La question du pricing est au cœur de toute entreprise.
Cependant, notre façon d’établir nos prix va bien au-delà de nos chiffres; notre pricing reflète notre positionnement et nos valeurs.
Dans le contexte capitaliste, où l’objectif d’une entreprise est de maximiser ses revenus et son profit, il peut être complexe de savoir comment offrir des pricings qui sont accessibles tout en nous permettant de vivre bien et serein.
Dans cet épisode, je te partage mes réflexions sur le pricing inclusif et comment on peut le mettre en place sans mettre en danger notre rentabilité.
On discute notamment de :
- Les 3 grands pièges à éviter quand on réfléchit à mettre en place le pricing inclusif
- Le danger de l’injonction de générosité (surtout pour les femmes et personnes en position d’oppression systémique)
- La question à se poser impérativement lorsqu’on souhaite introduire le pricing inclusif dans son business
- Mes 4 conseils pour bien intégrer le pricing inclusif dans son business, sans mettre en danger sa santé mentale ou sa rentabilité
Le but : faire du pricing inclusif un outil de compassion et de générosité et non pas d’obligation, de honte ou de culpabilité.
À écouter également : Ep. 163 Féminisme, capitalisme et entrepreneuriat peuvent-ils faire bon ménage?
En tant qu’entrepreneure, nous questionnons sans cesse notre relation à l’argent et notre manière de faire des profits.
Ultimement, trouver une éthique de profit qui soutienne à la fois notre business et nos valeurs sans se perdre nous-même est l’un de nos plus grands défis. À travers cet épisode, j’espère te donner des pistes pour t’accompagner dans cette quête, que le pricing inclusif en fasse partie ou non.
Mentionné dans cet épisode :
- En complément de cet épisode : Ep. 114 Contenu gratuit et injonction de générosité et Ep. 141 Le marketing du ressentiment : recréer une relation de confiance avec ses clients (partie 2)
- Découvre mon programme signature Autopoiesis
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Transcription de l’épisode 165
Ep. 165 Pricing inclusif : peut-on charger trop cher pour nos services?
[00:00:00.830] – Tatiana St-Louis
Vous écoutez l’Ambition au Féminin, épisode 165 et aujourd’hui, on va parler de pricing inclusif et si on peut vraiment charger trop cher pour nos services.
[00:00:11.870] – Tatiana St-Louis
Mon nom est Tatiana St-Louis et j’anime l’Ambition au Féminin, un podcast pour toutes les femmes pleines de vision, de talent et de drive qui désirent redéfinir le succès selon LEURS termes et LEURS conditions. Chaque semaine, j’explore, seule ou en présence d’invités, les thèmes entourant la réussite professionnelle et personnelle. Mindset, productivité, leadership, branding personnel… C’est LE rendez-vous pour réfléchir à la façon dont TU veux vivre ton plein potentiel et laisser ton empreinte dans le monde.
[00:00:47.320] – Tatiana St-Louis
Salut les ambitieuses, comment vous allez aujourd’hui? J’espère que vous allez super bien. De mon côté, up and down, je dirais. J’ai des phases dans ma vie, comme tout le monde, où on rush un petit peu plus avec notre santé mentale. Puis moi, je suis dans une de ces phases en ce moment. Je suis bien entourée de professionnels pour m’aider à passer à travers tout ça. Mais bon, c’est la vie et puis, ce n’est pas le sujet de cet épisode, bien que, je pense que comme plusieurs d’entre vous qui écoutez, vous savez aussi qu’il faut déstigmatiser toutes les conversations autour de la santé mentale, parce que je pense qu’une des grandes crises qu’on traverse comme société, c’est de s’imaginer comme des machines, on/off.
[00:01:44.530] – Tatiana St-Louis
Dès qu’on se réveille le matin, on est en mode productif et quand on va se coucher le soir, on recharge nos batteries. Je suis quelqu’un qui utilise aussi cette métaphore de la batterie, mais on est loin d’être des machines qui peuvent juste se recharger comme ça, comme un téléphone cellulaire. Bref, autre sujet de podcast. Aujourd’hui, je voulais parler d’un sujet que je trouve un peu inconfortable parce qu’encore une fois, je ne suis pas… Je ne dirais pas que je suis une experte sur le sujet, je ne dirais pas que je suis quelqu’un qui a particulièrement une grande connaissance des différentes modalités et une grande expérience non plus, et puis, je serais très ouverte aussi à inviter des personnes qui font du pricing inclusif sur le podcast, donc, si c’est toi et que tu te sens appelé, écris-moi, puis on fera une suite à cette entrevue, à cet épisode. Mais il y a quelques semaines, j’ai publié un épisode qui s’appelait « Féministe, Capitalisme et entrepreneuriat: Est-ce qu’ils peuvent faire bon ménage? », puis j’ai enlevé un petit band-aid que j’ai l’impression qui était dans mon expression autour de ces discussions autour de l’argent, puis ma vision.
