Ep. 158 Le copywriting peut-il être féministe? avec Maude Lamont

À travers mon parcours en tant que copywriter et coach en entrepreneuriat, j’ai constamment cherché à fusionner ma passion pour l’écriture avec mes convictions féministes.

C’est pourquoi la question du copywriting féministe est aussi intéressante à mes yeux.

Pour l’explorer plus en profondeur, j’ai invité Maude Lamont, une experte en copywriting féministe, à partager son expertise avec nous. Maude, dont le parcours professionnel a évolué de l’enseignement à la rédaction web, incarne l’intersection entre créativité et engagement social.

Dans cet échange, nous plongeons au cœur de ce débat, envisageant le copywriting non seulement comme un métier mais comme une forme d’action féministe. La vision de Maude au sujet du copywriting va bien au-delà de la simple rédaction ; elle parle de transformation, d’empowerment et de rejet des structures oppressives qui limitent les femmes dans leur expression professionnelle et créative.

Dans cet épisode, on discute notamment de :

  • Le parcours de Maude allant du monde de l’enseignement à celui du copywriting, marqué par sa prise de conscience féministe.
  • La définition et l’application du copywriting féministe dans le monde des affaires.
  • Les obstacles rencontrés par les femmes dans l’entrepreneuriat et comment le copywriting féministe peut servir d’outil d’empowerment.
  • L’importance de l’écriture inclusive et des stratégies pour communiquer de manière plus éthique et inclusive.
  • Les défis et les récompenses de positionner son entreprise dans une perspective féministe, y compris les réactions du public et l’impact sur la clientèle.

À écouter également : Ep. 154 Pourquoi la Silicon Valley n’aime pas les femmes avec François Pelletier et Ep. 139 Adapter son entreprise à son mode de vie avec Aimée Desrosiers

Cette conversation avec Maude est un rappel que nos mots ont du poids, et que le choix de ces mots, même dans le contexte de notre marketing, peut contribuer à façonner une réalité plus inclusive et juste. Elle nous invite à réfléchir à la manière dont nous pouvons utiliser notre voix et notre plume pour non seulement promouvoir nos entreprises mais aussi soutenir nos valeurs.

À propos de Maude Lamont

Maude Lamont est copywriter et stratège féministe. Mais, aussi, une grande (5pi9) passionnée de marketing -vraiment- bienveillant. Tête créative – un peu, beaucoup casse-cou (et compétitive), elle aime rêver d’un monde sans patriarcat et contribue à le transformer un mot à la fois.

Mentionné dans cet épisode :

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Transcription de l’épisode 158

Ep. 158 Le copywriting peut-il être féministe? avec Maude Lamont

[00:00:00.250] – Tatiana St-Louis

Vous écoutez l’Ambition au Féminin, épisode 158 et aujourd’hui on parle de copywriting féministe avec Maude Lamont.

[00:00:09.280] – Tatiana St-Louis

Mon nom est Tatiana St-Louis et j’anime L’Ambition au Féminin, un podcast pour toutes les femmes pleines de vision, de talent et de drive qui désirent redéfinir le succès selon LEURS termes et LEURS conditions. Chaque semaine, j’explore, seule ou en présence d’invités, les thèmes entourant la réussite professionnelle et personnelle. Mindset, productivité, leadership, branding personnel… C’est LE rendez-vous pour réfléchir à la façon dont TU veux vivre ton plein potentiel et laisser ton empreinte dans le monde.

[00:00:44.410] – Tatiana St-Louis

Salut les ambitieuses ! Comment vous allez aujourd’hui ? J’espère que vous allez bien. Alors aujourd’hui, j’ai un épisode spécial avec une personne que j’apprécie beaucoup. Ça fait quelques années maintenant qu’on se connaît et j’ai toujours aimé sa candeur et sa façon de voir le monde et d’explorer aussi différents types de sensibilité, sa sensibilité, la sensibilité des autres… Et naturellement, cette façon d’explorer des sensibilités, c’est quelque chose de hyper important quand on travaille dans des métiers créatifs comme les métiers de la rédaction, les métiers du design et dans son cas à elle, c’est le copywriting. Donc j’ai reçu sur le podcast Maude Lamont qui est copywriter et stratège féministe et je trouvais ça intéressant de explorer avec elle qu’est-ce que ça voulait dire exactement être une copywriter féministe, être une stratège féministe. Naturellement, moi j’ai mes définitions, j’ai mes idées, j’ai ma façon aussi de réfléchir à l’utilisation de ce terme comme titre professionnel, ça fait quelques mois maintenant, après avoir fait ma certification et tout ça, que je m’affiche ouvertement comme coach féministe, mais j’étais curieuse et j’avais envie de l’entendre sur qu’est-ce que ça voulait dire pour elle, être copywriter féministe.

[00:02:17.680] – Tatiana St-Louis

Est-ce que c’est vraiment juste d’être consciente à l’inclusivité des genres ? Est-ce que ça a un effet sur notre façon de travailler avec nos clients ? Est-ce que ça a un effet sur les textes qu’on écrit ou sur les sujets sur lesquels on écrit ? Bref, on va parler de tout ça dans l’entrevue, mais un petit peu sur Maude. Donc oui, elle est copywriter, oui elle est stratège féministe, mais c’est aussi une grande de 5.9 ft qui est passionnée de marketing vraiment bienveillant. C’est une tête créative, un peu beaucoup casse-cou et compétitive, j’aime ça. Elle aime rêver d’un monde sans patriarcat et contribuer à le transformer un mot à la fois. Et dans l’entrevue, vous allez voir aussi, elle a fait un changement de carrière pour devenir copywriter et je trouve que le parcours de Maude est vraiment intéressant quand justement on commence à se questionner sur nos valeurs féministes dans un contexte professionnel et comment on se voit les déployer, s’épanouir là-dedans, comment est-ce qu’on peut créer de la cohérence aussi à l’intérieur de nous, dans notre activité professionnelle, quand justement on a des valeurs, on a des ambitions et on a aussi une vision sur ce qu’on veut léguer dans le monde.

[00:03:34.180] – Tatiana St-Louis

Bref, je prends pas plus de votre temps, je vous laisse avec la conversation qu’on a eue et j’espère que ça va vous donner aussi des nouvelles perspectives sur comment est-ce qu’on peut utiliser aussi le terme féministe quand on se l’approprie à différents niveaux dans notre expérience, quelle soit personnelle ou professionnelle. Alors voilà.

[00:03:59.470] – Tatiana St-Louis

Salut Maude, comment ça va ? Bienvenue sur l’Ambition au Féminin.

[00:04:03.850] – Maude Lamont

Allo ! Je suis vraiment contente d’être ici. Honnêtement, c’est mon highlight pour commencer l’année, qu’on fasse cette entrevue ensemble. Merci de me recevoir, je suis vraiment très reconnaissante.

