« Quand j’aurai ma promotion, je pourrai me payer des vacances. » « Une fois que j’aurai quitté mon emploi, j’aurai plus de temps pour moi. » « Lorsque je travaillerai dans telle entreprise, je serai enfin reconnue à ma juste valeur. »
Est-ce que ça te dit quelque chose? Ça t’arrive de te motiver à coup de rêves lointains? Pour moi, ça veut dire une chose : tu n’es pas là où tu devrais être professionnellement. Ton travail ne te permet pas de vivre ton plein potentiel.
Peut-être ne voulais-tu pas entendre ces mots, mais je t’assure que ce n’est pas grave. On passe toutes par là. Sans une couple de bonnes et moins bonnes expériences, comment est-ce qu’on peut savoir ce que l’on désire réellement?
Aujourd’hui, je te propose une taxonomie de ces différents types d’emploi que l’on occupe tour à tour lorsque l’on évolue sur le marché du travail. J’y relate ma propre historique professionnelle et liste ce que chaque étape possède comme son lot d’avantages et d’inconvénients.
Le job d’entrée
Quand j’avais 20 ans, j’ai été embauchée par un magazine culturel qui avait la cote ici. Pour une littéraire de formation encore aux études qui ne pouvait travailler qu’une vingtaine d’heures par semaine, c’était le parfait job d’entrée.
Le job d’entrée, c’est celui qui te permet, malgré ton peu d’expérience, de te tailler une place dans une industrie de choix. Tu es souvent le go-for (celui ou celle qui va chercher le café le matin, timbre les enveloppes, classe les documents…). C’est l’emploi idéal pour apprendre sur le tas et te faire des relations dans le milieu. C’est toujours un plus si c’est une entreprise réputée dans ton domaine.
Dans le temps, le magazine en question était LE magazine culturel par excellence (les blogues n’avaient pas encore la cote). J’ai commencé aux petites annonces. Puis, comme je voulais cumuler des heures, j’ai donné un coup de main à la comptabilité. Puis à la réception. Ensuite, j’ai eu le poste au calendrier culturel, où j’ai commencé à travailler davantage avec les graphistes et les annonceurs. Bref, j’en ai appris pas mal sur les dessous d’une publication papier et web. Pour une jeune en début de carrière, avoir cette entreprise sur mon CV s’est avéré assez utile. En plus de me laisser assez de temps pour mes études!
Avantages : travailler avec des collègues cool ou influents; horaires souvent flexibles ou limités; bas niveau de stress; possibilité d’étudier en parallèle.
Désavantages : salaire de débutant; peu de responsabilités; être perçue comme « l’assistante touche-à-tout ».
Le job d’appoint
Le job d’appoint, on peut le faire pendant longtemps. Généralement flexible et payant, il ne demande pas un haut degré d’expertise ou d’investissement de soi et permet de vivre confortablement alors que l’on se concentre à d’autres activités en même temps.
Dans mon cas, ce job d’appoint c’était d’être préposée à l’entretien dans un hôtel 4 étoiles (ou femme de ménage, comme l’ancienne terminologie le voulait). Ce qu’il y avait de génial dans cet emploi, c’est qu’il était payé bien plus que le salaire minimum (en plus des pourboires occasionnels) et qu’une fois que j’avais établis une routine, je pouvais clancher une chambre en un rien de temps. Résultat : je finissais toujours un peu plus tôt ma journée et m’enfermait dans une chambre pour continuer mes lectures universitaires ou jaser de mes aventures amoureuses avec ma collègue ou amie du moment. Plus, je n’ai jamais été aussi en forme de ma vie, considérant que c’était tout de même un emploi assez physique.
Avantages : paie très raisonnable; ne demande pas d’expertise particulière; expertise qui peut facilement être exportée.
Désavantages : horaires parfois incertains (sur appel, ancienneté, quantité de travail); travail parfois considéré comme « ingrat »; aucune possibilité d’avancement.
Le job de passion
Presque aussitôt après avoir fini ma maîtrise (toujours dans le monde des lettres), j’ai déniché un poste chez un distributeur éditorial. Fondé par le patron d’une maison d’édition québécoise reconnue, le distributeur a comme rôle de fournir aux librairies leur lot de livres en langue française. Je travaillais donc pour le « service de presse » (les relations avec les médias et les journalistes) du côté des livres de fiction.
Il va sans dire, j’étais enfin entrée dans le monde de l’édition. Je recevais les nouveautés toutes les semaines. C’était un peu comme de travailler dans une grande bibliothèque. Je rencontrais des auteurs, écrivais des comptes-rendus et m’assurais que l’on promulguât les livres (ma passion!) dans les médias. Bref, j’étais dans mon élément!
