américaine, mais qui parlait justement de ça, que la capacité à aimer romantiquement ou à aimer amicalement, elle n’a pas besoin d’être distincte, puis que même cette distinction, elle n’est pas si vieille que ça. Tu sais, qu’il n’y a pas si longtemps que ça, c’était beaucoup plus normalisé d’avoir des relations très intenses avec ses amis. Pis t’sais, moi, mon expérience, ça a été ça aussi dans le passé. Je pense que j’ai jamais eu de break-up plus difficile qu’un break-up avec une amie parce que le lien était tellement profond et puissant. Et pourtant, t’sais, c’est quand que les gens te disent que t’es-tu obligée vraiment de mettre une étiquette genre « êtes-vous lesbienne » ou quoi que ce soit, puis c’est comme ça n’a rien à voir, tu sais, comme tu peux pas comprendre la puissance, la profondeur du sentiment. C’est pas la même chose. Fait que j’ai trouvé ça… En tout cas, j’ai aimé entendre sur votre relation. Pour vrai, il y a tout le truc coparentalité, mais tout ce que vous… Comment vous faites le portrait de votre relation, puis comment ça vous a amené aujourd’hui à être dans une relation mature aussi, parce qu’il y a une différence entre justement se rencontrer à 17 ans puis après ça, bon, les chemins y divergent, mais de maintenir une relation mature qui a évolué puis qui est tout aussi profonde, c’est très très beau. –

Maude Boutin St-Pierre [00:50:47]: Merci. Puis je pense, j’ai envie d’ajouter que les amitiés pour moi, c’est aussi des lieux tellement précieux de développement de soi, de solidarité, d’introspection. Fait que c’est ça, je trouve qu’on a tendance à ne pas valoriser suffisamment l’engagement en amitié dans nos sociétés. Il n’y a pas beaucoup d’histoires d’amis qui ne sont pas dans la confrontation, dans la jalousie, puis qui sont justement des amitiés adultes, matures, mais qui sont centrales dans la vie de quelqu’un. Moi, ça m’a manqué. En tout cas, j’ai envie d’entendre ces histoires-là, j’ai envie de raconter. Oui! Fait que c’est ça. Je pense que ça peut être vraiment des belles relations pour grandir.

Tatiana [00:51:39]: Magnifique! Magnifique! Il y a tellement de choses qu’on a discutées, il y a comme tout ton côté, tu sais, avoir choisi la voix de l’artiste,

Tatiana [00:51:51]: avoir, tu sais, le podcast, tout ça. Est-ce qu’il y aurait comme, je sais pas, peut-être un message que tu voudrais laisser aux personnes qui écoutent, juste pour leur… Je sais pas, Peut-être quelque chose que tu as envie de leur déposer.

Maude Boutin St-Pierre [00:52:11]: – Je pense que quelque chose qui parsème tout mon parcours, c’est autant d’avoir décidé d’aller en Nord, tandis que ce n’était pas nécessairement quelque chose qui était si valorisé, je ne dirais pas dans mon entourage, parce que mes parents ont toujours beaucoup supporté ces choix-là, mais je me suis déjà fait dire par d’autres professeurs, par exemple dans mon parcours, que j’allais gâcher mon talent en allant en or, que c’était pas une voie qui était un vrai métier, tandis que pour moi c’était limpide que c’était ça ma place et que c’était ça que je voulais faire. Puis j’ai envie de faire le parallèle avec ce parcours-là de famille avec Kathleen, où on s’est aussi buté à des réticences, mais c’est pas une vraie relation, c’est pas une vraie famille. Mais en fait, d’assumer, puis de se laisser l’espace, puis d’avoir confiance que ces désirs-là sont légitimes, sont normaux, puis de se laisser l’espace pour les explorer, pour en discuter, pour rencontrer, aller à discuter avec des gens aussi qui vivent ça, puis créer des réseaux de communautés, de soutien. Je pense que c’est important. Puis je pense que c’est important de raconter ces histoires-là de succès aussi, de réussite, d’écoute de soi, d’écoute des autres. Puis je pense que ça aussi, ton balado en fait partie, de se raconter des histoires par les gens avec qui tu discutes, c’est un peu ça que tu fais. Fait que, ouais, je dirais, vive les histoires qui sont différentes, authentiques, intimes.

Tatiana [00:54:06]: Ça ne pourrait pas être plus aligné avec comment je vois les choses. On a des bourgeons en nous, puis Quand on apprend à les regarder avec amour, c’est fou. On ne sait pas trop de quoi a l’air la fleur qui va sortir, mais si on lui donne un petit peu d’attention, il y a des belles choses qui nous attendent. Maude, j’aimerais peut-être que tu nous dises les meilleures façons de te suivre, de continuer à savoir quels sont tes projets, écouter Parentel, tu sais, dis-nous tout ça. C’est sûr qu’on va mettre les liens dans les show notes de l’épisode pour que les gens puissent y aller facilement.

Maude Boutin St-Pierre [00:54:49]: La meilleure façon de suivre, c’est avec les pages de Vénus à vélo. On a une page web toute nouvelle, venusavelo.com, barre oblique, parentel, pour avoir accès au balado. On a aussi la page Facebook de Vénus à vélo et la page Instagram de Vénus à vélo. Puis le balado est disponible sur toutes les plateformes d’écoute. On parle de Spotify, Apple Podcasts, Amazon Music, Balado, Québec. Ça fait que c’est possible d’y avoir accès aussi gratuitement en ligne.

Tatiana [00:55:21]: — Et le partager avec ces réseaux qui ont envie de rencontrer des histoires différentes et qui ouvrent les champs des possibles. — Oui, exact! — Merci beaucoup, Maude, pour ton temps, pour toute cette vulnérabilité, pour tout ce partage que tu as fait avec nous et on va te suivre avec beaucoup d’attention et je te souhaite une belle journée.

Maude Boutin St-Pierre [00:55:47]: Merci, merci pour la belle discussion.

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Rentre dans l’univers mythique de l’entrepreneure et trouve les clefs de ton entreprise souveraine à travers ma mappe intéractive.

à propos de l’auteureTatiana St-Louis

Adepte de littérature russe et collectionneuse de lunettes de designer, Tatiana a fondé Aime Ta Marque pour donner des outils aux femmes de carrière et entrepreneures pour mieux raconter leur histoire personnelle. Spécialiste des communications basée à Montréal, elle s'implique au sein de plusieurs communautés visant au développement professionnel des femmes.
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