Ep. 164 Mères, féministes et badass avec Cindy Pétrieux

Quand on fait le choix d’avoir des enfants, l’accouchement devient un moment clé, marquant un changement profond dans notre identité et notre relation avec la société.
Pour beaucoup, il nous fait (re-)prendre conscience de ce pouvoir incroyable que nous possédons et qui nous est propre : celui de donner la vie. Pourtant, dans nos sociétés surmédicalisées où tout est vu sous l’angle de l’optimisation et de la systématisation, la mise au monde, loin d’être une expérience empuissançante, devient parfois malheureusement synonyme de fragilité et de victimisation.
Accompagner les femmes à se reconnecter à leur puissance de badass à travers le don de la vie, c’est la mission que Cindy Pétrieux a embrassée quand elle est arrivée au Québec.

En tant que mère, militante féministe et accompagnante à la naissance, Cindy apporte une perspective unique et inspirante sur la manière dont la maternité peut être vécue comme un acte politique et émancipateur, contrant ainsi les normes patriarcales et la surmédicalisation qui souvent altèrent cette expérience physique, psychologique et spirituelle.

Dans l’épisode d’aujourd’hui, on discute notamment de :

  • Le déclic qui a poussé Cindy à s’impliquer dans le domaine de la naissance et à en faire son métier
  • Comment la société occidentale prive les femmes de leur autorité lors de leur accouchement
  • Comment se réapproprier sa propre expérience d’accouchement, même suite à un accouchement traumatique
  • Comment Cindy intègre son identité de mère dans son engagement politique et féministe

À propos de Cindy Pétrieux

Issue d’un milieu populaire, Cindy a vécu une enfance où la violence était monnaie courante. Est-ce que c’est ce qui a nourri sa soif de justice ? Peut-être. En tout cas, elle n’attend pas de quitter les bancs de l’école primaire pour défendre les droits de ses camarades. À 10 ans, indignée par les méthodes éducatives oppressives d’une intervenante, elle organise très sérieusement un boycott de cours pour dénoncer la situation et réclamer une rencontre avec l’intervenante et la direction. Son argumentaire affuté lui permettra d’avoir gain de cause.

Cet engagement dans la défense des droits ne la lâchera jamais : syndicalisme étudiant, initiation d’un mouvement national pour le logement étudiant en France, travailleuse pour un organisme de défense de droits en santé sexuelle et reproductive au Québec…

C’est suite à son expérience personnelle d’enfantement et de maternité qu’elle affuta son esprit féministe et commença à s’impliquer dans la défense de droit en périnatalité. Comme militante d’abord puis comme entrepreneuse aux multiples projets.

En tant qu’accompagnante féministe autour de la naissance, elle croit que la grossesse et l’enfantement constituent un rite de passage empuissançant largement sous-estimé, car on en a désapproprié les personnes premièrement concernées en les faisant enfanter sous l’autorité médicale. Que ce soient pour les futur-es parents, les mères (ou parents trans et non binaire ayant enfanté) ou les professionnel-les en périnatalité, Cindy offre de l’accompagnement individuel et des espaces féministes de réempuissancement collectifs afin de vivre ou d’accompagner ce passage de la mise au monde dans leur autorité personnelle.

Dans cet épisode, Cindy nous encourage à réfléchir à la manière dont nous percevons la maternité et à l’importance de soutenir les mères dans leur voyage vers l’empowerment et l’autonomie, avant, pendant et après l’accouchement.

Mentionné dans cet épisode :

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Transcription de l’épisode 164

Ep. 164 Mères, féministes et badass avec Cindy Pétrieux

Tatiana St-Louis [00:00:00]:

Vous écoutez l’Ambition au Féminin épisode 164 et aujourd’hui je m’entretiens avec Cindy Pétrieux qui va nous parler de comment le monde de la naissance a besoin d’être révolutionné pour nous permettre de reconnecter à notre puissance de badass. Mon nom est Tatiana St-Louis et j’anime l’Ambition au Féminin, un podcast pour toutes les femmes pleines de vision, de talent et de drive qui désirent redéfinir le succès selon LEURS termes et LEURS conditions. Chaque semaine, j’explore seule ou en présence d’invités les thèmes entourant la réussite professionnelle et personnelle. Mindset, productivité, leadership, branding personnel… C’est LE rendez-vous pour réfléchir à la façon dont TU veux vivre ton plein potentiel et laisser ton empreinte dans le monde.

Tatiana St-Louis [00:00:55]:

Salut les ambitieuses, comment vous allez aujourd’hui ? J’espère que vous allez bien. Moi, ça va super parce que j’ai une super entrevue à vous présenter aujourd’hui avec une femme que je respecte énormément, ça fait un certain temps, peut-être un an, un peu plus que ça que je la connais…. Peut-être que je suis dans les patates.

Tatiana St-Louis [00:01:20]:

Cindy m’excusera. Mais aujourd’hui, j’ai une conversation avec Cindy Pétrieux qui est une personne extrêmement fascinante et que j’ai appris à connaître au fil des mois autant dans mes programmes d’accompagnement, mais aussi dans sa propre pratique et ce que j’aime avec Cindy c’est comment elle parle de sujets complexes avec précision, mais aussi avec une grande vision des différentes dynamiques oppressives qui existent dans le monde. Donc je vous parle un petit peu de Cindy, puis après ça je vous dis de quoi on discute dans cet épisode et ensuite ce sera à vous de découvrir cette belle conversation. Donc Cindy est issue d’un milieu populaire et elle a évolué dans un milieu où elle a vécu de multiples violences dès l’enfance. Est-ce que c’est ce qui a nourri sa soif de justice ? Peut-être mais elle n’a pas attendu de quitter les bancs de l’école primaire pour défendre les droits de ses camarades. À dix ans même, elle était indignée par les méthodes éducatives oppressives d’une de ses intervenantes et elle organise très sérieusement un boycott des cours pour dénoncer la situation et réclamer une rencontre avec l’intervenante et la direction. Donc cet engagement dans la défense des droits ne va jamais la lâcher. Syndicalisme étudiant, initiation d’un mouvement national pour le logement étudiant en France, travailleuse pour un organisme de défense des droits en santé sexuelle et reproductive au Québec… C’est suite à son expérience personnelle d’enfantement et de maternité qu’elle affuta son esprit féministe et commença à s’impliquer dans la défense des droits en périnatalité. Comme militante d’abord, puis comme entrepreneuse parce que Cindy, elle est une accompagnante féministe autour de la naissance.