[00:04:16.960] – Tatiana St-Louis

Mais oui, pis tu sais, je veux dire, j’ai l’impression que… Ça fait quoi un an que t’es dans mon univers d’une façon ou d’une autre ? Pis j’ai l’impression d’avoir suivi ton évolution dans la dernière année. Ça fait combien de temps que t’as commencé ta business ?

[00:04:33.160] – Maude Lamont

Ben ça va faire deux ans.

[00:04:34.930] – Tatiana St-Louis

Deux ans !

[00:04:35.860] – Maude Lamont

J’ai rejoint MoneyBrand, mettons là notre début de la grande histoire d’amour, MoneyBrand, ça va faire deux ans parce que j’avais rejoint en 2022, je m’en souviens, je préparais dans le fond, mon départ de l’école, là, de mon ancienne job. Pis j’avais dit à mon chum « Là je vais faire ça comme il faut, tu sais, je veux me prendre les bonnes bases ». Pis c’est là où j’avais dit « Ok, go pour MoneyBrand ».

[00:04:59.560] – Tatiana St-Louis

Ouais, c’était à l’hiver aussi… C’était à la nouvelle année ?

[00:05:04.600] – Maude Lamont

C’était pas loin de la nouvelle année aussi.

[00:05:06.520] – Tatiana St-Louis

Ça fait exactement 2 ans ? Oui, presque.

[00:05:07.690] – Maude Lamont

Nan, parce que je me rappelle autour de la Saint-Valentin, moi, à peu près dans mes souvenirs.

[00:05:14.740] – Tatiana St-Louis

Ok. En tout cas, c’était encore l’hiver !

[00:05:16.930] – Maude Lamont

Oui, oui, oui.

[00:05:18.280] – Tatiana St-Louis

Deux ans. Wow ! Mon horloge est juste comme pas ajustée. Mais je suis contente de te recevoir parce que effectivement, tu sais, c’est vraiment le fun d’avoir vu ton évolution pis aussi d’avoir vu comment tu t’es positionnée vraiment spécifiquement dans le copywriting. Pis je pense que ça va être intéressant pour beaucoup de personnes de comprendre un peu la transformation de passer de salariée avec une bonne job, avec genre une vocation, presque que tu avais, à quelque chose de complètement différent. Pis faire ce switch pis le faire d’une façon qui est très consciente par rapport à tes valeurs et tout ça. Donc tu connais peut-être la tradition sur le podcast qui est que je te pose la question brise-glace et je voulais te demander toi qu’est-ce que tu voulais être quand tu étais petite ?

[00:06:19.080] – Maude Lamont

je voulais être designer de mode. Pendant longtemps, je faisais des… En fait, je faisais… Je ne cousais vraiment presque pas, j’allais voir ma grand-mère qui habitait en bas de la rue, pis je lui amenais toutes mes affaires épinglées, j’étais comme « là cous-ça comme ça ». Pis j’ai vraiment eu une grosse partie de ma vie… Je me suis rendue au Cégep là-dedans, j’ai fait une technique en design de mode pendant deux ans. Ouais.

[00:06:42.630] – Tatiana St-Louis

Oh ouais ! Puis qu’est-ce qui est arrivé ? T’as pas aimé ça ?

[00:06:44.490] – Maude Lamont

Ben c’est vraiment un milieu horrible la mode. J’avais comme pas… J’ai tout le temps vécu un peu dans mon monde imaginaire à moi, j’idéalisais beaucoup ça. Pis quand je me suis retrouvée à 17-18 ans au Cégep là-dedans et j’ai vraiment été confrontée à un choc de valeurs énorme. Écoute, tout le monde… On rentrera pas dans les détails, mais c’était comme normal, presque, d’avoir un trouble alimentaire au Cégep. Dans mes amies, on était toutes là-dedans et moi j’ai fait les défilés de mode pour les finissants des autres années pis j’ai vécu un gros choc où littéralement, il y a une des profs qui m’a dit devant tout le monde « Non mais il m’en faut une moins grosse ». Parce qu’on se mettait en ligne pour choisir. Ils choisissaient les mannequins en nous regardant pour chaque vêtement. Pis là j’étais en grosse dissonance cognitive parce que je me disais « Attends une minute. Déjà de un, je suis pas grosse, tu sais », ça faisait pas de sens ce qu’elle me disait. Pis de deux, « qui qui fait ça devant tout le monde ? », là c’est un prof qui fait ça en plus.

[00:07:38.010] – Maude Lamont

Et j’ai été comme un week-end complet, en gros état de choc. Je me disais ça n’a pas de sens, qu’est-ce que je fais ici ? Pis j’ai arrêté après ça, j’ai fini comme mes derniers cours de cette année-là. J’ai des moments comme ça dans ma vie. Très… Tu sais, je coupe le pont. J’avais plein de revues, je collectionnais les Vogue, j’avais plein d’abonnements, j’ai tout sacrifié au bac à recyclage en déménageant de ma résidence, j’ai dit « c’est fini, je ne veux plus de tout ça ».

[00:08:05.820] – Tatiana St-Louis

Mais en même temps, ce que je retiens aussi, pis ce qui est un peu dommage, ben pas un peu dommage, très dommage en fait, c’est que t’avais poursuivi quelque chose de super créatif, tu sais, qui venait de toi, qui était quand même assez pur, tu sais, dans ses intentions. Tu sais, c’est genre « je veux créer des beaux vêtements, des belles choses dans lesquelles je me sens bien ». Pis là, soudainement, il y a comme la société, je sais pas, c’est quand même intense. Pis là, qu’est-ce que t’as fait après ?

[00:08:40.770] – Maude Lamont

Après ça, j’ai étudié au Cégep. J’aime ça dire que j’ai un DEC en rien. Fait que je suis allée faire des cours au Cégep pour comme arrêter d’être au Cégep, c’était ça l’objectif. Donc j’ai fait des cours en sciences humaines, tu sais, sociologie, psychologie. Je me suis loader de tout ce côté-là plus psychologique. Et après j’ai fait plein de demandes pour l’université en me disant « advienne que pourra », tu sais, je verrai où ça me mène parce que je savais pas du tout en fait, à ce moment-là. Tu sais, j’avais quoi, 20-21 ? J’avais aucune idée de ce que je voulais faire. J’avais voulu être en design de mode, être là-dedans, dans ce milieu-là toute ma vie. Pis finalement, ça me levait le cœur juste d’y penser. Tu sais, c’est un peu…

[00:09:20.610] – Tatiana St-Louis

Mais ouais, ben ça laisse un vide j’imagine quand t’es comme « je pensais que j’allais continuer dans cette voie-là, puis finalement, qu’est-ce que je fais maintenant ? »

[00:09:29.460] – Maude Lamont

Ouais, pis j’avais un profil que je pouvais aller dans beaucoup de domaines tu sais. J’avais des bonnes notes, j’avais tout ce qu’il fallait pour comme aller faire des grandes études, mais je me voyais pas… J’avais de la misère à me projeter dans qu’est-ce que je ferais après vraiment. Finalement, j’ai eu une bourse en enseignement et je suis allée en enseignement parce que j’avais une bourse en me disant « j’ai rien à perdre » pour préparer ma première session, ma deuxième session est payée… On verra ce que ça donne.