[00:03:04.890] – Tatiana St-Louis
Encore une fois, je préface, puis je ne sais pas à quel point je devrais préfacer ou pas préfacer ou juste embarquer dans le vif du sujet, mais je préface en disant que les opinions que je partage ici sont naturellement issues de mon propre privilège de personne blanche, même si je ne suis pas de descendance caucasienne. Je suis moitié caucasienne, moitié latina et je vis dans l’Amérique du Nord, je vis au Québec, je suis une propriétaire, j’ai certains privilèges financiers et aussi certains traumas intergénérationnels au niveau de l’argent, comme beaucoup qui écoutez ici. Et donc mon expérience est vraiment teintée par ces lunettes-là et mes opinions aussi. Donc, ce que je vais dire ici, c’est totalement subjectif et encore une fois, ça a comme objectif de générer de la réflexion puis d’offrir des perspectives. All right. Mais n’empêche, tout ce qui est pricing, tout ce qui est argent, tout ce qui est rémunération, c’est des sujets sur lesquels je réfléchis quand même beaucoup en tant que coach pour entrepreneur, ce n’est pas un sujet qu’on peut éviter. Et comme on essaie aussi de naviguer à travers notre relation à l’argent, puis nos valeurs, ça peut être complexe des fois, de savoir comment offrir des pricings qui sont justes, accessibles et qui vont permettre au maximum de personnes de bénéficier de notre approche, sans se mettre nécessairement en danger et en le faisant d’un lieu de compassion et de générosité et non pas d’un lieu d’obligation, de honte ou de culpabilité.
[00:05:10.680] – Tatiana St-Louis
Puis je pense que ces différentes intersections, justement, sont intéressantes à explorer parce qu’elles ne sont pas si simples et elles sont indépendantes à chaque personne. Chaque personne va avoir son range de décisions et va utiliser sa propre histoire pour justifier ou pour prendre des décisions, dans le fond, pour devenir leader de leur propre business et prendre des décisions par rapport à ça. Ceci dit, c’est sûr que parce que je travaille beaucoup avec des femmes, des personnes en position d’oppression systémique, je fais beaucoup attention à tout ce qui implique, tu sais, genre charger plus ou charger moins, les deux extrêmes, et aussi à toutes les injonctions qu’on vit et puis sur ce, je vais vous encourager à mettre en signet ou en favoris ou à écouter après cet épisode, l’épisode 114 que j’avais enregistré sur le contenu gratuit et l’injonction de générosité. Parce que je trouve qu’en tant que créatrice de contenu, en tant que personne qui promouvons nos business sur le Web, il y a aussi beaucoup de culpabilité puis d’injonction par rapport au fait qu’on doit constamment produire pour notre audience aka pour les algorithmes des réseaux sociaux qui enrichissent des milliardaires aux quatre coins du monde.
[00:06:39.870] – Tatiana St-Louis
Donc, j’ai des réflexions mitigées par rapport à tout ça. Quand je parle de pricing inclusif, je voulais d’abord peut-être spécifier un petit peu de quoi je parlais : je parle autant de demander des contributions volontaires pour nos services, je parle de tarification différenciée, donc par exemple dire comme « si tu corresponds à telle catégorie, voici le prix que je te suggère de payer, si tu corresponds à telle catégorie, voici un autre tiers » — en anglais, on dit « tiered pricing » —, ça peut aussi avoir un lien avec les bourses et les commandites, etc. Je vais d’abord le dire: je trouve que le pricing inclusif, c’est une excellente chose. Je pense que c’est vraiment génial qu’il y ait de plus en plus de réflexions autour de ça. Quand j’ai commencé en entrepreneuriat, il y avait peu de discussions publiques, même si c’est sûr que les contributions volontaires, puis tout ça, ça a toujours existé, mais je trouve que c’est intéressant maintenant que ce soit démocratisé aussi chez les petits entrepreneurs et puis que ce soit réfléchi avec une vision globale aussi de nos valeurs puis de notre entreprise. Moi, personnellement, j’ai travaillé avec des contributions volontaires au début début de ma pratique, quand on était en pleine pandémie et puis que je n’avais ni emploi, ni business, ni quoi que ce soit.