Tatiana St-Louis [00:03:20]:

Dans ses croyances, il y a le fait que la grossesse et l’enfantement constituent un rite de passage empuissansant largement sous-estimé parce qu’on a désapproprié les personnes premièrement concernées en les faisant enfanter sous l’autorité médicale. Que ce soit pour les futurs parents, les mères ou parents trans et non-binaires ayant enfanté ou les professionnels en périnatalité, Cindy offre de l’accompagnement individuel et des espaces féministes de réimpuissancement collectif afin de vivre ou d’accompagner ce passage de la mise au monde dans leur autorité personnelle. Et donc toute cette dimension qui est à la fois militante, activiste, vraiment ancrée dans la justice sociale, et amener ça dans le milieu de l’enfantement, le milieu des doula, le milieu de la maternité, pour moi c’est une mine d’or de réflexion sur notre place de femme, sur notre place de personnes qui pouvons justement enfanter et de comment le pouvoir nous a été enlevé des mains à plusieurs reprises dans des lieux où justement on est le plus connecté avec cette puissance-là. Et la conversation qu’on a avec Cindy, on va discuter autant genre de pourquoi c’est ainsi, ça veut dire quoi une mise au monde ou un accouchement empuissansant et on va même parler de qu’est-ce qui arrive si on a été désenpuissancé durant notre accouchement et Cindy elle a de grandes connaissances et une grande sensibilité pour parler de toutes ces thématiques-là. Donc j’ai super hâte que vous découvriez cette conversation et comme d’habitude vos commentaires, vos réflexions sont toujours les bienvenus.

Tatiana St-Louis [00:05:14]:

Hello hello Cindy, comment ça va ? Bienvenue sur l’Ambition au Féminin.

Cindy Pétrieux [00:05:18]:

Merci ! Salut !

Tatiana St-Louis [00:05:26]:

Je suis contente de t’avoir avec nous. Aujourd’hui, on va parler de ton expertise et de ta vision qui est… Je trouve qu’elle est quand même unique. Je pense que tu dirais la même chose peut-être, je ne sais pas genre à quel point c’est répandu dans le milieu de la naissance, ce genre de vision. Mais avant qu’on commence dans le vif du sujet, je voulais te poser la question, c’est quoi pour toi l’ambition ?

Cindy Pétrieux [00:05:52]:

Ah oui, j’avais oublié ça. L’ambition. L’ambition pour moi, c’est se permettre de rêver, d’aller vers quelque chose qui nous fait vibrer. Ouais c’est tout.

Tatiana St-Louis [00:06:10]:

Ok. Quelque chose qui vous fait vibrer. Puis qu’est-ce que… Comment tu définis ou comment tu sais que quelque chose te fait vibrer, je suis comme curieuse ?

Cindy Pétrieux [00:06:20]:

Tu sais je suis une personne très intuitive, faque on dirait que souvent, mon cerveau m’amène la réponse avant que j’ai eu le temps de faire tout le chemin de pourquoi c’est cette réponse. Et par la suite, j’ai le temps de refaire le chemin pour le comprendre. Pour moi, quelque chose qui fait vibrer, c’est tu sais, mettons, je ne sais pas, tu te dis je vais construire mon entreprise ou j’ai envie de voyager à tel endroit ou j’ai envie d’accoucher de telle façon ou j’ai envie de m’alimenter de telle façon puis ça fait un « oui » tout de suite en dedans de toi, pour moi ça ça veut dire vibrer. Ça empêche pas de faire le chemin d’aller valider ce « oui » d’une façon ou d’une autre, d’aller chercher des informations supplémentaires etc mais on dirait que c’est comme si ton corps te disait oui avant que ton cerveau ait le temps de te faire comprendre pourquoi. C’est ça, c’est ça que j’appellerais moi quelque chose qui te fait vibrer.

Tatiana St-Louis [00:07:17]:

Intéressant, puis toi, tu lis ça indirectement à l’ambition, directement plutôt à l’ambition. Puis je trouve ça intéressant que selon ce que j’entends, c’est que y a une dimension très intuitive et très en cohérence avec le corps quand on décide justement d’entreprendre des projets ambitieux ou de s’autoriser peut-être certains rêves ou certains désirs.

Cindy Pétrieux [00:07:55]:

Oui complètement, mais en tout cas, tu sais moi je suis une personne qui dans son expérience de vie a été très très déconnectée de son corps de par notamment de nombreuses violences physiques. Puis, c’est revenu dans ma vie du jour au lendemain. C’était très bizarre d’un coup de ressentir tout ça, toutes ces sensations-là.

Cindy Pétrieux [00:08:17]:

Puis, c’est un moment où j’ai pris une décision importante dans ma vie et c’est comme si justement le corps était comme « OK, c’est là, c’est là que ça s’en va! ». Et ouais, c’est même si je suis une fille très dans sa tête, souvent quand je ressens dans le corps je sais que là c’est vraiment la bonne affaire.

Tatiana St-Louis [00:08:36]:

C’est vraiment intéressant puis justement ça mène à peut-être justement commencer à parler de notre sujet du jour. Puis je voulais te poser la question comment tu en étais arrivée à devenir une professionnelle, je ne sais pas si tu t’appellerais comme ça, mais du monde de la naissance, tu sais pourquoi tu as décidé de te consacrer à ce milieu-là ? Parce qu’encore une fois, tu sais, je trouve intéressant cette dichotomie entre les sensations corporelles, mais aussi le fait que tu es quelqu’un de beaucoup dans ta tête, mais qui travaille aussi beaucoup avec son intellect.

Cindy Pétrieux [00:09:14]:

Comment j’en suis arrivée là, eh boy ? À chaque fois qu’on me pose ce genre de questions, je suis comme « attends, je dois commencer le chemin où? Alors je suis née en 1987 et… » mais en vrai, en vrai, je vais quand même conter cette anecdote-là parce que elle est venue… C’est une anecdote que j’ai apprise récemment et qui est venue faire beaucoup de sens sur mon parcours, sur mon chemin, puis je rentrerai pas dans les détails de cette anecdote, mais ce que j’ai appris il y a moins d’un an sur ma propre naissance, c’est que je suis née dans un contexte de grande violence obstétricale, où les médecins ont cru que j’étais morte in utero et finalement pas du tout a priori je suis bien en vie, et ça, c’est quelque chose que j’ai su que récemment et qui est venu apporter beaucoup de sens à mon chemin. Moi, je je suis devenue enceinte de façon tout à fait voulue la première fois, mais en même temps ça s’est passé tout de suite. Donc j’ai été un peu surprise, puis j’avais pas personne dans mon entourage qui avait de bébés, qui avait de grossesse, quoi que ce soit. Donc j’arrivais dans un monde complètement inconnu et j’ai fait comme je fais souvent quand j’arrive dans un milieu très inconnu, je suis partie en exploration. Rapidement, j’ai pris des décisions. Il faut savoir à ce moment-là que moi, je vivais en France, mon chum québécois vivait au Québec, donc déjà, première décision à prendre « qui traverse l’océan? », c’est quand même une grosse décision. C’est moi qui ai traversé l’océan et j’ai eu la chance, l’opportunité, le privilège de vivre une grossesse et un accouchement accompagnés par les sages-femmes au Québec et de vivre une naissance complètement… Une mise au monde complètement extatique dans l’eau en maison de naissance.