[00:09:57.000] – Tatiana St-Louis

Et là tu as créé une carrière en orthophonie ?

[00:10:04.340] – Maude Lamont

Orthopédagogie.

[00:10:05.000] – Tatiana St-Louis

Orthopédagogie, excuse-moi, je me mélange tout le temps entre les deux termes. En orthopédagogie. Combien de temps tu as travaillé là-dedans ? Puis qu’est-ce qui s’est passé avec tout ce pan-là de ta vie ?

[00:10:20.540] – Maude Lamont

Ouais, mais dans le fond, le bac en orthopédagogie, c’est un bac en enseignement avec tronc commun en éducation. Donc on fait quatre ans, c’est quatre ans avec des stages à chaque année fait que je les compte dans mon expérience de travail là-dedans. J’ai commencé à faire de la suppléance rapidement aussi. Pis j’aimais ça, être en contact avec les jeunes. J’aimais ça, le partage de connaissances, j’aimais ça créer cet espace-là pour les enfants, parce que souvent orhtopédagogie, c’est des difficultés d’apprentissage, fait que souvent c’est des enfants qui n’ont pas eu la même facilité à l’école, pour qui les liens se créent pas naturellement. Oui, il peut y avoir des troubles comme la dyslexie, dysphasie, peu importe, mais tu sais, la base c’est que c’est des personnes souvent qui n’ont pas les conditions nécessaires pour apprendre dans un milieu de base éducative, tu sais, l’école standard. Fait que j’ai fait ça pendant quatre ans de bac. Après ça, deux ans, presque trois ans de différents contrats pis je suis tombée enceinte.

[00:11:17.690] – Maude Lamont

Pis quand je suis tombée enceinte, ils m’ont retirée parce que, en milieu scolaire, selon tes anticorps, peu importe, il y a des maladies que t’es pas protégée qui peuvent être à risque pour l’enfant. Faque j’ai été retirée, arrêté pendant mes deux grossesses, parce que mes enfants sont rapprochés, et j’ai été trois ans vraiment maman à la maison à me dire « je vais juste faire ça, c’est correct », je voulais pas retourner travailler, je voulais juste être dans ce moment-là avec eux. Pis ça me fascinait. Ça me fascine encore de voir l’évolution d’un humain passer de mini à tout ce qu’ils apprennent et de découvrir à quel point j’ai rien à faire là-dedans, dans le fond, c’est eux qui apprennent par eux-mêmes. Pis on est juste-là pour créer un espace pour eux, dans le fond, c’est tout là. Pour offrir les conditions, mais moi je peux pas… C’est pas moi qui ai appris à mes enfants à marcher. Tu sais, ils ont fait ça tout seul. Je leur ai pas enseigné à parler.

[00:12:07.490] – Maude Lamont

Pis là je me disais « Okay, si je vais perdre ça en retournant en milieu scolaire parce que je vais aller m’occuper d’enfants des autres ». Pis là, mon cerveau encore une fois, grosse dissonance cognitive. Je peux pas croire que je vais aller parquer, et pis je le dis avec beaucoup d’exagération, mais je me sentais comme ça, je vais aller parquer mes enfants dans une garderie pour aller m’occuper des enfants des autres.  Donc parqués à l’école. Ça marchait pas dans ma tête, j’étais pas capable. Mais je voulais pas… Je voulais pas quitter complètement l’enseignement avant d’avoir réessayé parce que je savais pas, tu sais, je savais pas quelle prof, quelle professionnelle j’étais maintenant que j’étais maman, je l’avais pas vécu. Fait que j’avais comme fait un deal avec mon chum, on s’était dit « Okay, je vais essayer ». Pis en même temps que je me préparais à retourner en milieu scolaire, je suis tombée sur une annonce d’une formation en rédaction web. Dans le fond, c’est ça la petite graine qui a commencé là en même temps. Fait que là, je savais déjà dans le fond, en retournant en milieu scolaire, que c’était pas vraiment là que je voulais être.

[00:13:04.520] – Maude Lamont

Mais je voulais me prouver que c’était pas juste parce que j’étais tellement bien dans mon rôle de maman que je voulais pas faire d’autres choses, mais que vraiment, j’étais plus bien en scolaire. Pis ben quand je suis revenue, on était en plein encore dans les adaptations de la pandémie avec plusieurs restrictions. On a eu l’école à la maison pendant quelques semaines, fait que ça m’a pas redonné envie d’être là, pas du tout.

[00:13:32.750] – Tatiana St-Louis

Ouais pis maintenant, ils sont tous en grève. Il y a comme des super mauvaises conditions pour les profs, tu sais, c’est vraiment une vocation je trouve travailler dans des écoles. Pis je sais pas, genre j’ai beaucoup de respect mais en même temps c’est hyper abusif. Pis tu sais tu parlais de la mode tantôt, où est-ce que c’est un milieu très abusif pour les femmes. Ben je trouve que l’éducation c’est un milieu hyper abusif pour les femmes aussi parce que c’est elles qui sont disproportionnellement en charge de l’éducation de notre nation et en même temps genre qui est tellement dévalorisé au niveau économique et social aussi.

[00:14:14.270] – Maude Lamont

Ben oui, pis tu sais quand tu réfléchis à ça et pis là on est beaucoup là dans mon bac à avoir eu cette réflexion-là, tu sais, des filles qui étaient dans le même cours que moi, qui étaient pas encore parents. Pis là tu te dis « ok, c’est parfait, je vais être prof, tu sais, je vais avoir des vacances d’été, je vais pouvoir être là pour mes enfants, je vais finir de bonne heure, etc ». Pis là, tu te retrouves en milieu scolaire ou dans le fond, en réalité, tu travailles tout le temps, tu travailles le soir, tu corriges le soir, tu réponds à des courriels de parents, tu gères des dossiers tout le temps et tout le monde t’en demande tout le temps plus. Moi, j’étais orthopédagogue, donc tu sais oui il faut aller aider les élèves en difficulté, mais les difficultés sont de plus en plus grandissantes. Avec la pandémie, c’était horrible dans les écoles, tu sais, au niveau apprentissage de la lecture, apprentissage de l’écriture. Pis le retard, il a pas fini d’être rattrapé, on en a pour un moment.