[00:08:05.970] – Tatiana St-Louis
J’avais juste de l’expertise — qui est un capital quand même, c’est un capital auquel j’avais accès et que je pouvais distribuer —, mais c’est ça. Tu sais, j’ai travaillé avec certaines modalités comme ça. J’aime bien jouer avec le pricing d’une façon qui est fluide et qui me permet aussi d’aller voir comment est-ce que mon audience se sent par rapport à certains prix, comment est-ce que moi, je me sens aussi par rapport à mes services, puis tout ça. Donc, c’est une excellente chose, le pricing inclusif. Pis je pense qu’on devrait tous réfléchir aussi à comment on veut se positionner par rapport à ça et réfléchir à l’accessibilité de notre travail, surtout quand on évolue dans des domaines du soin, qu’on soit coach, qu’on soit thérapeute, qu’on travaille dans la médecine holistique. C’est une belle façon aussi de transgresser les injonctions capitalistes ou les injonctions extractives qui disent que l’objectif d’une entreprise, ça doit constamment être de maximiser ses revenus et son profit et que dans certains domaines du soin, ça va à l’encontre aussi de certaines philosophies de dire « On veut un maximum de personnes qui vont pouvoir bénéficier de ces modalités-là ». Il y a quelque chose de revendicateur, il y a quelque chose de très…
[00:09:34.610] – Tatiana St-Louis
Ce n’est pas le mot rebelle que je veux utiliser, mais il y a quelque chose de se lever contre un système qui nous a fait croire que pour faire de la business, il faut absolument aller chercher, aller tirer le maximum de nos clients, de notre audience, de notre marché, puis qu’il y a d’autres façons de voir la chose. Donc pour moi, le pricing inclusif, c’est un bel espace à explorer pour réfléchir à ces choses-là. Et l’autre chose que je voulais noter, c’est que c’est sûr que quand on parle de pricing inclusif, on comprend aussi que dans le pricing lui-même, dans notre façon de fixer nos prix, on est en train d’exclure. Et puis, peu importe à quel prix on va vendre quelque chose, le prix est une fonction du positionnement et donc l’argent va devenir une variable dans l’équation d’échange et va avoir cet effet-là de nicher notre produit dans une certaine clientèle. Et puis, c’est la raison pour laquelle les entreprises de luxe se nichent dans un range de prix qui est très élevé. Ils demandent beaucoup d’argent pour, mettons, un sac à main ou pour une paire de lunettes de soleil, pour dénoter de cette exclusivité, c’est une autre dynamique.
[00:11:04.040] – Tatiana St-Louis
Parallèlement, quelqu’un qui va pricer à un très petit prix peut avoir un effet d’exclusion aussi, parce que certaines personnes ne vont pas vouloir nécessairement… Ou vont penser que « prix va avec qualité » ou des choses comme ça. Donc, peu importe où on se trouve dans le domaine du pricing, le pricing est une caractéristique subjective de notre offre qui va être interprétée de différentes façons, mais qui va exclure et inclure certains groupes de personnes.
[00:11:39.340] – Tatiana St-Louis
Salut les ambitieuses! Je fais une petite pause dans l’épisode pour te parler de quelque chose de vraiment important. On ne va pas se mentir, grâce au pouvoir du Web et des réseaux sociaux, ça n’a jamais été plus facile qu’aujourd’hui d’avoir sa propre entreprise. Le défi, c’est d’y rester maître à bord, ancré dans ta vision, peu importe les tempêtes que tu vas rencontrer au fil des ans. Mais il ne faut pas non plus se faire d’illusions. Ton énergie est limitée, tu ne peux pas brûler la chandelle par les deux bouts. Et pour continuer, tu as besoin de trouver un équilibre entre croissance et stabilisation. Et la clé vers cet équilibre, c’est la force de tes systèmes. Et crois-en mes sept années d’entrepreneuriat à faire croître mon équipe, mon plaisir et mes profits, je l’ai expérimenté au premier plan.