Cindy Pétrieux [00:11:07]:

Puis moi, quand je suis ressortie de cette expérience le lendemain avec mon bébé dans les bras, j’étais comme « comment ça se peut que on nous fasse passer pour des si petites choses si fragiles ». Puis je repensais à toutes ces scènes d’accouchement ou de début d’accouchement qu’on voit dans les films où les femmes ont l’air en panique, ont l’air en détresse « Ah! », et là, d’un coup, un homme héroïque arrive, au ralenti, faire le sauveur. Alors qu’en fait, il n’a rien à faire. Puis moi, ce que je venais de vivre, c’était tellement ailleurs, c’était tellement dans un autre niveau de puissance que mon premier réflexe comme femme qui avant était militante dans les organismes syndicalistes, ça a été de comme « ok, il faut que ça sache, il faut que j’aille m’impliquer dans un organisme ». Donc j’ai d’abord été plus en défense de droit, donc plus dans la militance autour de la naissance, donc dans les organismes d’humanisation des naissances, dans les organismes aussi qui luttaient contre les violences obstétricales et gynécologiques. Donc ça, ça a été mon premier chemin puis j’ai vécu suite à ça une expérience de fausse couche qui a été très difficile, dans laquelle il y a eu des violences obstétricales et une expérience de césarienne qui n’a pas été facile non plus, qui n’a pas été le fun.

Cindy Pétrieux [00:12:33]:

Je pense c’est jamais le fun anyway une césarienne. Et donc, suite à cet événement-là, parce que c’est quand même une césarienne que j’ai décidée, que j’ai demandée à un moment donné arrivée dans le processus parce que j’en avais besoin, parce que c’était ça, c’était notre chemin. Suite à cette expérience-là, j’étais comme « ok, en fait, je travaille pour changer le monde, c’est super, mais en attendant, qu’est-ce qu’on fait ici et maintenant pour réduire les méfaits? » Et donc moi, je vois vraiment l’accompagnement à la naissance comme un outil de réempuissancement, de transmission, de recréer des liens de transmission qu’on a défait en fait par la construction patriarcale et capitaliste de notre société. Mais je le vois aussi comme une approche de réduction des méfaits. Et je pense que, comme pour n’importe quel changement social, on a besoin d’avoir plusieurs postures. On a besoin d’avoir des gens qui militent, on a besoin besoin d’avoir des alliés, on a besoin d’avoir des gens révolutionnaires qui vont faire de la désobéissance civile, on a besoin de gens qui ont des approches de réduction des méfaits, donc c’est ça.

Cindy Pétrieux [00:13:41]:

Donc moi aujourd’hui, je continue d’agir en militance, mais aussi dans cette approche d’accompagnement, qui pour moi est une approche de réduction des méfaits et d’empuissancement des personnes qui vivent ici et maintenant la grossesse et l’accouchement.

Tatiana St-Louis [00:13:57]:

C’est vraiment intéressant puis il y a plein de questions qui émergent en moi, puis j’ai envie de toutes te les poser en même temps. Mais premièrement, je voulais juste noter à quel point c’est ça que je trouve vraiment unique dans ta façon d’approcher l’accompagnement à la naissance, c’est que comme la traditionnelle image qu’on a de la doula ou de la compagne, c’est quelqu’un qui est vraiment très douce, vraiment dans un espèce de cocon, genre de douceur, du moins genre dans mon espèce de stéréotype. Et quand j’ai su que tu faisais ça et avec tout ton background militant et avec tout ce background anticapitaliste et féministe, tu sais, il y a comme un, justement, tu sais toute cette force et puissance qui souvent n’est pas associée avec ce genre de milieu là ou ce genre d’événements dans la vie. Puis c’est ça que j’ai trouvé particulièrement intéressant dans ta façon d’approcher les choses. Ceci dit, je voulais savoir, tu sais quand tu parles de réduction des méfaits, c’est quoi les méfaits dont tu parles? Puis pourquoi est-ce que c’est important d’agir justement au niveau de ce moment dans la vie des femmes qui est l’accouchement ? Puis tu sais… Oui, c’est ça genre, qu’est-ce que tu essayes… Ou qu’est-ce que tu penses qu’on devrait conscientiser davantage qu’on ne fait pas encore ?

Cindy Pétrieux [00:15:27]:

Il y a plein de questions dans ta question.

Tatiana St-Louis [00:15:31]:

Je sais.

Cindy Pétrieux [00:15:32]:

D’abord effectivement pour peut-être clarifier ce que j’appelle l’approche de réduction des méfaits parce que c’est une approche qui est très utilisée, par exemple dans tout ce qui est accompagnement par rapport aux personnes qui ont des dépendances, à des drogues, notamment. C’est utilisé dans différents milieux, c’est pas un terme qui est tant utilisé dans le milieu des naissances. Mais…

Cindy Pétrieux [00:15:55]:

Puis là, je ne veux pas faire non plus l’histoire des naissances, mais on vit à une ère où il y a une surmédicalisation de la naissance. Puis quand je parle de surmédicalisation de la naissance, je ne dis pas qu’il faut enlever toute médicalisation parce qu’évidemment dans certains cas, c’est nécessaire. L’enjeu c’est qu’aujourd’hui, par rapport à toutes les recommandations scientifiques, il se trouve que les pratiques hospitalières, les pratiques entourant la naissance sont largement sur-utilisées par rapport aux recommandations qui viennent des instances de santé. Donc l’enjeu de la surmédicalisation, c’est qu’on crée des problématiques à force de comme vouloir trop prévenir. Je donne un exemple très concret, l’effet nocebo, bon tout le monde connaît l’effet placebo, tu prends une pilule, on te dit que ça fait quelque chose, en fait elle fait rien du tout, puis ça fait quand même l’effet parce que dans ta tête tu t’es dit que ça se faisait, bon, je vulgarise, mais c’est un peu ça l’idée. L’effet nocebo, c’est par exemple tu as un suivi de grossesse où on va tout le temps être en train de dépister toutes au cas où. Ça va te générer du stress, mais là si tu es stressée, on le sait que ça ne te met pas dans les meilleures conditions pour vivre ta grossesse.

Cindy Pétrieux [00:17:20]:

On le sait que ça peut l’avoir des répercussions physiques et ça se peut que ça crée des conditions y compris que tu n’aurais pas eues dans un autre contexte. C’est ce qu’on appelle l’effet nocebo. Puis dans… Pareil autour de la grossesse et de l’accouchement, il va y avoir aussi le fait de dire « là on veut absolument surveiller par exemple le cœur fœtal avec un monitoring continu ». On le sait que le monitoring continu, ce sont des études scientifiques qui le démontrent, que ça augmente les risques de complications parce que ça génère un environnement de stress à un moment où tu as besoin physiologiquement parlant de ne pas être dans le stress parce que tu as besoin de libérer de l’ocytocine. Tu as besoin de libérer de l’endorphine pour que le processus puisse se faire. Donc pour moi, l’approche de réduction des méfaits, puis bon je donne ça, mais il y a un autre élément, c’est les violences obstétricales. On est dans une… C’est pas parce qu’on met une blouse blanche puis qu’on ouvre la porte de l’hôpital que d’un coup médecin, infirmière, même sage-femme etc tous les préjugés s’envolent. On est là avec notre bagage, et puis bon moi je suis pas de l’équipe médicale, mais les personnes des équipes médicales sont là avec tous leurs bagages qu’elles ont dans la vie. Donc si elles ont des préjugés, elles vont les porter aussi dans cet espace-là. Par exemple on parle du syndrome méditerranéen, ce syndrome méditerranéen, c’est d’attribuer aux femmes racisées, notamment d’Afrique du Nord, ce… Comment dire… Ce préjugé qu’elles se plaignent beaucoup plus, qu’elles sont beaucoup plus bruyantes que les femmes caucasiennes.

