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Les deux temps d’une femme : repenser le concept de productivité

Cela m’a pris plusieurs mois avant de rendre ma grossesse « publique ». En fait, je n’ai publié AUCUNE photo de mon bedon sur les réseaux sociaux (pas de jugement pour celles qui le font, mais moi je n’y arrive pas – je trouve ça immensément étrange d’afficher mon intimité de la sorte). Pour moi, pas de nausées, pas de cravings, pas d’inconforts à outrance. J’arrivais à dormir, à bouger librement. Je me considère chanceuse sur ce front.
 
Par contre, là où ça a frappé de plein fouet, c’est dans ma productivité. Et dans la relation que j’ai commencé à entretenir avec le Temps (oui, avec un grand « T »). Difficultés de concentration, sensations simultanées que le temps passe très vite et très lentement, hyperconscience du moment présent… Tout semble avoir ralenti, si bien que la décélération m’a donné un certain vertige.
 
Bref, c’est comme si être enceinte m’avait ouvert les yeux sur deux espace-temps. Un temps structuré et intransigeant, celui qui stresse. Et un autre beaucoup plus flexible, plus physique, plus indulgent aussi. Celui qui construit.
 
Je m’explique.

Le temps d'une femme oscille entre deux modes : un temps structuré et un autre plus physiologique, ressenti. Comment repenser notre productivité face à ces deux relations au temps? #gestiondutemps #productivité #travail #entrepreneuriat

La femme entre deux temps

 
En réfléchissant à cette dichotomie, je n’ai pu que l’associer à l’expérience même de la femme moderne. À travers nos multiples identités, nous oscillons bien souvent entre deux modes d’existence. D’un côté, on a notre 9 à 5 où notre horaire est réglé au quart de tour. Les échéances qui approchent trop vite, les projets qui s’accumulent. On produit du matin au soir, entre deux trajets de bus, sur l’heure du lunch…
 
On essaie tout ce qui nous permet d’encourager cette productivité sacrée : méthode Pomodoro, bullet journals, application de gestion du temps. Et ne pas oublier notre heure de « relaxation », bien balisée entre d’autres obligations. Puis, on se couche au terme de la journée en se disant que le temps est passé comme une flèche, qu’il n’y a pas assez d’heures dans une journée, qu’on a pas assez de temps. Ou qu’on a assuré, parce qu’il n’y a plus rien sur notre to-do list!
 
Parallèlement, il y a ces moments que l’on vit dans cet autre mode. Un mode beaucoup plus physiologique, si je puis me permettre le terme. À commencer par notre cycle hormonal qui nous rappelle sans cesse un temps pensé autrement et sur lequel on a que très peu de contrôle. Un sorte de temps de l’attente.
 
Voici un autre exemple de ce temps alternatif. Vous peignez un tableau. Nul ne sait quand celui-ci sera terminé. Il n’y a pas de limite dans le temps. Bien que vos séances puissent être déterminées dans une période structurée, le temps passé sur l’œuvre même a un caractère non-défini. Le tableau sera terminé à un certain moment, mais vous-même ne savez pas quand et comment ce moment se manifestera. Plutôt que productif, il s’agit d’un temps créatif.

Chronos vs. Kairos

 
Dans la tradition grecque, il y a deux mots pour « temps » : chronos et kairos. Chronos est le temps structuré, divisé en jours, en heures, en minutes. C’est ce temps qui est tellement idéalisé dans nos sociétés de production et de consommation. Le temps-argent. C’est le temps qui n’attend pas.
 
Kairos, au contraire, symbolise le temps flou que l’on peut aussi appeler un « moment ». Mais pas n’importe quel moment. Il s’agit du moment opportun. C’est le temps de la création et donc un temps dans lequel le chronos semble suspendu, ou du moins, secondaire. Pour entrer en contact avec cet espace-temps, il faut entrer en contact avec soi-même et son environnement. C’est comme l’idée de tirer une flèche sur une cible mouvante. C’est l’attente qui déterminera le succès de l’entreprise. Mais pas une simple attente passive. Kairos demande concentration et dévouement.
 
Kairos, c’est aussi un peu le temps de l’entrepreneuriat. On a beau faire tous les gestes et booker son agenda du matin au soir, le résultat n’est jamais garanti après une certaine période. Il faut que ça mûrisse et agir au bon moment. Le temps de la bonne opportunité peut se faire attendre longtemps, après tout! (On oublie souvent de spécifier que l’une des grandes qualités de l’entrepreneur est la patience. Au grand dam de notre obsession pour la gratification instantanée!)

Un pas vers le slowpreneuriat

 
Suite à cette réflexion, je comprends beaucoup mieux maintenant pourquoi le concept de slowpreneuriat prend autant d’ampleur. C’est comme si en devenant plus indépendantes et en tentant à leur façon de redéfinir le marché du travail – pour elles et selon elles – les femmes commençaient à réintégrer le temps physiologique (et le kairos) dans leur vie professionnelle. Le but? Vivre une vie beaucoup plus épanouie où il est possible de suspendre la tyrannie du temps structuré pour laisser libre cours à la vie et à la création libérée de contrainte.
 
Naturellement, cette réalisation m’a fait réfléchir à notre définition de la réussite en tant que femme. Une de mes angoisses reliées à devenir mère est de perdre ce temps que j’avais pour mes projets, de devenir moins productive. En gros, d’avoir moins de cette drive légendaire qui me faisait honneur.
 
En parlant à d’autres femmes qui sont passées par là, plusieurs m’ont rappelé que oui, j’aurais moins de temps, mais que je n’en serais pas moins productive. « Tu vas trouver le temps de faire ce qui est important ».
 
J’ai hâte de voir si cette promesse de nouveau focus va se concrétiser. À suivre…!
 
Alors, dis-moi, est-ce que toi aussi tu vis « entre deux temps »? Quelle est ta relation au temps?

Les deux temps d'une femme : repenser le concept de productivité

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À PROPOS DE L’AUTEURE

Tatiana St-Louis

Adepte de littérature russe et collectionneuse de lunettes de designer, Tatiana a fondé Aime Ta Marque pour donner des outils aux femmes de carrière et entrepreneures pour mieux raconter leur histoire personnelle. Spécialiste des communications basée à Montréal, elle s'implique au sein de plusieurs communautés visant au développement professionnel des femmes.
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1 Commentaire

  1. caroline bouchard

    Je ne connaissais pas le terme Kairos mais il fait beaucoup de sens. Ton exemple de peinture je l’appliquerais à la rédaction d’un billet de blogue. Pour moi, c’est un art. Un art où je mets tout mon coeur. Également, je m’amuse beaucoup à créer des liens afin de faire vivre et vivre qqch. Il y a plusieurs étapes dans mon processus et je suis incapable de le faire selon le chronos…

    C’est un peu la même chose quand je crée une expérience que je facilite pour un groupe…

    MERCI pour cette belle réflexion!

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  1. Productivité et maternité : une équation impossible à résoudre? - […] Pour cet article, j’ai eu envie de répondre à celui qu’avait écrit Tatiana sur la productivité et notre rapport…

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