[00:12:25.370] – Tatiana St-Louis
Ce sont tes systèmes qui te supportent jour après jour pour que tu puisses enfin relaxer dans ton business, même quand le monde est sans dessus-dessous. Si je te parle de ça, c’est que le temps est venu de ré-ouvrir les portes de mon programme signature: Autopoiesis. Ce programme, c’est un hybride entre un mastermind et un parcours de développement entrepreneurial pour te faire travailler dans les mécanismes les plus importants de ton business durable. Bye bye hustle, bye bye doute et découragement. Tu es devenu entrepreneur pour faire du bien à toi, à tes clients et à ceux qui t’entourent. Et là, on va optimiser chaque partie de ton entreprise pour y arriver. Si tu veux avoir tous les détails et être invité à la masterclass privée « Apprendre à danser avec le chaos entrepreneurial », va tout de suite remplir le formulaire qui se trouve sur la page du programme à aimetamarque.com/autopoiesis. C’est gratuit, c’est sans engagement, mais mon instinct me dit que c’est exactement le type de support à la fois stratégique et expérientiel que tu cherchais. C’est à aimetamarque.com/autopoiesis. Et t’inquiètes, si tu arrives sur mon site, tu vas le trouver facilement dans l’onglet « Programmes ». Maintenant, de retour à l’épisode.
[00:13:48.860] – Tatiana St-Louis
Donc, ceci dit, je pense quand même qu’il faut faire attention quand on se lance dans des réflexions sur le pricing inclusif, parce que, encore une fois, inclusif a cette aura genre de moralité. On veut être inclusif, on veut des sociétés plus inclusives, alors pourquoi est-ce qu’on ne ferait pas du pricing inclusif? Et je pense que la raison pour laquelle j’enregistre cet épisode, c’est juste de prendre le temps de se poser puis de réfléchir à certains de ces aspects, parce que ça peut être vraiment tentant de juste dire « OK, à partir de maintenant, je vais faire de la tarification différenciée ou je vais offrir des bourses et des commandites, ou je vais fonctionner selon contribution volontaire ». Mais il faut le faire dans la conscience, il faut le faire suite à une réflexion qui aura mûri, pour éviter de tomber dans certains pièges. Puis, selon moi, il y a comme trois grands pièges à éviter. Le premier étant l’injonction de générosité, dont j’ai parlé un petit peu par rapport à l’épisode que j’avais enregistré. Parce que, quelque part, ce qui se passe, c’est que dans la société dans laquelle on vit – dans une société patriarcale et capitaliste —, où on nous incite à donner notre temps et notre énergie, — et surtout, les femmes sont incitées à donner ce temps et cette énergie-là, à travailler sans rémunération —, on a normalisé certains domaines, comme les domaines du soin, les domaines de l’éducation, comme étant des choses qui sont des vocations et pour lesquelles on ne devrait pas avoir à payer.
[00:15:37.140] – Tatiana St-Louis
C’est une arme à double tranchant de voir la chose comme ça, parce que d’un côté, c’est vrai, je pense que tout le monde voudrait avoir accès à l’éducation, les soins de santé, les soins psychologiques, etc, ou les soins énergétiques même, ce type de soins, on voudrait y avoir accès, et c’est ça une société inclusive où les gens peuvent avoir accès à ces choses-là. Par contre, la société dans laquelle on vit fait qu’il y a davantage de femmes, — il y a une majorité de femmes qui évoluent dans ces métiers-là — et ça a été normalisé que ces métiers sont sous-payés, que les personnes qui prodiguent ces soins peuvent demander jusqu’à un certain seuil de rémunération — qui souvent n’est pas assez pour leur permettre de vivre bien et d’offrir ces soins qui demandent énormément de disponibilité. Ça, c’est sans compter tous les métiers ou les vocations qui ne sont pas rémunérées du tout, comme les aidants naturels, comme les personnes qui font l’école à la maison, ils ont peut-être certains incentifs, genre au niveau des taxes ou peu importe, mais c’est loin de nous permettre de vivre dans une société capitaliste dans laquelle il faut constamment, par exemple, payer pour manger, il y a de l’inflation, etc.