[00:14:58.100] – Maude Lamont

Faque les besoins grandissent, on te demande d’en prendre plus parce que tu veux aider, pis tu fais ça par vocation, fait que toi aussi tu veux en prendre plus pour aider. Et j’arrivais chez nous le soir, plus patiente pour mes enfants à bout de tout pis je me disais « mais comment ça se fait qu’on nous a vendu ça, l’espèce de vie d’être prof comme parfait pour la conciliation travail-famille alors que c’est juste horrible ? » Complètement. Tu sais, c’est pas vrai que c’est facilitant parce qu’il faut que tu sois disponible pour tes enfants, pour les enfants des autres et tu travailles tout le temps, ta charge mentale est décuplée. J’étais vraiment révoltée. Honnêtement, j’étais dans l’école pis j’en parlais à mes collègues, j’étais comme « ça a pas d’allure. Je veux m’en aller, je plus bien, je resterai pas ».

[00:15:50.250] – Tatiana St-Louis

Donc là, rédaction Web. Pis qu’est-ce qui t’a attirée là-dedans ? Pis moi j’ai une formation aussi en rédaction web, fait que c’est drôle parce que je parlais de ça avec mon conjoint l’autre fois que j’en vois de plus en plus maintenant. Tu sais, moi je l’ai fait à l’Université de Montréal, mais là maintenant, tu sais, il y en a plein que tu peux faire en ligne en 6 semaines ou des choses comme ça. Toi, pour toi, ça a été quoi le… Pourquoi ça et pas d’autres choses ?

[00:16:17.700] – Maude Lamont

Ben là, tu sais, j’avais tout le temps cultivé le rêve secret, pis je le cultive encore, d’un jour écrire un livre. Tu sais, j’ai toujours adoré écrire. Moi, j’ai tout le temps process mes émotions beaucoup avec l’écriture. Tu sais, j’ai tout le temps écrit beaucoup dans mes journaux pis les chansons, j’écoutais tout le temps les paroles pis je voulais, selon ce que j’ai besoin de vivre comme émotion, tu sais, je vais aller me chercher une chanson qui me fait vivre ça à cause des paroles. Faque pour moi, les mots, c’était déjà très puissant dans ma vie. Pis là c’était vraiment juste l’appât de l’intérêt tu sais de dire « okay, je peux travailler évidemment quand je veux ». C’est le classique qui nous attire tout au début. Mais aussi je peux le faire avec quelque chose que j’aime faire vraiment et qui est naturel pour moi. Fait que, tu sais, j’étais 100 % et en sur-confiance. J’étais comme « je suis bonne pour écrire, il y a des gens qui payent des gens pour écrire. Je vais faire ça. »

[00:17:10.520] – Maude Lamont

C’était un peu aussi l’énergie, je pense, de dire il faut que je fasse autre chose. Il fallait que je trouve une solution. Je ne pouvais pas juste arrêter complètement de travailler. Financièrement, c’était pas comme une option de dire on vit avec juste un revenu, fait qu’il fallait que je trouve quelque chose pour contribuer aussi et pas mettre toute cette pression sur mon conjoint, que moi j’allais aimer pis qui allait… Fait que, pour vrai, c’est un concours de circonstances.

[00:17:42.940] – Tatiana St-Louis

Mais pis ça c’est une question, pis je sais pas, je passe du coq à l’âne mais, je réfléchis à à quel point c’est genré aussi la rédaction web dans le sens qu’il y a disproportionnellement beaucoup plus de femmes qui font ça. Pis je suis pas encore 100 % arrêtée sur la raison pourquoi. Mais tu sais, c’est sûr que en t’entendant pis en réfléchissant à mon expérience pis à celle que je vois chez d’autres personnes, tu sais, il y a cette vision d’être à la fois plus repliée dans ton monde et pouvoir quand même contribuer économiquement, de participer économiquement, mais sans rentrer dans les structures pis les systèmes qui tu sais à tous points de vue, sont pas adaptés pour nous, pour notre vie, pour notre vie de famille, pour toutes ces choses-là, fait qu’il y a quelque chose de… Je sais pas, je sais pas encore exactement les raisons pourquoi je veux dire ça. Pis je veux pas dire que c’est genré parce que c’est fondamentalement genré, mais c’est définitivement vrai qu’on voit plus de femmes dans ce milieu-là que d’hommes.

[00:18:56.000] – Maude Lamont

Je pense que c’est une façon… Tu sais de la même façon qu’il y a des métiers qui sont faciles à apprendre pour un homme, parce qu’on se fait rapidement dire qu’on est habile dans ces choses-là. Ben en tant que femme, souvent on est socialisées, tu sais à dire qu’on est bonnes en français, pis que… Tu sais ça existe encore cette socialisation-là où c’est ça qui est valorisé. On parle beaucoup des femmes qui ont de la facilité avec le français, avec les mots, en plus t’es empathique. Fait qu’il y a quand même à quelque part, oui il y a la liberté de dire qu’on gère notre horaire, mais c’est évident que c’est plus accessible je pense, où en tout cas on se sent plus confiantes d’essayer de faire ça que de dire « je m’en vais, je sais pas moi, devenir manœuvre dans la construction ». Tu sais, je fais un méga cliché, mais c’est ça, parce qu’on se fait pas valoriser à dire « ah mais t’es tellement habile de tes mains pis t’es tellement forte ». Tu sais pas ce qu’on fait dire en grandissant.

[00:19:52.670] – Maude Lamont

Faque il y a ça veut veut pas qui rentre en ligne de compte.

[00:19:56.060] – Tatiana St-Louis

Ouais « T’écris bien », je me rappelle tellement… Pis des fois t’es comme « est-ce que j’écris bien dans le sens ma calligraphie ou est-ce que j’écris bien avec les mots ? » Je pense parce que les deux sont vrais.

[00:20:08.330] – Maude Lamont

Les gars qui ont pas une belle calligraphie, ils ont pas de belles courbes. Tu sais comme on exagère, mais c’est ça, c’est des clichés qui sont encore vraiment, vraiment présents.

[00:20:16.730] – Tatiana St-Louis

Ouais, ouais, ouais, vraiment. Pis c’est drôle hein, parce que c’est très ancré dans l’éducation qu’on nous donne. Pis toi qui vient du milieu de l’éducation où ces stéréotypes-là sont vraiment très cristallisés aussi dans l’esprit de l’enfant, pis ils deviennent de plus en plus définitifs aussi dans son développement je trouve, tu sais. Même si en tant que parent, tu peux être assez libre et essayer d’être conscient par rapport à ça, je trouve que quand tu rentres à l’école, c’est presque genre le cocktail molotov de tu sais, « genrification ».

[00:20:54.780] – Maude Lamont

Les stéréotypes sont extrêmement présents et, tu sais, juste regarder encore c’est quoi qui est enseigné dans les livres d’école. Le jour où les livres d’histoire vont être écrits par des femmes, on pourra peut-être penser que on leur donne une perspective qui est plus ouverte à tout le monde. Mais en ce moment, l’histoire est encore racontée, puis écrite par des hommes.

[00:21:13.050] – Tatiana St-Louis

Ouais. Et puis les femmes sont secrétaires pis les hommes sont banquiers. Fait que ouais.

