Dans le monde du travail, être une femme, peu importe le statut, à son compte ou salariée, est toujours vu comme problématique. La raison en un mot : maternité. La grossesse, en affaires, ça signifie congé, fatigue, rendez-vous, absence… Et c’est vrai! Oui, c’est une belle nouvelle, un moment d’euphorie, mais parfois, ça peut se transformer en cauchemar.
Pour les salariées, le cauchemar peut venir de la réaction de son patron. Malheureusement, il ne s’agit pas d’un mythe. Que votre patron soit un homme ou une femme, des histoires d’intimidation, de congédiement, de harcèlement psychologique, j’en ai entendu beaucoup. Une femme enceinte nuit au bon fonctionnement d’une entreprise, à ce qu’il paraît.
Pour les travailleuses autonomes, heureusement, l’intimidation n’est pas au rendez-vous. Toutefois, la pression demeure omniprésente. Nul besoin d’une tierce personne pour nous en mettre, de la pression. Nous nous la mettons nous-mêmes. Dans mon cas, j’ai vécu trois grossesses. J’ai traversé l’une en tant que salariée, l’autre en tant que salariée et travailleuse autonome, et finalement la plus récente en tant que travailleuse autonome. Mon verdict? Aucune situation n’est meilleure qu’une autre!
Fatigue, travail et soucis de grossesse
D’abord, au premier trimestre, il y a la fatigue. Quand nous sommes salariées, être fatiguée au travail, ça se voit. Les traits tirés, les bâillements, le manque d’énergie, ça ne se cache pas. Et malheureusement, vu que nous ne voulons pas divulguer la nouvelle trop tôt, nous n’avons souvent pas d’excuse à donner.
Or, en tant que travailleuses autonomes — et surtout si nous travaillons de la maison — nous avons le loisir de planifier nos horaires en conséquence. Durant ma grossesse, je me permettais des pauses, des périodes de siestes. Je me donnais le droit de rester dans le lit, de répondre aux courriels, évachée sur mon divan. Bref, j’étais clémente!
De plus, toutes les femmes enceintes ont leurs bobos. Que ce soit le nerf sciatique, le manque de sommeil, les nausées, le dos, etc. Nous ne sommes pas malades, non, mais nous sommes « handicapées » d’une certaine façon. Nous ne pouvons ni rester assises trop longtemps ni rester debout. Notre mémoire et notre concentration nous font parfois défaut. En tant que travailleuses autonomes, étant notre propre patronne, nous nous comprenons. Toutefois, la pression reste. Un contrat à remettre, une liste de tâches qui s’allonge, des rendez-vous avec des clients… Nous devons continuer de piloter le navire et il n’est pas toujours possible d’être indulgente envers soi-même. Je me donnais le droit de rester dans le lit, de répondre aux courriels, évachée sur mon divan.
La solution? La même que si nous étions salariées : (se) demander une diminution de travail. Or, c’est assez difficile quand l’accès à la CNESST est impossible.
Planifier son congé de maternité
Finalement vient la planification. Salariée, tout est simple. Nous donnons notre date de départ et notre date de retour, nous nous inscrivons pour le RQAP, et puis au revoir!
Travailleuse autonome, c’est plus complexe. Selon notre domaine, il est difficile de sacrifier une année complète de travail. Au final, il n’y a personne pour nous remplacer après tout. Conséquemment, une travailleuse autonome ne se donne que très peu de temps en congé de maternité. Trois mois? Un mois? Une semaine? Une journée? Bien sûr, reprendre le travail peut facilement s’immiscer dans notre nouveau rythme. Je m’imagine déjà répondre aux courriels en allaitant, planifier les réseaux sociaux en berçant bébé, réviser un document quand papa est là pour prendre la relève.
Et puis, il faut planifier le tout avec ses clients. Il faut les avertir, proposer une alternative, leur recommander une personne de confiance au besoin. Planifier ses dernières semaines, son congé et son retour peut également être un casse-tête. Quand? Comment? Allez-vous travailler jusqu’à la dernière seconde? Qui enverra un message à vos clients? Avez-vous pensé mettre un message automatique dans votre boîte courriel? Allez-vous complètement décrocher ou quand même zyeuter ici et là les demandes de vos clients?
Le choix vous revient
Au bout du compte, nous en avons quand même, des comptes à rendre. Les bobos, la fatigue, les congés. Que vous soyez salariée ou travailleuse autonome, vous devrez vous adapter. Cependant, rappelez-vous toujours qu’en tant que nouvelle mère, vous ne nuisez en rien à une entreprise, qu’elle soit la vôtre ou pas. C’est à vous de décider comment vous vivrez votre maternité et comment vous l’intégrerez à votre travail. Utilisez cette expérience pour pousser vos réflexions quant à votre occupation et à votre vie.
Un patron qui vous intimide n’est pas digne de votre collaboration. Un contrat qui vous retient de vivre votre maternité comme vous le souhaitez, non plus.
Bonne grossesse à toutes!
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