[00:16:59.190] – Tatiana St-Louis
Comment est-ce qu’on fait si on ne se fait pas payer pour les soins qu’on prodigue ? Donc l’injonction de générosité, c’est de vivre dans ce modèle où, parce qu’on aide, parce qu’on est de service, on se doit d’être généreuse parce que c’est ça une vision morale de l’utilisation de notre expertise. Puis, ce qui arrive avec ça — pis vous le savez — ça mène, — puis on le voit dans les systèmes publics, surtout ici au Québec —, c’est que ça mène au burn out. Parce que quand on travaille, quand on se fait extirper un maximum de nos propres ressources, puis qu’on est pas rémunéré à notre juste valeur, —encore une fois, je n’aurais peut-être pas dû dire à juste valeur —, quand on ne se fait pas rémunérer suffisamment pour bien vivre dans ce système-ci, puis se régénérer, et bien, ces personnes-là, elles mènent au burn out, elles quittent les industries. Les pénuries d’infirmières, les pénuries d’enseignantes… Et quand le burn out, ça s’immisce dans notre entreprise, ça, ça fait que c’est des entrepreneurs qui doivent fermer leur business. Donc ça, c’est un des pièges avec tout ce qui est pricing inclusif, de ne pas tomber dans cette vision du soin, qu’on ne devrait pas avoir à payer pour du soin et qu’on se doit d’être généreuse, parce que le système n’est pas nécessairement généreux envers nous, disons-le comme ça.
[00:18:38.940] – Tatiana St-Louis
Ce qui mène à un autre des pièges, qui est le fameux syndrome de mère Teresa, puis de se dire que, parce qu’on a décidé de travailler dans X domaines, on est en croisade, on est dans une mission divine d’aider les autres, que tout ce qu’on veut c’est d’aider un maximum de personnes, même si ça a un effet négatif sur nous-mêmes. Puis ça, ce qui arrive — dans le syndrome de mère Teresa — c’est souvent issu d’un sentiment de culpabilité, qui est lui-même ancré dans une relation conflictuelle avec l’argent et la richesse. Argent et richesse = mal et donc, je ne peux pas accumuler ça. Donc, je vais masquer ça dans le manteau de la bienséance, de la bienportance. Je vais avoir l’air d’être quelqu’un qui est particulièrement généreux, justement particulièrement dévoué et de cette façon-là, je vais pouvoir éviter le troisième piège, qui est la peur de me faire juger. La peur de me faire juger surtout par des personnes… Pis tu sais, moi j’entends souvent des personnes qui travaillent dans des milieux du soin et qui ont peur de certains groupes activistes qui pourraient… Tu sais, la cancel culture — là on va le dire — parce qu’ils considèrent qu’elles devraient charger moins ou qu’elles ne devraient pas avoir à payer pour tel ou tel service.
[00:20:07.730] – Tatiana St-Louis
Mais on se rappelle, tout ça, c’est comme un cercle qui se renforcit lui-même, c’est que tout ça nourrit un système patriarcal dans lequel les femmes ne sont pas payées, dans lesquelles elles sont mal vues si elles n’adhèrent pas à cette injonction de générosité et dans laquelle elles ne jouent pas à la mère Teresa qui va se mettre en difficulté financière dans le but nécessairement d’aider les autres. Il y a toute cette dynamique-là qui est importante à juste conscientiser quand on entre dans une réflexion sur le pricing inclusif, parce que c’est vraiment important de maintenir pour soi ces seuils de sécurité pour être sûr qu’on est en mesure de faire ce pricing. Puis moi, de mon expérience, de ce que j’ai observé, les personnes qui ont fait du pricing inclusif qui fonctionnait, souvent, c’étaient des personnes qui étaient quand même assez établies, qui ont des valeurs fortes, naturellement, qui sont investies dans leur communauté, mais aussi qui ont beaucoup de volume ou qui ont une très grande notoriété. On ne connaît pas nécessairement tous les détails de leur modèle d’affaires, mais il y a quelque chose dans leur modèle d’affaires qui permet à ce type de pricing d’être soutenable.
[00:21:31.300] – Tatiana St-Louis
Pis ça, c’est comme une question qu’il va falloir se poser, c’est de savoir « comment est-ce que ce modèle peut être soutenable dans nos propres entreprises ? » Parce que si on tombe dans les pièges que j’ai nommés un peu plus haut, on va créer des résultats qui peuvent être fâcheux dans notre business, comme par exemple de bâtir du ressentiment envers nos clients. Encore une fois, je vous réfère à un autre épisode de podcast que j’ai fait: aimetamarque.com/141. L’épisode 141 où je parle justement du marketing du ressentiment et comment sortir de cette relation de ressentiment avec nos clients, parce que souvent, ce qui va arriver, c’est qu’on va essayer de faire du pricing qui va être plus accessible et de cette façon-là, on ne va pas être en mesure de payer nos factures, on va être en relation de codépendance avec nos clients et là, on va avoir un ressentiment envers eux parce que la fois où ils ne voudront pas payer, on va dire « Là, je ne peux pas me charger moins cher que ça ». Bref, on rentre dans tout un lot de drama. L’autre résultat fâcheux, ça pourrait être, comme je l’ai nommé tantôt, l’épuisement professionnel, le burn out, mais aussi la dévalorisation des métiers, du soin, du coaching, la dévalorisation de certains métiers qui demandent énormément de présence, qui demandent aussi bien souvent d’avoir fait des certifications, d’avoir été formé à certaines écoles — surtout des personnes qui se responsabilisent.