[00:21:17.910] – Maude Lamont

Qu’est-ce que tu veux ? Ouais, on va pas se le cacher, tu sais. Ouais, c’est très présent encore.

[00:21:27.030] – Tatiana St-Louis

Puis… Fait que donc là, il y a eu comme cette voix de la rédaction web, t’as fait un pacte avec ton chum que tu allais essayer ça, voir ce qui allait se passer. Pis entre, mettons, la rédaction et le copywriting, tu sais, parce que là, ce que je trouve intéressant aussi dans ce que tu nous racontes et c’est rare que je fais des réflexions chronologiques comme ça, mais je pense que dans ton cas à toi, c’est intéressant de voir, tu sais, tous les moments clés où il y a eu « Okay, je vais prendre ça, par exemple, le côté créatif, mais tout le reste, je rejette. Je vais prendre ça pis tout le reste, je rejette ». Faque là, mettons, il y a eu la rédaction web, est-ce que ça a été quelque chose aussi que tu as rejeté entre guillemets, ou le copywriting c’est juste… Tu sais, après ça, tu étais plus en train d’affiner un peu la direction dans laquelle tu voulais t’en aller ?

[00:22:16.050] – Maude Lamont

Ben en fait, j’en ai fait… Tu sais, quand j’ai fait de la rédaction web, j’ai commencé à faire quelques petits contrats pis c’est correct, j’étais contente. Pis tu sais, les premiers moments je trouve où tu gagnes de l’argent pour ton écriture ou pour quelque chose comme ça que tu pensais même pas être capable de générer de l’argent avec ça, peu importe c’est quoi le montant que tu fais, c’est vraiment satisfaisant pis c’est vraiment comme gratifiant. Mais je me suis rendu compte qu’il y a rien que je déteste plus que par exemple écrire un article de blog. Vraiment, là tu sais, c’est long, c’est pénible, j’avais pas de plaisir à faire ça. Pis moi, en parallèle de mon évolution scolaire, tout ça, j’avais toujours travaillé dans des entreprises, des petites entreprises, dans le service, dans la vente et j’avais toujours baigné là-dedans. Ma première job, c’était pour la papeterie de mon grand-père où tu sais, j’ai appris qu’il fallait dire au revoir et bonjour pis pas mâcher de gomme, pis tu sais comme que t’arrives quinze minutes d’avance.

[00:23:04.860] – Maude Lamont

Tu sais, j’ai connu tout le temps le service aux clients et dans mes jobs. Après ça, j’ai travaillé dans une petite entreprise de vélo, de sport pis tout ça, pis j’ai tout le temps eu vraiment du fun. Tu sais, quand j’ai lâché l’enseignement, au début, je me disais « si je pouvais juste retourner vendre des vélos, je serais-tu bien ? » Tu sais, parler toute la journée avec du monde pis vendre, tu sais. Pis j’avais de la facilité à faire ça, à faire des ventes. Pis quand j’ai travaillé dans ce domaine-là aussi, c’était pas des femmes qui vendaient les vélos, les filles étaient à la caisse pis placer les vêtements. Pis moi j’étais comme « Non, je vais vendre des vélos moi aussi, il y a pas de raison que je sois pas capable ». Fait que ça m’avait déjà connectée à l’action de vendre, pis j’aimais ça. Mais on en a parlé… Je pense que c’est Alexandra Martel, on en parlait l’autre fois, c’était comme « je pense que tu aimes trop vendre », mais c’est vrai, j’aime ça, c’est pas comme quelque chose qui me répulse.

[00:24:03.610] – Maude Lamont

Fait que je me disais « Okay, je suis bonne pour écrire, j’aime ça vendre pis c’est plus payant on s’entend écrire en copywriting que juste écrire des articles de blog, ça a une valeur monétaire qui est plus grande, je vais essayer, tu sais, je veux le faire, je veux être capable d’apprendre ça aussi ». Fait que j’ai eu, dans le fond, c’est une histoire de confiance en soi, mon affaire. J’étais comme « c’est beau, je vais apprendre, je suis capable ». Pis j’ai commencé tranquillement comme ça. Pis plus je prenais des contrats, plus ça allait bien et plus les gens étaient satisfaits de ce que je faisais et j’étais comme ok, il y a vraiment… Je pense que j’étais en train de trouver ma zone, tu sais, où je suis créative. Tu sais, moi j’ai découvert aussi avec toi quand j’ai commencé MoneyBrand, l’Ikigaï mais là j’étais comme « ok, je pense que je suis en train de me placer là ». Ça répond à mon besoin d’être créative, je suis capable de faire plus d’argent avec ça.

[00:24:52.900] – Maude Lamont

Les gens veulent me payer pour ça. Fait que je trouvais tranquillement cette zone-là.

[00:24:58.630] – Tatiana St-Louis

Pis là, il y a eu le côté féministe qui s’est ajouté. C’est comme la petite cerise sur le sundae à ajouter à la fin, parce qu’au début, t’étais pas nécessairement, tu sais, t’étais probablement féministe déjà, mais pas assumée, je dirais genre je sais pas comment tu veux le dire.

[00:25:17.620] – Maude Lamont

Ben en fait c’est que quand j’ai commencé à créer du contenu, c’est parce que ça a été ça un peu, là, je voulais créer du contenu pour aller chercher des clients de façon organique. Pis tu sais, on parle de quoi au début ? On crée du contenu, on sait pas trop, on teste, on essaie de trouver c’est quoi notre message à nous et tout. Pis je me rendais compte que au cœur de tout ça, ce qu’il y avait, c’est tout le temps le fait que j’avais envie d’aider les gens à se sentir, tu sais, vu, entendu, reconnu, compris. Pis je le faisais à travers, oui, l’écriture à travers les textes de vente, mais qu’il y avait quelque chose d’encore plus grand là-dedans, c’est que, souvent, c’est vraiment plus dur pour les femmes de faire ça, de se vendre, de prendre cette posture-là, d’être confiante en parlant de ses services. Pis ça m’a ramenée vraiment à ce que moi déjà je vivais et que j’ai expérimenté en tant que femme, de dire que notre socialisation, elle affecte complètement notre expérience de la vie pis que on n’a pas les mêmes chances qu’un homme qui se lance en entrepreneuriat, ça c’est vraiment évident.