Cindy Pétrieux [00:19:05]:

Donc on prend moins en compte leur douleur. Donc on répond moins à leurs besoins pour soulager la douleur. Puis d’ailleurs le syndrome méditerranéen, ce n’est pas juste pour l’accouchement, hein c’est pour toutes dans la médecine. Ça aussi c’est connu, c’est reconnu, c’est étudié scientifiquement. Donc toutes ces éléments-là, que ce soient les discriminations, les préjugés qui peuvent mener à des violences obstétricales, qu’elles soient physiques, verbales, psychologiques, mais aussi l’usage de la surmédicalisation, ça crée un contexte en fait qui n’est pas bénéfique pour la personne qui est en train d’accoucher et donc pour moi l’accompagnement à la naissance, la pratique de la doula, c’est d’accompagner la personne qui traverse ce passage-là, de le faire avec un esprit critique, avec une information la plus large possible parce que pareil dans les pratiques médicales souvent l’information qui va être donnée c’est celle qui va dans le sens de la recommandation ou du conseil médical qui est donné, mais c’est pas forcément l’entièreté, ce qui devrait être hein pourtant légalement parlant pour pouvoir parler de consentement éclairé. Donc le rôle de la doula pour moi, c’est de permettre à la personne d’incarner son autorité, de développer sa confiance, de reconnecter à peut-être des intuitions qu’elles soient corporelles, émotionnelles pour pouvoir se prémunir, c’est malheureux, mais se prémunir de vivre de la surmédicalisation, de vivre des violences obstétricales et en même temps, on peut pas le prévenir dans le sens que la figure oppressive ici, c’est pas la personne qui est en train d’accoucher, c’est la personne qui donne les soins. Donc c’est pour ça que je pense que l’accompagnement à la naissance ne suffit pas à faire changer le paradigme des naissances et qu’il faut aussi une militance pour faire changer le milieu des naissances et donc en fait agir sur la classe dominante, la classe oppressive, qu’elle change ses façons de faire, qu’elle change sa vision du monde.

Cindy Pétrieux [00:21:10]:

Dans le milieu médical, la naissance, c’est vu comme un événement dangereux en puissance. Pourtant toutes les statistiques nous montrent que l’accouchement, c’est un processus tout à fait sécuritaire, où parfois il peut y avoir des besoins spécifiques, mais on parle vraiment d’un pourcentage très bas, beaucoup plus bas que le taux d’interventions, le taux de césariennes qu’on a actuellement par exemple dans nos pays du Nord. Ça, c’est la première partie de la question.

Tatiana St-Louis [00:21:37]:

Non, mais avant peut-être qu’on pense à la deuxième partie, je ne sais pas, mais ça me fait penser aussi… En tout cas, moi aussi j’ai accouché en maison de naissance avec des sages-femmes, puis finalement, j’ai décidé à la fin d’aller chercher l’épidurale. Mais pour moi, cette prise de conscience, puis même si bon, j’étais féministe et tout ça, mais elle s’est vraiment faite au niveau de mon expérience avec le corps médical dans un contexte… Pas dans le contexte de la naissance. Faque tu sais pour moi, c’est sûr que j’avais déjà des associations où j’étais peut-être un peu moins… J’avais comme vécu des événements traumatiques dans un contexte médical, puis traumatique, c’est peut-être un grand mot là, traumatique avec un petit « t », mais c’est ce qui m’avait amenée à aller chercher plus d’informations sur la naissance. Et c’est là que j’ai commencé à apprendre comme « oui, mais finalement, quand tu es dans l’hôpital, on te met dans cette position, mais ce n’est pas nécessairement la position la plus naturelle pour accoucher, et caetera, et caetera ». Pis un peu comme toi, j’ai plongé dans ces choses-là.

Tatiana St-Louis [00:22:48]:

Mais je pense qu’il y a aussi cette idée que, comme tu disais au début, la femme doit être sauvée, que la naissance est quelque chose de dangereux, que les seules personnes qui savent, c’est les personnes qui ont la blouse blanche et donc de laisser aux autres notre autorité sur quelque chose qu’on devrait être programmé… Qu’on est programmé génétiquement à être capable de faire. Faque c’est ça, comme t’écouter parler me faisait penser à cette réappropriation de notre autorité, mais aussi de notre corporalité. Parce que notre corps, c’est des choses qu’on n’a pas eu à apprendre dans les livres versus un médecin homme qui n’aura jamais appris, qui n’a pas ça de codifié dans son génétique. Tu sais, lui, comment est-ce qu’il peut savoir davantage que nous qui accouchons depuis des millénaires ?

Tatiana St-Louis [00:23:45]:

Salut les ambitieuses, je fais une petite pause dans l’épisode pour te parler de quelque chose de vraiment important. On va pas se mentir grâce au pouvoir du web et des réseaux sociaux, ça n’a jamais été plus facile qu’aujourd’hui d’avoir sa propre entreprise. Le défi, c’est d’y rester maître à bord, ancré dans ta vision, peu importe les tempêtes que tu vas rencontrer au fil des ans. Mais il ne faut pas non plus se faire d’illusions. Ton énergie est limitée, tu ne peux pas brûler la chandelle par les deux bouts et pour continuer tu as besoin de trouver un équilibre entre croissance et stabilisation. Et la clé vers cet équilibre, c’est la force de tes systèmes. Et crois-en mes sept années d’entrepreneuriat à faire croître mon équipe, mon plaisir et mes profits, je l’ai expérimenté au premier plan. Ce sont tes systèmes qui te supportent jour après jour pour que tu puisses enfin relaxer dans ton business même quand le monde est sans dessus dessous.

Tatiana St-Louis [00:24:44]:

Si je te parle de ça, c’est que le temps est venu de réouvrir les portes de mon programme signature Autopoiesis. Ce programme, c’est un hybride entre un mastermind et un parcours de développement entrepreneurial pour te faire travailler dans les mécanismes les plus importants de ton business durable. Bye bye hustle, bye bye doute et découragement, tu es devenu entrepreneur pour faire du bien à toi, à tes clients et à ceux qui t’entourent et là, on va optimiser chaque partie de ton entreprise pour y arriver. Si tu veux avoir tous les détails et être invité à la masterclass privée, « Apprendre à danser avec le chaos entrepreneurial », va tout de suite remplir le formulaire qui se trouve sur la page du programme à aimetamarque.com/autopoiesis. C’est gratuit, c’est sans engagement, mais mon instinct me dit que c’est exactement le type de support à la fois stratégique et expérientiel que tu cherchais. C’est à aimetamarque.com/autopoesis, et t’inquiète, si tu arrives sur mon site, tu vas le trouver facilement dans l’onglet « Programmes ». Maintenant, de retour à l’épisode.

