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Réflexion sur l’esprit de compétition

Je n’ai jamais aimé la compétition. Je pense que fondamentalement, c’est parce que je suis moi-même hypercompétitive. Le désir de gagner me gruge férocement, si bien que j’ai de la peine à m’abandonner au feeling et bien me concentrer sur la tâche que j’entreprends.
 

Plus jeune, mon attitude compétitive se soldait par des pleurs et des colères si je ne remportais pas la première place. Mauvaise perdante, vous dites? Je fondais en larmes même quand je perdais aux cartes contre mon père!
 

À une certaine époque de ma vie, j’évitais tout ce qui me mettait en compétition contre les autres. C’était une façon de déjouer le sentiment d’échec. Quand quelqu’un me proposait un défi, je répondais avec une pointe de condescendance que je n’avais rien à prouver à personne.
 

J’ai bien vite réalisé que cette approche ne me convenait pas non plus. Je voyais bien que je laissais passer des opportunités en agissant de la sorte. Et ma peur de l’échec ne faisait pas de moi quelqu’un de moins ambitieux. J’avais besoin de faire des choses, de lancer des projets, de m’exprimer. Mais comme on dit en anglais, you gotta be in it to win it. Pas le choix, il fallait donc que j’entre dans l’arène.

Faire face à la musique

 

La semaine passée, j’ai participé à un concours entrepreneurial organisé par la Fondation Montréal inc. Il fallait soumettre une idée d’affaires et un jury déterminait les 10 meilleurs projets parmi le lot. Contrairement aux années précédentes, les finalistes ne seraient dévoilés que lors du bootcamp organisé dans le cadre de l’événement. Pour gagner, il fallait se présenter à cette activité, soit une journée et demie dans laquelle nous travaillerions sur les projets retenus. Seulement trois en sortiraient vainqueurs.
 

Il faut entrer dans l'arene pour gagnerPlus les jours avançaient, plus la sensation de chatouillements dans mon estomac s’intensifiait. J’avais une intuition que mon idée allait être choisie. Je me concentrais très fort, à des heures random de la journée, pour essayer d’attirer le karma. Exercer un peu de pensée magique n’a jamais fait de mal à personne, après tout.
 

Le grand jour venu, j’ai failli arriver en retard à cause d’obligations reliées à mon emploi. J’étais très fatiguée de ma semaine et me disais qu’au pire, si mon idée n’était pas parmi les dix, rien ne m’empêchait de quitter en catimini et d’ainsi gagner du précieux temps de repos pendant lequel je pourrais me concentrer sur mes projets.
 

Les organisateurs avaient cru bon d’engager un humoriste à titre d’animateur. *Newflash* je ne suis vraiment pas une adepte des spectacles d’humour (plus sur ce sujet un autre jour, haha!). Pendant les minutes interminables de sa présentation, quelque chose de fortuit est arrivé. En essayant de revenir à son PowerPoint, il a malencontreusement passé par-dessus LA diapositive qui annonçait les finalistes.
 

Mon idée n’en faisait pas partie.

Entrer dans l’arène

 

J’étais déçue, il va sans dire. Mais maintenant, une autre question me hantait. Comment sortir d’ici? D’une part, je voulais rentrer chez moi et me reposer. Cependant, une voix intérieure me disait que je serais lâche d’abandonner tout de suite.
 

Je suis restée quelques minutes de plus pour au moins entendre les finalistes se présenter et palper le pouls du public, déterminer si d’autres semblaient aussi zieuter la porte de sortie pour une occasion de fuir. Et puis, soudainement, j’ai décidé que non. Je n’allais pas travailler sur mon idée, mais j’allais rester jusqu’au bout. Car s’il y a quelque chose que je sais à propos de moi, c’est que je termine tout ce que je commence. Le mot « abandonner » a une connotation tellement négative dans mon univers, que je ne voulais pas me l’accoler.
 

Heureusement, nous avions le loisir de choisir avec qui nous travaillerions. Pas d’assignation, pas de nombre limite de coéquipiers. Chacun rejoignait l’idée qui le titillait le plus. C’est à ce moment que, magiquement, mon esprit de compétition est revenu à la charge. Même si mon idée n’était pas parmi les dix, rien ne m’empêchait de faire partie de l’équipe numéro 1.
 

J’étais soudainement prête à donner mon maximum pour que nous remportions la première place. Ce qui était vraiment génial, c’est que nous étions tous dans le même état d’esprit. Comme moi, toutes les personnes qui m’entouraient avaient soumis un projet qui n’avait pas été retenu. Étonamment,ils semblaient tous exprimer la même fougue et la même volonté de remporter la première place.