[00:26:17.960] – Maude Lamont

Fait que ça a été comme un cumul de choses. Pis j’ai commencé à en parler. Pis plus j’en parlais, plus je me sentais bien d’en parler, puis plus je reconnaissais que c’est un message, que les gens avaient besoin d’entendre, que les femmes avaient besoin de recevoir. Pis cette année, je pense, mettons 2023, ça a été mon année où vraiment je me suis mise de plus en plus à juste dire comme « Okay, ça te fait peur, tu trouves ça intense mon affaire, mais tant pis, c’est pas grave. Moi, c’est de ça que je parle ». Pis les clientes que j’ai eues, ça a été vraiment des clientes que justement, elles avaient besoin d’entendre ça. Tu sais qui avaient besoin de se faire dire « non, c’est vrai que c’est pas facile, pis que oui, c’est vrai qu’il y a des obstacles différents quand t’es femme pis que t’essaies de fonder ton entreprise pis que on peut s’en parler pis assumer qu’on a des blocages différents à déconstruire ». Pis je pense que l’écriture, autant ça peut être thérapeutique personnel, mais de prendre ça pis de le diffuser pis de transmettre son message, ça a été aussi thérapeutique pour moi, pis ça l’est pour mes clientes, parce qu’elles reprennent leur pouvoir, tu sais, pis leur fierté de leur service.

[00:27:14.480] – Maude Lamont

Pis ça les replace dans une posture de pouvoir pis de puissance qu’on a mais qu’on n’assume pas je pense souvent en tant que femme.

[00:27:28.480] – Tatiana St-Louis

Ouais pis là c’est ça que je trouve intéressant parce que c’est comme Okay, copywriting, by the way, je suis vraiment d’accord avec toi, pis je pense que c’est, tu sais, c’est le fondement aussi de la façon dont j’enseigne le marketing aussi de dire comme « oui, il y a toutes les affaires que tu peux apprendre funnel etc que tu peux lire comme gratuitement sur internet, mais c’est quand tu commences à les appliquer que là tu arrives à tes propres résistances pis à tes propres conditionnements pis à tes propres… Tout ce qui arrive comme ça ». Fait que, tu sais… Puis je pense que la verbalisation à travers le marketing lui-même, à travers les brand personnel pis tout ça, ça nous permet de se réapproprier nos histoires pis tout. Fait que je pense que c’est super important ce que tu fais. Pis là, ce que je voulais te poser comme question c’est plus au niveau… Ben quand tu dis copywriting féministe, est-ce que… Tu sais, parce que moi pour moi c’est vraiment la démarche plus en background, tu sais en behind-the-scene, tu sais, comme pendant que tu écris la posture que tu prends, tu sais pis de le voir de façon féministe.

[00:28:27.130] – Tatiana St-Louis

Mais toi, quand tu dis copywriting féministe, est-ce que, tu sais, c’est dans les sujets qui sont abordés, est-ce que c’est vraiment toi ton message ? Est-ce que c’est la façon que tu travailles avec tes clients plus que tu les accompagnes au niveau service client ? Tu sais, est-ce que tes clients doivent être féministes et avoir, mettons, si c’est une animalerie, est-ce que on va vouloir travailler avec une copywriter féministe ? Et si oui, pourquoi ? Tu sais, toutes ces petites questions-là de savoir ben ce positionnement-là, il contribue où dans le travail que tu fais avec tes clients ?

[00:29:10.480] – Maude Lamont

Mais ils contribuent à plusieurs niveaux parce qu’ils contribuent dans mon savoir être, comment je suis avec elles. Ce qui fait que souvent j’ai l’impression que ça leur donne la permission d’aller faire les actions qu’elles feraient pas sinon. Parce que je fais beaucoup d’accompagnements aussi avec mes clientes, je fais pas juste écrire pour elles, souvent, je les accompagne à créer leur contenu. Je pense que avant de te mettre à déléguer ton copywriting à quelqu’un, il faut que tu te sois trempée les mains dedans pis que tu aies une belle compréhension de ton message toi-même, parce que sinon ça dérive. Déléguer avant d’être sûr de ce qu’on veut dire, ça fait un positionnement qui est flou tu sais, pis qui est moins représentatif de ce que toi tu veux transmettre. Fait que ça paraît à ce niveau-là. Ça paraît aussi dans la façon qu’on communique, parce que, en tant que féministe, ma conscience du message est différente. Tu sais, on parle tout le temps… Ça a été bien la trand là, de faire du marketing bienveillant.

[00:30:09.190] – Maude Lamont

Mais mon opinion là-dessus, c’est qu’on a juste compris que ça marchait de parler des émotions pis de faire réagir les gens. Là, c’est pas du marketing bienveillant. Trois quarts du monde ce qu’ils font c’est qu’ils nous font vivre des émotions. Est-ce que tu fais vivre des émotions dégueulasses à ton monde ? Pis c’est là où je trouve que quand on parle de marketing féministe, ben c’est la conscience de dire okay, mais je le fais avec une vraie empathie tu sais. Pis oui, je parle des peurs, des besoins de mes clientes, mais je le fais pas en mode « Allô, je suis le sauveur et tu es la princesse en détresse ». Tu sais, ça change le narratif parce qu’on place les clientes de mes clientes, si on veut, dans la posture où elles aussi sont dans leur pleine puissance. Tu sais, je te redonne le pouvoir de tes décisions. Pis dans la façon de communiquer, le message qu’on t’envoie, c’est que toi, t’as le potentiel d’arriver à ton objectif X ou Y pis que nous on est juste là en soutien, en rôle de soutien.

[00:31:07.690] – Maude Lamont

Ça change ça aussi. Pis pour répondre à ta question pour l’animalerie, ben ça dépend. Tu sais, comme j’ai pas de clients, beaucoup qui sont dans le B2C. Mais c’est évident qu’il y a des domaines que je touche pas à cause de ça. Tu sais, comme quelqu’un qui est naturopathe mais que dans le fond il vend des régimes ou de la perte de poids ou tu sais… Ça c’est absolument non. Pis oui, je rentre dans le féminisme parce que pour moi tout ce qui est diète-culture, c’est très patriarcal aussi. Là tout est interrelié. Donc tu sais, ça, ça fait un filtre, je pense, dans les personnes. Pis inconsciemment, je pense que je répulse aussi peut-être d’autres genres de clients, mais tant pis, là c’est pas…

[00:31:52.150] – Tatiana St-Louis

As-tu déjà eu des hommes ? Je suis comme curieuse, as-tu déjà des hommes qui ont voulu travailler avec toi ?

[00:31:57.250] – Maude Lamont

Euh oui, mais de moins en moins. Je sais pas pourquoi. Non, non, mais… Tu sais, c’est une question d’ego je pense. Il y a des hommes qui ne sont pas encore prêts à voir des femmes être dans ce rôle-là. Et tu sais, d’être assumée et d’être assertive, vraiment. Donc ces personnes-là pour qui c’est inconfortable vont pas venir travailler avec moi. Puis je le comprends. Tu sais, ça serait pas une belle relation d’un côté, ni de l’autre, mais après ça, tu sais, je refuse pas de client selon ce qu’ils ont entre les jambes, tu sais, ça a pas d’importance pour moi.

[00:32:36.870] – Tatiana St-Louis

Est-ce que tu vois une différence entre du marketing éthique ou utiliser le terme éthique versus féministe ?