Cindy Pétrieux [00:25:42]:

Tout à fait. Tout à fait, c’est intéressant que t’amènes la question des savoirs, parce que l’approche médicale de la naissance, elle se base sur une hiérarchie des savoirs, où la médecine biomédicale, parce qu’il y a d’autres médecines aussi, mais la médecine biomédicale, c’est comme le top de la hiérarchie. Puis ensuite les médecines alternatives, les savoirs expérientiels, les savoirs émotionnels, tout ça, c’est comme si bon, ce n’est pas important. Pourtant, puis j’arrive à la deuxième partie de ta question du coup sur la question de la signification de la naissance, de qu’est-ce que ça porte pour les femmes pour les personnes qui accouchent, bien c’est un passage d’une très haute intensité pour différentes raisons, pour des raisons sociales, devenir mère, ça veut dire quelque chose dans la société. Il y a quand même beaucoup de femmes d’ailleurs qui disent qu’elles sont devenues féministes en devenant mères parce que c’est aussi parfois le moment où tu te prends en pleine face tout le sexisme de la société. C’est un changement social mais aussi politique. On devient comme une figure différente dans la société et de par le fait d’avoir des enfants, ça se peut qu’on se positionne différemment politiquement aussi. Je parle pas là de politique gauche droite et caetera, là je parle juste de comment… Quelle place on veut tenir dans l’organisation de nos communautés.

Cindy Pétrieux [00:27:28]:

Parce que la politique avant tout c’est s’organiser dans nos communautés. Puis, c’est un changement corporel évidemment, le corps ne sera plus comme il a été. C’est un changement émotionnel, c’est un passage aussi spirituel. Donc c’est sûr que quand on a toutes ces dimensions de soi qui sont en train de bouger et d’évoluer, c’est quand même un grand grand passage. Pis c’est drôle parce que hier, je parlais dans un post, j’ai vécu dans ma vie une expérience de mort imminente. Je suis encore là. Apparemment, j’en ai vécu même plusieurs puisqu’à ma naissance visiblement… Mais un autre où j’étais adulte et dont je me rappelle.

Cindy Pétrieux [00:28:11]:

Et je peux te jurer que la sensation de cette expérience de mort imminente et de mise au monde avec toutes mes hormones, sans aucune pharmacologie, et caetera, il y a quelque chose de vraiment très très proche dans le sentiment de de plénitude d’extase. C’est assez particulier, puis il y a un processus aussi qu’on peut nommer, moi j’ai appris ça auprès de qui est une sage-femme de renommée internationale, mais il y a aussi au Québec, on a Karine Langlois alias Quantik Mama qui en parle, en fait notre glande pinéale, elle libère de la DMT, dans différents épisodes de nos vies, sauf que notre corps, il va l’inhiber. Bon, voilà, je vulgarise, je vais pas dans les détails. Mais au moment de l’accouchement, il y a un phénomène qui se passe, c’est qu’on libère de la DMT. By the way la DMT, si on ne sait pas ce que, c’est une substance psychotrope en fait et donc lors de l’accouchement, il y a un processus qui fait que ce n’est pas inhibé et donc il n’est pas rare d’entendre des témoignages, et je l’ai vécu moi-même pour ma première mise au monde, de personnes qui vivent une sorte de transe, qui vivent une sorte de… Comme des visions, qui vivent quelque chose vraiment d’une très grande puissance, mais qui est un peu hors corporalité justement, très spirituel.

Cindy Pétrieux [00:29:41]:

Puis moi j’étais pas du tout prête à ça. C’était vraiment très bizarre pour moi, mais je n’ai pas eu le choix que de constater que je me suis mise à parler une langue que je ne connaissais pas et que personne ne connaissait autour de la pièce. Faque c’était quand même spécial. Mais c’est ça et il y en a beaucoup qui témoignent, moi je l’ai pas vécu personnellement, mais qui témoignent d’avoir par exemple eu une vision des femmes de leur lignée, de leur mère, de leur grand-mère, et caetera, comme si elles étaient supportées dans ce moment-là. Et souvent ce processus-là, il arrive juste juste juste avant la poussée, la mise au monde en tant que telle. Donc je me perds un petit peu parce que j’en aurai tellement à raconter, mais pour revenir à la base de la question, l’enfantement, on l’a tellement mécanisé dans notre société, on l’a tellement industrialisé j’ai envie de dire, parce que d’ailleurs quand tu regardes les processus à l’hôpital, comment ils sont faits pour accompagner un accouchement, on est vraiment dans un modèle fordiste.

Cindy Pétrieux [00:30:42]:

Bah d’ailleurs comme tout le système de santé où les tâches sont segmentées, il y a une infirmière qui fait ceci, il y a telle infirmière qui fait cela et cetera. Il y a le médecin qui vient pour l’accouchement, il y a l’infirmière pour le postnatal, il y a infirmière pour l’allaitement enfin bref tout… On est comme sur une chaîne de montage puis tout est vraiment distingué. Et donc dans… Qu’est-ce que je voulais dire déjà ? Moi, j’ai le temps de me perdre parfois dans mes idées. Mais donc c’est ça, dans ce modèle, on a tellement mécanisé que c’est devenu un passage qui a perdu toute sa signification, qui ne reconnaît même pas aux personnes qui eux portent une signification pour la naissance qu’elle est là cette signification. Puis d’ailleurs si tu regardes la philosophie de pratique sage-femme au Québec, il y a une phrase très spécifique qui dit « nous sages-femmes du Québec reconnaissons aux femmes et à leurs familles la signification profonde qu’elles-mêmes portent sur leur propre processus de mise au monde ». Bon, c’est à peu près ça la phrase là. Et je pense que c’est ça aussi que je veux accompagner avec les personnes que j’accompagne, c’est de pouvoir vivre ce processus-là dans toute son côté initiatique. Parce que je pense que quand tu arrives à retrouver ton pouvoir dans la mise au monde, puis by the way la mise au monde que ce soit naturel extatique ou par césarienne peu importe.

Cindy Pétrieux [00:32:09]:

La question c’est quand toi tu as retrouvé ton pouvoir là-dedans. C’est pas les modalités. Je pense que quand tu retrouves ton pouvoir dans ce processus-là et bien après tu es tellement alignée, tellement badass, que tu vas le réinvestir dans pleine sphère de ta vie, dans ton entreprise, dans ta job, dans ton couple, dans ta famille, dans tes projets communautaires, peu importe. Donc je trouve que c’est comme un… Tu sais en littérature, on parle d’un climax, c’est vraiment un climax de vie que c’est le fun d’aller investir, enfin je trouve.

Tatiana St-Louis [00:32:41]:

Ouais puis je pense que justement, c’est là le lien avec le féminisme. Puis peut-être que les gens ne réalisent pas à quel point de reprendre le pouvoir sur cette expérience-là qui est propre à soi et dans laquelle on devient la guide, l’autorité, mais aussi l’unique personne qui est en charge aussi de cette expérience jusqu’à un certain point, c’est là qu’il y a une transgression féministe du modèle régulier dans lequel on a été élevées. Puis je pense que bon, tu sais, tu disais tantôt que certaines femmes deviennent féministes avec l’accouchement, mais même si on ne l’a pas conscientisé, si on est capable de se réapproprier cette puissance, c’est là qu’on est capable de changer la perspective sur qui on est dans un système qui a été bâti pour nous rappeler que on n’a pas de pouvoir, mais cette expérience nous ramène toujours dans ce pouvoir-là qu’on ne peut pas nous enlever jusqu’à un certain point.