Le hic? Les jobs de passion sont souvent peu payés. On les fait parce qu’ON AIME ÇA, parce que ça rejoint nos valeurs. Malheureusement, on a tôt fait de découvrir que les opportunités de se développer sont limitées. Bref, le manque de ressources nous freine. Et il n’y a pas de honte à vouloir vivre plus confortablement, aussi!
Avantages : milieu stimulant; impression que l’on est dans son élément.
Désavantages : généralement un sacrifice à faire du côté monétaire; opportunités d’avancer ou de se développer limitées; possible désillusion.
Le job tremplin
Pour être bien honnête, j’ai quitté le monde de l’édition, car j’en avais marre d’habiter en colocation. J’avais enfin terminé ma maîtrise et je voulais vivre « comme une adulte ». Par ça, j’entrevoyais notamment l’idée de devenir propriétaire avant 30 ans. J’ai donc postulé pour un emploi dans un domaine auquel je ne connaissais absolument rien : les services financiers. (Ma philosophie de l’époque : Go where the money is!)
Cet emploi a été très formateur. D’abord, j’ai du apprendre à convaincre des cadres que j’avais énormément de potentiel et que j’étais prête à le montrer si on m’en donnait la chance. J’ai ensuite été plongée dans un intense mode d’apprentissage. On m’a alors mentorée, donné des chances. On m’a promue et on a augmenté mon salaire. Bref, on m’a donné l’opportunité de me prouver. C’était en quelque sorte mon saut dans le monde de l’intrapreneuriat.
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J’ai souvent parlé des raisons qui m’ont fait quitter cet emploi. Je suis cependant très reconnaissante de ce que cette expérience m’a apporté. Cependant, encore-là, je ne me sentais pas à ma place. Bien que j’y ai aiguisé mon initiative, mon leadership, mon entregent, etc., je n’étais toujours pas dans un domaine qui me passionnait. Je ne me reconnaissais pas complètement dans cette entreprise, car les valeurs ne me ressemblaient pas.
Avantages : latitude pour expérimenter et développer ses aptitudes; support des supérieurs (ressources, mentorat, temps…); projets stimulants; défis.
Désavantages : sentiment de ne pas toujours être en adéquation avec soi-même; clash de valeurs; pression de se prouver.
Le job sécure
Enfin, on en arrive à un cinquième stade dans une vie professionnelle : le job sécure. Celui qui te fait songer : voilà, si je voulais, je pourrais rester ici et tout serait pris en charge. Tu aurais un salaire très décent, de quoi ne plus avoir à stresser sur tes paiements d’hypothèque ou tes REER. Tu serais dans une industrie qui n’est pas près de faire faillite. De plus, tu maîtrises tes tâches et comprends où tes responsabilités commencent et où elles finissent. Tu es peut-être même syndiquée, qui sait!
C’est l’emploi que tu as peut-être envié quand tu étais une étudiante fauchée. Ou quand tu passais d’un job à un autre parce que tes horaires changeaient. Ici, c’est le confort, la routine, le connu.
Mais derrière ces 35 heures semaines et ce fonds de pension, derrière tes 3 semaines de vacances et ton assurance-vie, tu ne peux t’empêcher de regarder par la fenêtre et te demander si c’est ça, ton summum. Si tu n’es pas en train de t’éteindre petit à petit dans la place que tu t’es faite et que tu as bien réchauffé. As-tu atteint l’apogée de ton histoire professionnelle? Est-ce la limite de ton potentiel?
Le job sécure est le plus doux et le plus dangereux. Il fait envie, mais est difficile à quitter. Il n’y a pas de surprises dans le job sécure. Et pouf! on se réveille dans 10 ou 15 ans, bien installée dans ce poste un peu déconnecté du monde extérieur.
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Avantages : avantages sociaux intéressants; pas d’insécurité financière; emploi pour le long terme; stress gérable.
Désavantages : routinier; parfois peu de possibilités de se développer ailleurs que dans son rôle; possibilité de perdre l’intérêt; inhibition de son potentiel.
Où en es-tu?
Alors voilà ma taxonomie. Note que ces emplois n’ont pas à suivre un fil chronologique. On peut passer de l’un à l’autre dans des ordres différents.
Je t’invite à réfléchir à tes emplois passés et à te demander où tu en es dans ton parcours. En rétrospective, qu’as-tu retiré de tes expériences? Et n’oublie pas, pas de jugement! En affaires comme en amour, il n’y a pas de honte à tracer son parcours, à apprendre par soi-même, au risque de se planter parfois (ou souvent!). L’important c’est de persévérer.
Aujourd’hui, je réalise que je tangue vers le monde de l’entrepreneuriat. Je suis une slasheuse, car j’occupe à la fois un job temps plein et une activité parallèle. Je suis une intrapreneure dans mon industrie, une conseillère, une consultante. J’en suis aussi à me demander quelle est la prochaine étape dans ma vie professionnelle. Car une chose est sûre, cette dernière ne s’arrête pas ici!
Et toi, dans quelle phase te décrirais-tu?
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