[00:32:45.590] – Maude Lamont

Ben parce que pour moi, l’éthique, tu sais, je l’utilise quand même, je parle souvent de marketing éthique et féministe, mais tu sais que c’est différent parce que c’est pas quelque chose sur lequel tout le monde s’entend. Tu sais, j’ai l’impression que le baseline est pas le même. Il y a des choix qui sont éthiques selon ton système de valeurs, ton système de croyances pis qui le seront pas pour quelqu’un d’autre. Versus tu sais féministe, ben pour moi le baseline est pas mal plus clair qu’on a un peu tous le même objectif d’aller aliéner le plus possible le patriarcat. Qu’on puisse, tu sais, se retrouver dans un système de… Chances égales, on se rendra pas à ça, mais au moins plus équitable pour tout le monde.

[00:33:29.530] – Tatiana St-Louis

Je me demande si… Ou tu sais à quel point les gens comprennent ton positionnement en termes avec… Plus des techniques d’écriture de l’écriture inclusive ou écrire au féminin. Parce que je pense qu’il y a aussi beaucoup de collusion entre on pense féministe, donc on pense pour femme, on pense féministe, donc on pense au féminin… Tu sais, il y a comme ces petites choses là, puis est-ce que pour toi tu sais, selon ce que ce que je comprends aussi, c’est pas nécessairement pour femme au féminin, mais c’est vraiment plus une idéologie pis, mettons comment est-ce que l’écriture inclusive ça rentre dans ta pratique ou dans ta façon de travailler avec tes clients ?

[00:34:22.190] – Maude Lamont

Ben pour moi, l’écriture inclusive, c’est beaucoup, c’est un processus, c’est une démarche. Tu sais, j’ai l’impression que des fois on est comme « oh mon Dieu inclusif, point médian, c’est pas lisible ! » Tu sais, on a comme des idées très arrêtées sur c’est quoi. Mais quand je le travaille avec mes clients, clientes, souvent la question c’est qu’est-ce que toi… Tu sais c’est quoi ta vision, comment tu veux communiquer ? Est-ce qu’on va vers l’écriture inclusive ou est-ce qu’on va au féminin ? Il y a des domaines où ça se prête vraiment bien de juste dire j’écris au féminin pis that’s it pis c’est correct. Pis il y a des entreprises, des entrepreneurs qui préfèrent utiliser l’écriture inclusive. Pis moi je m’assure d’être alignée avec ce que les personnes veulent, mais aussi de développer un peu la conscience que l’écriture inclusive c’est pas juste un point médian, c’est vraiment d’essayer d’inclure tout le monde le plus possible dans notre façon de communiquer. Comment je peux utiliser des termes qui sont épicène à la place pour faciliter justement la lecture pour tout le monde ?

[00:35:19.780] – Maude Lamont

Et moi, c’est ma démarche le plus possible d’essayer d’être vers l’écriture épicène juste pour arrêter de tout le temps être dans la dichotomie des genres où on veut tout le temps séparer tout ça. Dans le fond, selon moi, il est un peu là le problème avec la langue française, c’est qu’on… C’est pas la même chose pour toutes les langues en plus, mais c’est qu’on est vraiment dans une séparation féminin/masculin. On attribue des caractéristiques différentes en plus aux mots selon qu’on l’utilise au féminin ou masculin, alors que plus c’est neutre et plus on arrête de charger les mots de pleins de sens qui devraient pas avoir nécessairement là… C’est un peu la réflexion que j’essaie d’avoir chez moi sur le plan personnel.

[00:36:04.750] – Tatiana St-Louis

Est-ce que tes clients viennent souvent avec, mettons déjà une réflexion autour de ça ou ça fait partie de ton service de les aider à réfléchir à ça pour leur propre business aussi, j’imagine ?

[00:36:17.200] – Maude Lamont

Ouais ben souvent on fait la réflexion parce que je pense que c’est une réflexion qui est difficile à faire tout seul. Puis il y a tellement d’informations qui circulent, il y a tellement de débats autour de ça que c’est facile de se sentir perdu pis de tomber dans « okay, je vais faire inclusif pour faire plaisir à tout le monde. Parce que je veux pas comme créer de tensions ou quoi que ce soit », mais ça demande une vraie réflexion pis ça demande d’en discuter. Fait que souvent on prend le temps d’en discuter pis on fait le shift. Ça va pas toujours vouloir dire que tu sais, on change vers le féminin ou vers inclusif, mais souvent ça fait qu’on lâche le masculin l’emporte assez vite parce que ça correspond même pas nécessairement avec qui s’adresse. Un peu comme on peut parler du je ou du vous, tu sais ou etc. Mais est-ce qu’on tutoie ? Est-ce qu’on vouvoie ? C’est un débat aussi à avoir sur « Okay, Comment je veux communiquer avec les gens ? »

[00:37:09.850] – Maude Lamont

« C’est quoi la relation que je veux créer avec eux ? » Pis c’est ça qui va déterminer comment après on va s’adresser, est-ce qu’on va aller vers du inclusif ou pas, selon le domaine, selon la clientèle.

[00:37:22.210] – Tatiana St-Louis

Ouais, pis je pense que tu sais aussi, comme on parlait un peu tantôt des stéréotypes qu’on apprend à l’école pis tout ça, tu sais, au niveau symbolique de juste utiliser des exemples qui sont un peu moins genrés ou tu sais des exemples qui sont plus inclusifs aussi, des différentes réalités de différentes personnes. Tu sais, ça fait partie… Je trouve qu’on en parle moins, on parle vraiment plus de la mécanique. Des termes pis des mots. Pis on parle un peu moins aussi de l’écriture qui est comme beaucoup plus que simplement mettre des mots une à la suite de l’autre, mais vraiment de réfléchir à ce qu’on peint avec nos mots. Quelle réalité on montre avec nos mots. Pis je pense qu’il y a quelque chose aussi là-dedans, d’être vraiment conscientisé à ça qui est important.

[00:38:06.070] – Maude Lamont

Ouais, pis d’être dans l’intention de ne pas juste essayer d’aller comme répondre à « ok, en ce moment c’est ça qu’il faut faire. Mais c’est quoi mon intention moi de communication ? » Tu sais, l’écriture ça reste un… Le but ça reste d’être un échange, de rentrer en interaction avec les gens. Fait que faut avoir la réflexion avant de dire qu’est-ce qu’on transmet. De la même façon que tu sais inclusif… Ça m’est arrivé en agence quand je travaillais avec des mandats en agence, de dire ben là, les images que vous avez utilisées, ça manque un petit peu de variété, ben c’est le même souci. Est-ce que dans mes exemples, justement, si je fais du storytelling, est-ce que je suis assez inclusif, est-ce que je peins justement un tableau assez varié et inclusif, ou si je suis juste en train de créer une seule réalité à laquelle tout le monde devrait correspondre.