Cindy Pétrieux [00:34:00]:

Mais oui complètement. Ça nous ramène là si tant est que on ait eu le privilège, l’occasion, l’entourage qui nous permet de l’envisager autrement que comme on nous dit de l’envisager parce que, tu sais, typiquement là quand t’as un suivi en clinique médicale ou à l’hôpital, les rendez-vous sont très rapides, t’as pas vraiment le temps de poser tes questions, parfois t’es un petit peu ridiculisée dans tes questions… Moi, j’ai vécu un début de suivi à ma première grossesse, justement par un gynécologue en France et ça a été la totale quoi. J’ai été ridiculisée. J’ai été frappée même en fait! Ça, c’était quand même quelque chose. Frapper mon ventre pour faire bouger mon bébé, mais tellement d’une force que j’ai figée, j’étais… Je… C’est ça, j’ai figé. Faque c’est ça, tu sais, parce que je trouve que, puis tout à l’heure tu disais « ah j’étais surprise de voir que t’étais doula en fait avec ton background militant et tout ça », moi ce que je crois profondément, c’est qu’il y a énormément de doula qui sont tout à fait militantes, alors avec des degrés différents, avec des façons de le nommer différemment, mais en fait y’en a vraiment beaucoup que c’est par un certain militantisme qu’elles ont décidé d’aller vers cette pratique-là.

Cindy Pétrieux [00:35:21]:

Mais peut-être qu’il y a quand même un certain nombre d’oppressions intériorisées qui amènent à voir la pratique d’une certaine façon, comme on attend qu’elle soit et cetera, puis tu sais c’est sûr que moi quand je suis avec mes clientes, en plein accouchement, je sais aller chercher toute la douceur en moi.

Tatiana St-Louis [00:37:01]:

Ah oui je n’en doute pas !

Cindy Pétrieux [00:35:42]:

Mais en revanche, je trouve qu’il y a beaucoup un discours de puissance, de retour à la puissance, et caetera qui peut vite être essentialiste. Tu sais genre « notre puissance de femme », « notre nature quand les hommes et les femmes retrouvent leurs rôles primaux » ect. et ça je trouve ça dangereux parce que finalement, puis je comprends pourquoi certaines personnes passent par là pour pour se réenpuissancer, mais finalement on vient renforcer les stéréotypes, on vient renforcer le système dans lequel on est, alors que je crois que enfanter dans sa puissance, ça n’a rien à voir avec son essence féminine autant que avec des processus physiologiques. Personne t’a appris à respirer, personne t’a appris à aller faire caca et ton corps le fait, ben en fait accoucher c’est un peu pareil et… Enfin c’est complètement pareil même d’ailleurs, si ce n’est que c’est plus le fun ce qui sort, et après ça, comment tu retrouves ta confiance en ton corps à le faire.

Tatiana St-Louis [00:36:59]:

Ouais. Puis justement, j’aime que tu fasses le point sur le danger de l’essentialisme, parce que c’est sûr que quand on parle de ça, tu sais peut-être qu’il y a certaines personnes, tu sais, qui ont eu des expériences pas optimales justement ou même traumatiques au niveau de leur accouchement ou qui ont décidé de ne pas avoir d’enfants ou peu importe, mais comment tu adresserais… Ou un message à passer à celles qui sont encore dans un trauma de leur accouchement ou qui ont vécu une expérience désempuissansante à travers leur accouchement ? Tu sais, pis, est-ce que c’est important ? Puis à quel point est-ce qu’on peut réparer ce moment-là si besoin, du moins au moins à l’intérieur de nous ?

Cindy Pétrieux [00:38:06]:

Ben c’est sûr qu’il y a plein de situations différentes, mais j’ai envie de dire je vous entends, je vous crois, c’est la première chose. Parce qu’on est tellement… Quand on vit une expérience difficile, pis encore une fois tout à l’heure quand je parle d’accouchement en puissance, ce n’est pas une façon d’accoucher. Quand je parle d’accouchement difficile, ce n’est pas non plus une façon d’accoucher. Il y a des filles qui vivent super bien leur césarienne. Il y en a d’autres pour qui c’est l’horreur. Il y a des personnes qui vivent super bien leur accouchement ultra rapide en une 1h30. Il y en a d’autres pour qui au contraire ça a été très difficile parce qu’elles ont comme pas eu le temps d’arriver dedans et cetera.

Cindy Pétrieux [00:38:48]:

Donc accouchement difficile, ça veut pas dire une modalité d’accouchement, je veux vraiment mettre ça au clair. Et très souvent, quand on nomme qu’on a vécu ça difficilement, que ça n’a pas été comme on voulait, que il y a beaucoup de tristesse peut-être associée, qu’on pleure même, on se fait toujours retourner d’un revers de la main par cette fameuse phrase que je ne supporte plus, que je ne supporte pas : « le plus important, c’est une maman et un bébé en santé ». « Ok et ma santé mentale, t’en fais quoi ? » Tu sais. Faque, il y a vraiment… Je cherche le mot depuis tout à l’heure, mais c’est décrédibilisé en fait. Puis pareil, une femme qui va avoir vécu un accouchement hyper rapide, mais du coup, elle l’a mal vécu parce que pour x y raison, là, tu as eu l’accouchement parfait, tu as eu l’accouchement de rêve, plains-toi pas. On dirait que quelle que soit la sorte d’accouchement qu’on a eu, quand on l’a vécu de façon difficile, on n’est pas crue, on n’est pas entendue. Puis là tu es allée un peu vers comme des pistes de solutions quand ça a été difficile, je pense que la première étape c’est de trouver autant que peut se faire des personnes qui vont juste nous entendre et nous écouter.

Cindy Pétrieux [00:40:04]:

Juste ça déjà. Tu sais, un espace où on peut sortir ce qui est là, sortir ce qui nous touche émotionnellement. Il y a quand même des super beaux espaces pour ça. Il y a des doula qui font des cercles d’accouchements difficiles. Il y a des organismes à Montréal, je pense à Alternative Naissance, qui fait des groupes de parole, je pense à tous les trimestres, peut-être même à tous les mois, en tout cas sur l’accouchement difficile. Moi je l’avais fait, personnellement après ma césarienne, ce groupe de parole, et ça n’avait pas été un processus facile, mais ça a été… Puis j’avais déjà fait un bout de chemin avant, mais ça a été vraiment puissant. Puis il y a des choses qu’on peut envisager aussi, ce qu’on appelle par exemple la refacilitation de naissance. L’idée c’est, je vais vulgariser un peu, dans une sorte de relaxation guidée, de visualisation guidée, de revivre la naissance, l’accouchement, mais au moment où ça a chaviré, de poursuivre l’histoire de la façon dont on l’aurait désiré plutôt que la façon dont ça s’est passé et de revivre la naissance.