[00:22:57.410] – Tatiana St-Louis
Par exemple, moi, j’ai des certifications en trauma-informed coaching, en hypnose, là, je suis en train de faire celle en process-oriented work… Tu sais, je veux dire, on accumule ces formations et ces certifications pour être en mesure de mieux aider, mais c’est sûr que si après ça, je ne suis pas capable non plus de valoriser mon métier, tout ce qu’on fait, c’est niveler vers le bas en rentrant dans ce piège-là de l’injonction de générosité. Et le dernier résultat, c’est de maintenir une relation démonisée avec l’argent ou une relation toxique avec l’argent, puis de dire qu’on ne peut pas maintenir ou garder de l’argent ou avoir de l’argent sans quoi on est une mauvaise personne. Puis ça, on ne va pas rentrer dans toute la psychologie derrière tout ça, mais historiquement, ça a été très difficile pour les femmes de sentir qu’on est capable d’avoir de l’argent, qu’on ne va pas juste le dépenser, le flamber, que ce n’est pas dangereux entre nos mains, mais aussi que ça ne fait pas de nous une mauvaise personne. Ce n’est pas parce qu’il y a des personnes qui ont de l’argent qui sont des mauvaises personnes, ou peu importe — même encore une fois, ça veut dire quoi une mauvaise personne? —, mais tu sais qui font des choses qui sont négatives pour l’humanité ou la planète, que c’est l’argent qui les a rendues comme ça.
[00:24:24.010] – Tatiana St-Louis
Bref, on peut avoir un long débat là-dessus. Mais tu sais, de démoniser l’argent, je pense que c’est quelque chose qui peut être dangereux. On peut vouloir sortir d’un système capitaliste, on peut vouloir modifier certaines façons de faire, on peut vouloir s’opposer à l’extraction ou à l’oppression, mais ultimement, l’argent en soi est un outil, puis tant et aussi autant qu’on va vivre dans ce système-ci, puis qu’on n’est pas indépendant de fortune, par exemple, et puis qu’on peut faire ce qu’on veut, on doit vivre selon certaines règles qui sont imposées par le système dans lequel on vit. Pour éviter de rentrer dans ces conséquences-là, moi, les conseils que je vous amènerais pour réfléchir à du pricing inclusif, d’abord, c’est d’aller voir des exemples de personnes qui utilisent le pricing inclusif et comment elles l’utilisent. Même si vous voulez, moi, j’ai déjà entendu qu’il y avait des formations là-dessus. J’ai déjà pris une formation là-dessus, je trouvais ça super intéressant. Je n’ai pas appliqué nécessairement le pricing inclusif, mais ça m’a permis de réfléchir à une stratégie que je voudrais peut-être implémenter dans le futur. Deuxième chose, puis je pense que ça, c’est probablement la première chose, c’est de toujours s’assurer de maintenir nos seuils minimaux de sécurité et apprendre où sont nos limites et comment les respecter.
[00:25:59.470] – Tatiana St-Louis
Parce que je pense que c’est ça aussi le danger du pricing inclusif, c’est de juste ne pas avoir fait l’exercice de savoir « ok, combien j’ai besoin d’argent par mois pour vivre? Combien j’ai besoin d’argent pour payer mon équipe? Combien j’ai besoin d’argent pour m’assurer que je ne suis pas constamment stressée? », à essayer de voir, pour pouvoir me donner un buffer qui va me permettre de ne pas rentrer dans le ressentiment envers mon entreprise, envers mes clients ou dans un stress constant, à savoir « est-ce que je suis en train de brûler la chandelle par les deux bouts? » Ensuite, il y a : apaiser notre relation à l’argent pour choisir des modalités ancrées dans nos valeurs. Qu’est-ce que je veux dire par là? C’est qu’en apaisant notre relation à l’argent, en découvrant où ils sont, justement, ces blocages-là — c’est quoi le lien avec nos traumas intergénérationnels ou avec nos traumas avec l’argent qu’on a vécu dans notre propre vie —, pis de commencer à les déconstruire pour voir « OK. Ça, c’est une question qui est un petit peu à part du pricing de mon business » et d’essayer de créer une certaine lucidité pour naviguer à travers nos décisions stratégiques au niveau de nos offres et de notre entreprise et des sentiments qui pourraient être en lien avec la culpabilité, avec le rejet, avec la peur, avec l’angoisse autour de l’argent, pour ne pas être en mode réactif quand on prend des décisions par rapport à nos offres.