[00:38:54.370] – Tatiana St-Louis

Ouais genre monogamme, homme, femme, famille nucléaire parfaite, etc. Pis non, je trouve ça super intéressant parce que… Pis je pense que c’est ça qui fait aussi la distinction entre féministe pis au féminin, où au féminin devient vraiment très essentialiste de qu’est-ce qu’on veut dire par femme ? Tandis que féminisme peut venir vraiment ouvrir juste à d’autres réalités que celle qui est comme la réalité standard entre guillemets pis standard pour juste dire le paradigme standard dans lequel on évolue. Pis je trouve que ça, c’est vraiment intéressant de, tu sais, les mots créent notre réalité ou duplique notre réalité, fait que quand on crée des différentes réalités avec les mots, ben souvent ce qu’on va vivre va se mouler à ça aussi d’une certaine façon. Fait que c’est super important. C’est quoi ta meilleure… Tu sais comme là en ce moment, tu as dis que tu travailles en accompagnement, mais tu fais aussi des textes, c’est quoi… Comment tu travailles avec tes clients en ce moment ? Il y a comme des nouvelles façons de faire qui s’en viennent ?

[00:39:59.020] – Maude Lamont

Ouais ben en fait là, en ce moment, ce qui s’en vient, c’est que je vais offrir de plus en plus de soutien pour les lancements, fait que je vais avoir des offres tranquillement qui vont sortir cette année pour permettre à tout le monde de bien… Ben bien, j’aime pas le mot bien, mais tu sais de planifier un lancement. J’aime beaucoup mon univers de ma marque, c’est vraiment tout nouveau conte de fée et tout ça, je m’amuse avec ça. Fait que de passer dans le fond d’un lancement qui est angoissant à féérique. Tu sais comment on fait ça pour avoir au lieu d’un feeling dégueu pendant pis à la fin de ton lancement, un sentiment vraiment plus de légèreté. Pis il y a vraiment des systèmes qu’on peut mettre en place pour rendre ça plus facile. Oui, au niveau des tunnels de vente, mais au niveau de ton filet de sécurité, toute l’organisation. Pis je travaille beaucoup avec ça, avec mes clientes de comment je gère mon système nerveux pendant mon lancement.

[00:40:49.390] – Maude Lamont

C’est pas juste d’être dans le « Ok, je crée du contenu, pis okay, ma page de vente est belle, pis… » C’est pas mal plus compliqué que ça un lancement. Fait qu’il y a ça qui s’en vient. J’ai une place qui va ouvrir pour un accompagnement vraiment one and one, pour quelqu’un qui veut pas engager encore de directrice marketing, mais qui a besoin de quelqu’un qui travaille à ce niveau-là sur son marketing. Pis sinon, quand je fais du copywriting pour mes clientes, c’est mon copywriting de licornes que j’aime vraiment faire ça, c’est… J’ai tout bâti un processus. Ouais, c’est le fun.

[00:41:19.630] – Tatiana St-Louis

J’aime quand c’est vraiment girly tes affaires, tu sais. Mais en même temps, c’est comme…

[00:41:24.640] – Maude Lamont

Ah ouais ! Pis tu sais, je joue avec ça. J’aime ça comme ramener… En fait, j’ai envie qu’on réutilise cet univers-là que tu sais on a grandi là-dedans, les princesses Disney, patati patata, mais qu’on le remette à notre sauce à nous. Sans patriarcat, tu sais, ça donne quoi ? Pis avec le copywriting de licornes, ce que je fais, c’est que j’écris dans le fond, tout, tout, tout, tout ce que tu as besoin, mais en une journée. Pis tu reçois exemple ta page de vente à la fin de la journée. Faque ce qui est trippant, c’est que c’est un service où, tu sais, tu procrastines depuis je sais pas combien de temps ta page d’accueil, ben là, let’s go, en une journée c’est fait. Évidemment, faut que tu répondes à plusieurs questions avant de ma part, mais tout est automatisé, t’as un beau portail notion pour remplir. Faque après tu gardes toutes ces réflexions-là sur ton entreprise que je te demande de faire pour écrire pour toi.

[00:42:13.720] – Tatiana St-Louis

Très cool.

[00:42:14.470] – Tatiana St-Louis

Ben Maude, c’est vraiment intéressant tout ça. Où est-ce que tu crées ton contenu ? Ou du moins genre où aimes-tu que les gens te suivent ? C’est ça la vraie question.

[00:42:23.920] – Maude Lamont

Le podcast qu’on a créé avec ma collaboratrice, avec Jessica Girard. Donc ça s’appelle « Sauvagement sincère ». Il y a un épisode par semaine qui sort, pis ça c’est vraiment notre espace où on parle justement d’entrepreneuriat, mais avec le cadre féminin de c’est quoi d’être une femme en entrepreneuriat pis tous les enjeux que ça implique. Sinon, j’écris beaucoup de contenu sur Instagram, c’est pas mal la plateforme où j’ai le plus de fun, mais je suis active aussi sur LinkedIn. C’est juste que Instagram, je suis quelqu’un qui aime ça venir jaser en story pis tout ça fait que tu sais, pour apprendre à me connaître pis qu’on puisse échanger, c’est vraiment sur Instagram, là, le plus facile.

[00:43:05.210] – Tatiana St-Louis

Maude merci. C’était vraiment une belle conversation pleine de licornes et d’étincelles, mais aussi de féminisme et d’anti-patriarcat. Fait que… Post-patriarcat, j’aime utiliser post au lieu de anti. Et ben je suis sûre qu’on va avoir plein de conversations dans la prochaine année alors je te souhaite vraiment le meilleur, là, pour celles qui n’ont pas encore catché, on enregistre ça au tout début de 2024, et merci d’être venue sur le podcast.

[00:43:37.160] – Maude Lamont

Merci encore pour l’invitation. Ça fait plaisir !

[00:43:42.320] – Tatiana St-Louis

Hey, t’es encore là ? Ça veut dire que l’épisode t’a plu, c’est vraiment cool ça ! Est-ce que je peux te demander quelque chose maintenant ? Aide d’autres femmes comme toi à découvrir le podcast en déposant des étoiles d’appréciation pour l’Ambition au Féminin. Sur Apple Podcast, c’est facile : défile tout en bas de la page de l’émission où tu vois les avis et tapes sur le cinq étoiles pour faire exploser mon cœur de joie. Sur Spotify, c’est encore plus simple : navigue sur la page du balado et tape l’icône en étoile en bas de la description. Merci d’avance. Je t’apprécie beaucoup.

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à propos de l’auteureTatiana St-Louis

Adepte de littérature russe et collectionneuse de lunettes de designer, Tatiana a fondé Aime Ta Marque pour donner des outils aux femmes de carrière et entrepreneures pour mieux raconter leur histoire personnelle. Spécialiste des communications basée à Montréal, elle s'implique au sein de plusieurs communautés visant au développement professionnel des femmes.
Ep. 158 Le copywriting peut-il être féministe avec Maude Lamont

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