La grande finale

 

Pendant les quelques heures intenses qui ont suivies, nous avons donné le meilleur de nous-mêmes. Non seulement nous croyions que l’idée sur laquelle nous travaillions était véritablement révolutionnaire, mais nous respections chacun nos expertises. J’étais entourée d’un docteur en ingénierie chimique, de trois étudiants en commerce, d’un pilote d’avions récréatifs qui poursuit sa maîtrise à l’École de Technologie Supérieure. Une équipe de feu.
 

Compétition Le Levier de Ton IdéeNous sommes restés tard pour finaliser certains éléments de notre présentation. Nous avons littéralement travaillé jusqu’à l’heure limite. Nous allions faire notre pitch devant des personnalités importantes du milieu des affaires. Et c’était moi qui avais été retenue pour aller sur scène. Moi, la littéraire timide et introvertie qui meurt toujours un petit peu quand je dois faire une présentation publique (mais ça, personne ne le sait!).
 

Faire face à la fois à mon sentiment de compétition et à ma peur de parler en public, pourquoi pas? Après tout, quand j’ai décidé de rester, c’était pour apprendre le plus possible et pour tirer le maximum de cette expérience.
 

Lors de la remise des prix, nous étions plantés sur notre chaise, attendant le dévoilement des gagnants. Troisième place, non. Deuxième, non plus. Nous sommes premiers, je le sens,  je le sais! Mon coéquipier me passe son iPhone pour le filmer tandis qu’il montera sur scène. Petite intro, les juges expliquent leur choix. C’est nous, c’est nous! Première place… roulement de tambours. Un nom est prononcé. Et ce n’est pas le nôtre.

Se donner l’opportunité de gagner

 

Je regarde les membres de mon équipe. Nous sommes tous déçus, il va sans dire. Mon réflexe : tout de suite identifier où nous aurions pu nous améliorer. Mes coéquipiers m’arrêtent. « Nous avons super bien travaillé. » Nous décidons même d’aller parler aux juges pour du feedback. Ils ont hésité, nous admettent-ils, nous étions en quatrième place. Sur 88 projets, c’est très bien!
 

Je suis sortie de ce bootcamp totalement énergisée, inspirée. J’étais heureuse de ce que je venais de vivre. Des émotions fortes condensées dans une période très restreinte. Des rencontres extraordinaires et de belles histoires à raconter. Et le sentiment que je pouvais entrer dans l’arène et en ressortir en une seule pièce.
 

Mais ce qui reste avec moi, c’est que j’ai eu la chance d’observer et de vivre ce qu’était une compétition saine. J’ai vu ce que ça voulait dire de participer. Nous avions l’option de nous considérer comme des « perdants », mais nous avons plutôt choisi de voir l’excellent travail que nous avions exécuté, les échanges et la passion qui est sortie de ces quelques heures ensemble.
 

Je ne vais pas entrer dans les clichés et vous dire que l’important est de participer. Tout le monde vise la première place, c’est normal. L’important est plutôt de donner le meilleur de soi-même et de célébrer les victoires issues du travail des autres.
 

En tant que femmes surtout, c’est une leçon que nous avons à pondérer. Trop souvent nous abandonnons en cours de route au lieu de rejoindre une équipe plus forte, plus organisée. Trop souvent nous décidons de ne pas nous lancer pour ne pas avoir à nous battre et à affronter la déception de l’échec. Mais ce n’est qu’en étant sur cette scène que nous nous donnons la vraie opportunité, celle qui compte, celle de gagner selon les règles que nous nous sommes imposées.

Reflexion sur la competition

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À PROPOS DE L’AUTEURE

Tatiana St-Louis

Adepte de littérature russe et collectionneuse de lunettes de designer, Tatiana a fondé Aime Ta Marque pour donner des outils aux femmes de carrière et entrepreneures pour mieux raconter leur histoire personnelle. Spécialiste des communications basée à Montréal, elle s'implique au sein de plusieurs communautés visant au développement professionnel des femmes.
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2 Commentaires

  1. Julie lit au lit

    Je suis tellement fière de toi! Tu m’inspires beaucoup! Rester ET parler en public, wow <3

    De mon côté, je suis plus coopérative que compétitive, pis je pense qu'on peut être plusieurs à gagner, mais mautadine que je suis compétitive dans les jeux de sociétés et autres trucs du genre. Je ne sais pas si c'est maladif ou juste parce que je donne mon 100%, mais je veux gagner en titi 😉

  2. Tatiana

    Merci Julie! 🙂
    Hahaha! On a la même maladie! Une chance qu’on joue pas à l’argent!

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