Les deuils de l’entrepreneur : des opportunités à saisir

Si vous me suivez depuis un certain temps, vous êtes peut-être au courant de mon #challenge0à100k. En avril passé, je m’étais donné un an pour faire assez d’argent avec Aime Ta Marque pour remplacer mon salaire de conseillère aux communications et vivre de mon entreprise… sans quoi je fermais boutique!
 
Et bien, newsflash, douze moi plus tard, je n’ai pas atteint le mythique 100 000$ de revenus… Même si je suis assez fière de tout ce que j’ai accompli en moins d’un an, la réalité est que je suis bien loin de mon objectif financier.
 
À la veille de la naissance de ma première fille (le timing, c’est bizarre des fois!), je me vois donc aussi à la croisée des chemins avec Aime Ta Marque et me questionne sur ma promesse de clore ce projet et de « passer à autre chose ».
 
Naturellement, cette période de transition m’a fait réfléchir aux différents deuils et naissances qui font partie de la vie d’un entrepreneur. C’est ce dont j’aimerais réfléchir avec vous avant de déposer mon verdict.

Différents deuils et naissances font partie de la vie d’un entrepreneur. Pourquoi ne pas les nommer pour mieux les apprivoiser? #entrepreneuriat #freelance #mindset #entreprise

Le deuil d’une idée ou d’un produit

 
Toute personne qui a déjà vécu l’aventure entrepreneuriale vous le dira : notre entreprise, c’est comme notre bébé. On lui insuffle notre énergie, notre âme, notre personnalité. On lui donne notre temps, nos ressources, nos espoirs. Tout cela dans l’attente qu’elle grandisse et qu’elle prospère. On s’investit tellement dans celle-ci qu’elle devient une partie de nous. Parallèlement, elle nous aide à découvrir des facettes de nous-mêmes qui nous étaient jusqu’alors inconnues. L’apprentissage est constant et les difficultés se mêlent aux succès en permanence.
 
À un degré plus élémentaire, chaque projet, chaque produit que l’on crée porte des promesses d’avenir. Selon moi, il n’y a rien de plus excitant que d’être en début de projet, laisser venir les idées et se projeter dans un scénario de réussite.
 
C’est vivifiant et c’est ce qui me stimule à chaque fois que je pense à une nouvelle formation ou un nouvel événement. La phase d’idéation est toujours si inspirante, car tout est alors possible.
 
Cependant, contrairement à notre bébé, il est possible de décider de mettre au tombeau certains projets. Cela fait partie du processus. (Si, comme moi, vous avez lu The Lean Startup, vous savez de quoi je parle).
 
L’idée ou le produit est mis au banc d’essai. Dépendamment de sa performance, on décide si on le garde, si on le modifie ou si on l’abandonne. C’est aussi ce qui nous permet de laisser la place à de nouvelles, meilleures idées qui seront propices à voler de leurs propres ailes.

Mes idées au banc d’essai

 
Personnellement, l’année 2018 a été une grande année d’expérimentation avec Aime Ta Marque. J’ai essayé de mettre en place de nombreux produits, de définir et de redéfinir mon public cible et mon offre. Pendant tout ce temps, je monitorais mes résultats, mais aussi comment je me sentais par rapport à chaque nouveau produit ou service.
 
J’admets m’être un peu égarée en cours de route et sens que je me suis quelque peu éparpillée. (Je l’admets, je n’avais pas un plan d’affaire de roc!) Quand un produit n’est pas aligné avec notre entreprise, ça se sent. Le défi devient d’apprendre à dire : « non, ceci n’est pas pour moi ».
 
Faire le deuil d’une idée n’est pas nécessairement facile. Mais parfois mieux vaut accepter le fait et se concentrer sur quelque chose qui va nous rapporter de l’argent (après tout, c’est ça le but!) et nous faire vibrer.
 
C’est très possible que ce n’ait pas été le bon moment, que nous n’ayons pas l’équipe, les ressources ou les compétences pour mener le projet à terme. Il se peut aussi que quelqu’un d’autre prenne notre idée au vol. Pas besoin de leur en vouloir! Nous n’avons pas de sceau d’exclusivité sur nos bonnes idées. On court avec ou on doit accepter de les laisser partir, et ce sans regrets.
 
Enfin, ce qui est bien avec les idées, c’est qu’elles sont infinies. Comme l’autobus, si l’on en manque un, il y en a toujours un autre qui s’en vient pas trop loin derrière.

Le deuil d’un partenariat/d’une collaboration

 
Le deuxième type de deuil que l’on est susceptible de vivre en ayant une entreprise se situe au niveau relationnel. On rencontre beaucoup de gens lorsqu’on se lance en affaires. Des personnes intriguées par notre mission, d’autres qui veulent s’investir d’une façon ou d’une autre dans nos activités. Et certaines veulent simplement garder un œil sur leur compétition.
 
Dans mon cas, j’ai fait plusieurs mini-deuils en termes de relations d’affaires. Comme vous le savez, j’opère un blogue collaboratif. C’est-à-dire que le contenu est écrit par différentes personnes. Cependant, n’écrit pas pour Aime Ta Marque qui le veut bien. Et ce, même si les textes ne sont pas rémunérés.
 
Je passe donc en « entrevue » toutes mes potentielles contributrices pour discuter de la ligne éditoriale, comprendre leur motivation à rejoindre mon cercle de blogueuses et déterminer si nous sommes cohésifs dans notre approche.
 
Mais comme la plupart de mes collaboratrices sont aussi des femmes d’ambition, le temps vient parfois de se dire au revoir, faute de temps ou de motivation. Ça fait partie du jeu.
 