Cindy Pétrieux [00:41:12]:

Puis c’est vraiment, c’est vraiment fucké la fin. Moi, quand j’ai fait une refacilitation de naissance, puis écoute, j’ai eu comme des contractions, j’ai ressenti des contractions. C’était vraiment, c’était fou. Et c’est mon amie sage-femme qui me l’avait facilité. Puis évidemment, bébé n’est pas là à ce moment-là, donc bébé était dans ses bras et au moment comme de la naissance dans la refacilitation, elle avait entre-temps, je n’avais rien entendu, elle avait entre-temps déshabillé bébé, puis elle me l’avait présenté, puis c’était comme si je l’accueillais à nouveau. Puis moi, ce qui avait été traumatique dans mon expérience, c’était de ne pas avoir pu accueillir mon bébé comme je voulais. Encore plus que le fait d’avoir une césarienne, parce que quand il me l’avait mis sur moi pour faire du peau à peau, ce que j’avais demandé, je tremblais tellement à cause de la rachie-anesthésie, je transpirais, je tremblais, j’étais comme… J’étais vraiment pas bien, puis mes premiers mots ça a été « enlevez-le-moi! Enlevez-le-moi! » et je m’en suis tellement voulue d’avoir… Que mon bébé entende de ma bouche comme premier mot ces mots-là. Donc le fait de revivre l’accueil avec lui, de pouvoir lui dire « je t’aime », ou whatever, je sais plus ce que j’ai dit, ça a été très guérisseur. Pis y’a plein d’autres choses qu’on peut aller explorer, plus ou moins spirituelles, plus ou moins rationnelles, plus ou moins sociales.

Cindy Pétrieux [00:42:26]:

Je donne deux exemples là qui sont très concrets, que j’ai traversés moi-même, que j’ai trouvé très empuissançants. Puis sinon il y a aussi aller dans des espaces pas forcément dédiés, moi j’anime par exemple régulièrement des cercles de parole, ce qu’on appelle aussi parfois rouge, le fait de pouvoir venir déposer une parole et d’être écouté entendu sans recevoir des conseils, puisque ça c’est l’autre truc aussi, tu sais, tu racontes ton histoire puis là l’autre personne dit « ah mais là tu aurais pu faire ça, ah mais là il faudrait… » Mais non mais en fait tais-toi, je veux juste raconter, j’ai juste besoin de le sortir de moi. Faque c’est ça, je pense que c’est… Pis après il y a le temps, le temps, le temps. Ça prend du temps. Il faut laisser le temps faire son œuvre aussi là-dessus. Mais la parole, on sous-estime la force de la parole de pouvoir déposer une parole en étant entendue, écoutée avec empathie, je crois que c’est la chose la plus guérisseuse de toutes.

Tatiana St-Louis [00:43:19]:

Oui puis… Merci pour tout ça, puis c’est vraiment intéressant, puis je pense que aussi cette… Tu sais, enlever le secret autour des accouchements, tu sais, puis de remettre ça dans un collectif qui est supportant, puis tu sais, tantôt quand tu parlais genre de la vision de la lignée de femmes, tu sais, je trouve que… Du moins, moi, mon expérience, ça a été de ne pas avoir… Moi, ma mère, elle a eu deux césariennes, puis ça a été ça. Faque, je n’ai pas eu nécessairement une communauté de femmes qui m’a préparée pour ça.

Tatiana St-Louis [00:43:59]:

Puis c’est ça que je suis allée chercher moi chez les sages-femmes, puis dans ces milieux-là, de me sentir que je faisais partie d’une communauté qui pouvait m’initier là-dedans aussi un peu, sans que j’aie à tout apprendre dès le début. Et je trouve que ce que tu viens ajouter aussi, ben qui vient aussi nous soutenir après l’événement, parce que ce n’est pas vrai que quand le bébé sort, c’est la finalité, puis que that’s it that’s all, il y a comme processus de devenir aussi.

Tatiana St-Louis [00:44:29]:

Puis là, on en parlera pas parce qu’on n’a pas le temps, mais pour moi, il y a eu… J’ai découvert le mot matressence, que je ne connaissais pas, après l’accouchement, puis juste pour ceux qui écoutent, moi, comment je le comprends vraiment de façon très simple, c’est dans l’adolescence, il y a un changement d’identité, et ben lors de la maternité, il y a un changement d’identité qui s’opère. Puis ça peut être tout aussi difficile que ce qu’on aurait vécu dans d’autres moments de transformation identitaire. Puis ça, ça m’a vraiment ouvertr à rechercher des espaces où il y avait d’autres personnes qui étaient capables de me parler de, tu sais, de cette chose-là dont personne ne parle publiquement j’ai l’impression.

Cindy Pétrieux [00:45:27]:

Tout à fait. Tout à fait. Ben d’ailleurs, c’est vraiment ça que je fais avec le cercle des badasses là, qui est un cercle de mères, une communauté de mères féministes, parce que moi, ce que j’ai trouvé difficile dans cette période de… Je n’aime pas le mot matressence, mais bref, dans cette période-là, c’était de, oui, connecter avec des mères, je l’ai fait beaucoup. Moi, je crois beaucoup qu’il faut collectiviser nos expériences pour être capable d’avoir un pouvoir dessus. Donc je l’ai fait beaucoup, mais ça résonne. Tu sais, je rencontrais beaucoup de femmes avec qui ça ne raisonnait pas forcément quoi. Moi je suis une militante, je suis une personne qui s’intéresse beaucoup à la politique, je suis très féministe, dans le sens que c’est un sujet qui m’anime au quotidien. C’est ça, je trouvais pas beaucoup de personnes avec qui il y avait un fit et donc c’est ça qui m’a poussée aussi à créer le cercle des badasses, c’était de créer une communauté de mère qui vit sa maternité en se questionnant sur les questions d’égalité, que ce soit pour soi-même dans son couple, dans sa communauté ou pour l’éducation de ses enfants, qui se questionne sur l’impact justement du patriarcat sur nos trajectoires, sur nos maternités et comment est-ce que ensemble on peut aller se libérer d’un certain nombre d’oppressions intériorisées, d’un certain nombre d’oppressions non intériorisées aussi, pour pouvoir réinventer nos modèles de façon plus alignée pour chacune et pour tout ensemble.

Tatiana St-Louis [00:47:13]:

Ouais, puis juste peut-être comme pour clore cette conversation, j’aimerais ça peut-être que tu nous dises comment toi tu navigues à travers tes différentes identités empuissançante. Parce que moi, une chose qui m’a souvent… J’ai jamais voulu, tu sais comme justement me réduire entre guillemets à l’identité de mère, si bien que tu sais, j’ai jamais rejoint des cercles de mère en affaires ou des choses comme ça. Puis j’ai jamais voulu non plus mettre cette partie de moi de l’avant dans mon brand ou dans mon entreprise. Et même quand je rencontre des gens, des fois, je réalise que les gens vont me dire « OK, j’ai genre tant d’enfants », puis tout ça comme ça. Puis moi, parfois, ça me vient même pas à l’esprit de partager c’est quoi ma situation familiale et je me demande comment toi tu navigues justement à travers tes différentes identités empuissançantes, puis comment… Tu sais, quelle place tu fais à la maternité dans cette multitude de parties badass qui font partie de toi ? C’est une question très, très vague. Puis je pense que la façon dont tu vas y répondre, ça va être parfait. Parce que je réalise que je suis comme « qu’est-ce que je m’attends comme réponse, je ne sais pas », mais je te lance ça comme ça pour voir comment ça résonne.