[00:27:35.660] – Tatiana St-Louis
L’autre chose que je pense… Puis ça, ça mène justement à éviter de prendre des décisions dans la peur: peur du jugement, peur des représailles ou la culpabilité et sachant qu’il va toujours être possible de changer et de s’ajuster. Si ça ne fonctionne pas pour vous, vous pouvez toujours changer vos prix. Il n’y a rien qui ne peut pas être modifié dans une business, puis c’est ça le grand avantage d’être entrepreneur, c’est qu’on peut tout changer tout le temps, à tout moment, de toutes les façons. La dernière chose aussi que je ferais — encore une fois, je ne les ai pas mis en ordre, j’aurais peut-être dû les mettre en ordre —, mais c’est de faire un état des lieux et de lister tous les lieux où on donne déjà à petit prix ou gratuitement. Comme par exemple, moi, je sais que je passe énormément de temps à enregistrer ce podcast, à le monter… Je paye une personne pour m’aider à mettre en ligne les shownotes et tout ça. Puis de juste reconnaître « OK, ça, c’est une fonction aussi de ce que je crée dans mon legacy. Ça, c’est des outils que j’offre qui sont gratuits. Oui, ça constitue aussi mon marketing, mais c’est aussi une bibliothèque de ressources que j’offre gratuitement et que je construis gratuitement, semaine après semaine. »
[00:28:57.390] – Tatiana St-Louis
Il y a des personnes qui ont un un éventail de petits produits ou de petites masterclass qui ne sont pas des masterclass de vente. C’est vraiment genre « Je vais t’offrir ces modalités-là ». Puis aussi de choisir des modalités qui sont ancrées dans nos valeurs, comme par exemple, peut-être que le tiered pricing, la tarification différenciée, ce n’est pas possible pour vous à ce stade-ci, mais vous vendez du high-ticket et puis sur cinq ventes, vous créez une bourse, tu sais pour une personne, avec une application peut-être. Sur dix ventes high-ticket, vous créez une bourse où il y a une personne qui peut suivre le programme gratuitement. Ça, c’est des choses qui peuvent être mise en place selon vos modèles, selon vos seuils de sécurité minimaux, selon votre façon… Vos valeurs, qui vont être dépendantes d’une personne à une autre, qui ne vont pas faire qu’une personne est meilleure que l’autre, mais vraiment qui vont montrer qu’on s’en va dans cette direction-là de l’inclusivité autour de nos prix, sans nécessairement entrer dans la honte ou la culpabilité, qui seraient vraiment les dernières émotions qu’on veut faire vivre quand on prend des décisions stratégiques comme ça.
[00:30:19.760] – Tatiana St-Louis
Alors voilà, comme d’habitude, je suis curieuse de savoir ce que vous en pensez. Si vous faites du pricing inclusif et de quelle façon vous l’avez adopté, ça a été quoi votre réflexion stratégique autour de ça. Sur ce, je vous souhaite une belle journée et on se dit à la prochaine.
[00:30:34.250] – Tatiana St-Louis
Hey, tu es encore là? Ça veut dire que l’épisode t’a plu, c’est vraiment cool ça! Est-ce que je peux te demander quelque chose maintenant? Aide d’autres femmes comme toi à découvrir le podcast en déposant des étoiles d’appréciation pour l’Ambition au Féminin. Sur Apple Podcast, c’est facile : défile tout en bas de la page de l’émission où tu vois les avis et tape sur le cinq étoiles pour faire exploser mon cœur de joie. Sur Spotify, c’est encore plus simple : navigue sur la page du balado et tape l’icône en étoile en bas de la description. Merci d’avance, je t’apprécie beaucoup.