La première fois qu’une collaboratrice m’a quittée, je me suis demandé si j’avais fait quelque chose de mal. Et puis j’ai commencé à accepter ces départs comme des cycles à vivre. Tout comme lorsque l’on quitte un emploi, on ne part pas nécessairement pour des raisons dramatiques. Nous changeons simplement d’étape dans notre parcours.
 
Les relations que j’ai avec certaines collaboratrices iront au-delà du blogue. Et pour moi, c’est ça qui compte plus que tout.

Et quand nos missions s’éloignent…

 
L’autre type de deuil un peu plus difficile à avaler est un peu l’équivalent de se distancer d’une vieille amie d’avec qui l’on perd quelque peu nos repères. Nos chemins s’éloignent tout simplement.
 
En affaires, il s’agit de ces enthousiastes de première heure. On se suivait sur Facebook et Instagram, se référait des gens et partageait nos publications mutuelles. Et puis, petit à petit, nos entreprises évoluèrent et l’on se trouva à moins partager le contenu de l’autre, à moins savoir à quels événements il ou elle participe et, alors que ce n’était jamais matière à gêne par le passé, à hésiter à demander une référence ou un coup de pouce…
 
Pour moi, le choc est venu alors qu’une de mes toutes premières relations d’affaires a refusé de diffuser un de mes événements dans son réseau. Sa raison était qu’elle ne se concentrait que sur ses produits et services plutôt que ceux des autres (raison que je trouve tout à fait légitime, en passant). Mais cela m’a quand même fait réaliser que nous avions bifurqué vers des voies différentes, que notre relation avait changé.
 
C’est le même feeling quand on voit une follower de longue date se désabonner de sa liste de courriel. Ça fait une pointe au cœur sur le coup. Et puis on comprend que c’est une marque d’évolution pour toutes les parties.
 
Comme en amour, le temps nous permet d’affiner nos relations avec notre public. Celui-ci devient un meilleur fit au fur et à mesure que nous apprenons à nous connaître comme entrepreneure et que nous arrivons à le communiquer clairement. Ces deuils d’affaires sont donc bénéfiques pour clarifier notre réseau et parler à des gens encore plus en harmonie avec qui nous sommes et ce que nous désirons accomplir.

Le deuil d’une entreprise

 
Enfin, on en arrive à la grande question. Quand vient le moment de dire basta! et de mettre la clé dans la serrure (littéralement ou figurativement) de notre business? Avoir échoué dans mon challenge #0à100k est-elle une raison légitime de laisser tomber l’entreprise? Ne pas atteindre un certain objectif dans un laps de temps déterminé est-il un signe que nous devons abandonner?
 
Si l’on en revient à mon premier point, je dirais que oui. Si les résultats n’y sont pas après que les tests aient été faits, c’est qu’il y a un problème au niveau de l’idéation ou de l’exécution. Dans les deux cas, cela nécessite de revoir le modèle d’affaires.
 
Dans le cas d’Aime Ta Marque, il est vrai que l’objectif n’a pas été atteint dans le temps alloué. Mais s’il y a une chose que j’ai découverte, c’est que malgré cet « échec », tous les projets entamés levèrent. Je n’atteignais pas les résultats escomptés, mais j’étais loin de vivre des flops.
 
J’étais donc capable de générer des revenus. Mais, ayant un travail à temps plein et en train de construire une famille, à quel prix?
 
D’un autre côté, puis-je me permettre de faire rouler une entreprise à temps partiel alors que je m’efforce de garder les avantages et le confort qui viennent avec mon emploi à temps plein?

Il n’y a que moi qui puisse répondre à cette question.
 
En rétrospective, je vois bien qu’il n’était pas nécessairement question de patience ou d’exécution pour que mon modèle d’affaires fonctionne… Il s’agit plutôt d’y insuffler plus de clarté. C’est mon problème depuis le début.

À lire également : Quand notre désir de confort se met dans le chemin de notre succès

Trier, archiver, jeter…

 
Faire le ménage de mes idées, de mes projets, de mes relations. Déterminer qu’est-ce qu’Aime Ta Marque, mais surtout, qui est Tatiana St-Louis et ce qu’elle veut réellement.
 
Sortir de la pensée qu’il faut faire de l’argent à tout prix, qui nous met dans un état d’esprit de feast or famine. On se bat pour un client de plus, un contrat de plus. Et on n’y voit plus clair. Pour pouvoir me lancer dans mon entreprise à temps plein, je dois commencer à réellement observer où se trouve la valeur que je veux amener sur cette planète et ne suivre que ça. Peut-être que cette réponse se trouve dans Aime Ta Marque, peut-être pas.
 
Pour le moment, donc, le blogue demeure. Mon activité, elle, verra invariablement des transformations. Est-ce la création d’une nouvelle bannière, d’une entreprise connexe? D’une scission ou d’une abolition?
 
Tous les deuils annoncent quelque chose de nouveau, après tout. La fin de mon challenge annonce une transformation, la nécessité de repenser l’identité même du projet et d’accepter que certaines choses doivent laisser place à d’autres.
 
Je me laisse d’abord vivre la métamorphose vers la maternité avant de me prononcer complètement sur l’avenir d’Aime Ta Marque. Je mets une pause à mes activités pendant quelques mois pour me concentrer à découvrir ma nouvelle identité de mère.

Au retour, on verra comment mon Entreprise, avec un grand E, s’en trouvera changée… pour le mieux!

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À PROPOS DE L’AUTEURE

Tatiana St-Louis

Adepte de littérature russe et collectionneuse de lunettes de designer, Tatiana a fondé Aime Ta Marque pour donner des outils aux femmes de carrière et entrepreneures pour mieux raconter leur histoire personnelle. Spécialiste des communications basée à Montréal, elle s'implique au sein de plusieurs communautés visant au développement professionnel des femmes.
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