Cindy Pétrieux [00:48:47]:

C’est vraiment drôle parce qu’il y a quelque temps, on était dans un cercle de doulas, donc quasiment tout le monde s’était présentée aussi en disant combien elle avait d’enfants. Et moi, j’ai complètement oublié cette partie-là dans le tour de présentation. Alors qu’en plus, tu sais, c’était le sujet. Faque c’est assez drôle. Ta question en fait elle me fait sourire et elle me fait réagir, elle me rappelle cette anecdote-là. Ce qui est monté pendant que tu parlais, c’est comme la maternité, c’est un élément d’identité, mais c’est aussi une intersection. C’est-à-dire que comme femme dans la société qui n’a pas d’enfant versus une femme dans la société qui est mère et qui en plus, ça peut même être additionné cet identité-là, ça peut être mère solo, ça peut être mère mono, ça peut être mère racisée, mère racisée mono, enfin bref, c’est une intersection d’identités, qui veut veut pas, amène aussi à vivre certains systèmes d’oppression, certaines discriminations. Donc moi, ma maternité, je te dirais que, au-delà de la vie courante à tous les jours avec mes enfants, dans les espaces dans lesquels je suis, je la conceptualise vraiment comme ça, comme une intersection, et que du coup, il y a nécessairement des… Je cherche mon mot, mais il y a des actions à prendre pour mieux l’intégrer à la réalité. Je donne un exemple très concret : moi je me suis toujours promis que je m’interdirai et que je m’empêcherai rien parce que j’ai des enfants.

Cindy Pétrieux [00:50:38]:

Plusieurs fois je suis allée à des colloques avec mes enfants, bah rarement avec les trois en même temps là, mais au moins avec un mettons, notamment quand il étaient tout bébés, parce que ça s’y prête bien, quand ils sont tous bébés anyway ils sont au sein ou ils dorment, faque ça dérange pas beaucoup hein. Puis je voyais souvent quand j’arrivais les regards des gens un peu comme « oh my god, mais voyons… » Tu sais, parce que je demandais jamais la permission d’avance. Ça, c’est un truc de base, ne pas demander la permission. Parce que si tu demandes la permission, tu t’attends à pouvoir recevoir un non. Si toi tu ne veux pas recevoir de non, ne demande pas la permission.

Cindy Pétrieux [00:51:07]:

Faque j’allais avec mes bébés, je ne demandais rien à personne et souvent ce qui se passait à la fin du colloque, on venait me voir en disant « oh mon Dieu qu’est-ce que tu es courageuse. Oulala ça m’a fait questionner sur la place des enfants dans notre société »… Et donc en fait, y compris ma maternité, je vais la vivre comme pour moi un geste politique. Pareil avec mon accouchement non assisté. Ma dernière j’ai décidé de m’émanciper du suivi médical de grossesse. J’ai arrêté mon suivi sage-femme. J’ai accouché chez nous avec mon chum, pas de médecin, pas de sage-femme.

Cindy Pétrieux [00:51:43]:

C’était un cheminement avant tout personnel, mais évidemment que dans les sphères peut-être un peu plus publiques, que ce soit sur les réseaux ou que ce soit dans des podcasts ou whatever, je l’assume évidemment comme un geste profondément politique et féministe. Donc c’est comme ça que je la vis ma maternité. Puis en même temps, je trouve important, parce que parfois on se fait une image de la mère féministe qui est la mère qui néglige ses enfants, et caetera. Souvent, les gens sont surpris de voir que j’ai un maternage assez proximal. Ma grande fille, elle a été sevrée à cinq ans, mon fils à trente mois tête encore, j’ai fait beaucoup de portages, qui sont des choses qu’on retrouve souvent plus dans la sphère du féminisme essentialiste, justement dans le milieu de la maternité. Faque voilà, – j’aurais pu parler encore de plein d’autres choses -, des éléments de réponse.

Cindy Pétrieux [00:52:34]:

Je pense que ce que profondément je souhaite pour moi et pour d’autres, c’est que on puisse vivre nos maternités comme on l’entend. Que ce soit critiqué par d’autres féministes ou critiqué par des essentialistes ou par des vieux mon oncle, peut-on juste vivre comme on a envie de vivre nos maternités, dans notre propre intérêt et celui de nos enfants et aller… L’expression qui me monte, c’est celle que ma sœur dit toujours : « Allez leur dire d’aller se faire cuire le cul! »

Tatiana St-Louis [00:53:02]:

Je pense que c’est la meilleure phrase de fin de podcast qu’on a eu depuis le début de cette émission. Donc je ne vais pas rajouter quoi que ce soit à ça. Cindy, merci infiniment pour cette conversation. Dis-nous où tu es active pour qu’on puisse te suivre et te découvrir si c’est la première fois qu’on t’entend ou du moins communiquer avec toi. Si jamais on veut un suivi doula ou autre chose… Des belles conversations avec toi.

Cindy Pétrieux [00:53:36]:

Il y a plein de places où on peut me trouver. Le gros avantage que j’ai dans la vie, c’est que je suis la seule Cindy Pétrieux au monde. Tu tapes Cindy Pétrieux sur Google, anyway tu vas tomber sur moi. Ça c’est quand même génial. Tu sais, genre j’ai fait une belle job de CEO, tu sais ! Mais… Je voulais dire de SEO pardon, bref je me suis mélangée dans mes lettres là. Mais en tous les cas, je suis surtout présente sur Instagram, sur Facebook, sous mon prénom et mon nom. Puis comme je suis aussi impliquée à l’association québécoise des Doulas, on trouve aussi ma fiche sur le site https://aqdoulas.com/.

Cindy Pétrieux [00:54:16]:

Voilà, mais Cindy Pétrieux sur Google puis tu me trouves.

Tatiana St-Louis [00:54:22]:

Génial. Merci beaucoup pour cette conversation puis on va mettre les liens dans les notes de l’épisode. Merci Cindy à la prochaine conversation.

Tatiana St-Louis [00:54:30]:

Hey tu es encore là ? Ça veut dire que l’épisode t’a plu, c’est vraiment cool ça ! Est-ce que je peux te demander quelque chose maintenant ? Aide d’autres femmes comme toi à découvrir le podcast en déposant des étoiles d’appréciation pour l’Ambition au Féminin. Sur Apple podcast, c’est facile : défile tout en bas de la page de l’émission où tu vois les avis et tape sur le cinq étoiles pour faire exploser mon cœur de joie. Sur Spotify, c’est encore plus simple : navigue sur la page du balado et tape l’icône en étoile en bas de la description. Merci d’avance, je t’apprécie beaucoup.

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à propos de l’auteureTatiana St-Louis

Adepte de littérature russe et collectionneuse de lunettes de designer, Tatiana a fondé Aime Ta Marque pour donner des outils aux femmes de carrière et entrepreneures pour mieux raconter leur histoire personnelle. Spécialiste des communications basée à Montréal, elle s'implique au sein de plusieurs communautés visant au développement professionnel des femmes.
Ep. 164 Mères, féministes et badass avec Cindy Pétrieux

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